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Et si la SNCM disparaissait ?

Redressement judiciaire et reprise par de nouveaux actionnaires, ou liquidation pure et simple : le dépôt de bilan de la compagnie ouvre une période d'incertitude totale. En particulier pour les professionnels du tourisme de la Corse.

De l'aveu même des parties prenantes, c'est un dossier d'une incroyable complexité qui a atterri au tribunal de Commerce de Marseille, le 4 novembre. Le dépôt de bilan de la SNCM a été précipité par Transdev, son actionnaire majoritaire, qui présente cette issue comme la seule chance de sauver, en partie, la compagnie et ses salariés, avec la bénédiction de l'État (qui détient 25 % du capital). Dans l'immédiat, cependant, la mise en route d'une procédure judiciaire ouvre surtout une période de flou absolu. Le 10 novembre, le scénario le plus probable restait celui d'un redressement judiciaire, afin de permettre à la compagnie de trouver un repreneur. Une hypothèse qui implique, cependant, de lever deux incertitudes.

Le probable abandon des lignes depuis Nice et Toulon

D'abord, il faut que l'Europe efface la double condamnation qu'elle a infligée à la SNCM en lui demandant de rembourser 440 millions d'euros d'aides publiques jugées illégales. Pour obtenir cette grâce de Bruxelles, il sera nécessaire de montrer que la future compagnie, transmise au repreneur, diffère bien de ce qu'elle est aujourd'hui : en clair, que son périmètre d'activité a profondément changé. Cet impératif pourrait conduire l'éventuel repreneur à supprimer près de la moitié des effectifs et à abandonner les lignes entre la Corse et les ports de Nice et Toulon. En 2013, ces liaisons avaient généré environ un quart du trafic passagers de la compagnie, soit moins de 300 000 clients. Cela correspond à environ 10 % du nombre global de passagers qui, l'an dernier, ont voyagé entre la Corse et le continent français par la voie maritime, un volume qui serait sans doute récupéré par la concurrente Corsica Ferries ou un possible nouvel entrant. À l'inverse, la SNCM se concentrerait uniquement sur ses lignes vers le Maghreb et, plus encore, sur celles entre Marseille et la Corse, qui ont l'avantage d'être protégées (et financées) par la DSP (délégation de service public), dont la compagnie a hérité pour la période 2014-2023, en duo avec sa concurrente La Méridionale. Rien ne garantit toutefois que cette DSP puisse être transmise au repreneur : c'est la seconde incertitude du redressement judiciaire. La collectivité territoriale de Corse, qui est chargée d'attribuer la DSP, fera tout pour que cette transmission puisse avoir lieu, a promis Paul Giacobbi, président du conseil exécutif de l'île. Mais reste à savoir aussi ce qu'en dira Bruxelles, qui enquête déjà sur les conditions d'attribution de la DSP l'an dernier. Une procédure initiée à la demande de Corsica Ferries, qui en conteste la validité.

La SNCM peut disparaître, mais pas la DSP

À défaut de lever ces obstacles et d'aboutir à une reprise de la compagnie par un nouvel actionnaire, c'est certainement la liquidation judiciaire pure et simple qui guette la SNCM. Et après ? Difficile d'y voir clair. Il semble acquis que la disparition de l'entreprise n'aboutirait pas pour autant à un arrêt des lignes qu'elle opère. La DSP prévoit que durant une période maximale de 9 mois suivant la liquidation, c'est la Méridionale qui reprendrait le flambeau. Elle exploiterait alors les navires de la SNCM, ce qui permettrait d'assurer la continuité du service. Quant à la suite, elle est, à ce stade, pure spéculation. Seule certitude : la Corse ne pourra pas se passer du trafic assuré actuellement par la SNCM, qui a transporté l'an dernier, à elle seule, un tiers du total des passagers maritimes entre la Corse et les ports du continent français. C'est d'autant plus vrai que « la DSP n'a aucune raison de disparaître », confirme Pierre Mattei, DG de Corsica Ferries. Elle devrait donc être attribuée à un nouvel opérateur, qui en assurerait la charge avec les navires existants et, sans doute, une partie des salariés actuels. Un scénario qui rappellerait, dans les grandes lignes, la création de MyFerryLink en 2012 sur la ligne Calais-Douvres, six mois après la liquidation de SeaFrance.

Les professionnels ne prennent pas de risque

En attendant, c'est une année 2015 particulièrement incertaine qui s'annonce pour les professionnels du tourisme corse. « Je m'attends à une mauvaise saison, commente d'emblée Jean-Marc Ettori, PDG de Corsicatours. Tout cela va nuire à l'image de la Corse et nous allons forcément avoir des difficultés à trouver des places sur les bateaux durant la prochaine haute saison, entre juin et septembre. Car même si la SNCM continue ses activités, qui va prendre le risque d'acheter des billets chez elle ? Pas nous en tout cas. Nous avons pour l'instant arrêté totalement de la revendre. » L'effet report se fait d'ailleurs déjà sentir chez Corsica Ferries, qui annonce des réservations pour la saison 2015 en forte hausse.

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