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Ces compagnies de ferries que l’État protège

Il faut sauver MyFerryLink et la SNCM. C'est le mot d'ordre du gouvernement français, qui veut à tout prix éviter de voir ces deux compagnies disparaître. Un soutien politique qui fait grincer la concurrence.

Deux jours d'audience pour faire pencher la balance. Les 10 et 11 septembre derniers, les avocats de MyFerryLink sont venus plaider la %%HORSTEXTE:1%%cause de la compagnie de ferries française devant la Commission de la concurrence britannique, qui veut lui interdire, à partir de mars 2014, de desservir le port anglais de Douvres (voir ci-contre).

Va-t-elle assouplir sa position ? « Nous le saurons fin octobre », répond Jean-Michel Giguet, DG de MyFerryLink, qui confie seulement n'avoir pas eu de « ressenti négatif » à l'issue de l'audience. Mais si l'interdiction d'opérer à Douvres est confirmée, « il appartiendra alors aux gouvernements français et britanniques de trouver un accord », ajoute-t-il.

Or, Paris ne fait pas mystère de son soutien à MyFerryLink. Le 6 août dernier, en visite à bord d'un des navires la compagnie, le ministre des Transports, Frédéric Cuvillier, a d'ailleurs fait passer le message, évoquant la faillite de SeaFrance : « On a laissé mourir par manque d'implication politique une société qui n'aurait jamais du être liquidée. Jamais ! » Le gouvernement Hollande veut à tout prix éviter que le scénario ne se répète chez MyFerryLink, avec à la clé des centaines de licenciements.

Mais cette position de l'État fait grincer les dents de la concurrence, et en particulier de DFDS. « MyFerryLink pratique une politique de dumping tarifaire, indique une source interne. Ses pertes sont importantes, mais elles sont supportées par Eurotunnel, qui cherche par ce biais à nous évincer. Et pourtant, nous employons plus de marins français qu'elle. » En retour, DFDS est accusée d'être à l'origine de la décision de la commission britannique de la concurrence.

10 ans de DSP pour la SNCM et La Méridionale

Mais il existe une compagnie pour laquelle l'État français s'est engagé bien davantage encore : la SNCM. Après des mois de rebondissements, cette dernière vient de remporter, le 6 septembre, en duo avec La Méridionale, la nouvelle DSP (délégation de service public) pour la desserte de la Corse de 2014 à 2024.

Ce choix est pourtant loin de faire l'unanimité. Sans surprise, la concurrente, Corsica Ferries, mène la charge. Elle-même s'était portée candidate, mais avec une offre ne couvrant pas l'ensemble des lignes concernées par la DSP, ce qui lui a valu d'être disqualifiée. C'était pourtant conforme à « la règle juridique », assure Pierre Mattei, son DG, estimant que cela aurait « permis une économie de 350 M€ (de subventions publiques, Ndlr) sur les 10 ans à venir ».

L'État a-t-il fait pression dans cette affaire ? « Oui ! Mais il était normal qu'il le fasse », répond Paul-Marie Bartoli, président de l'Office des transports de Corse, interrogé par le site Corse Net Infos. « Il faut sauver la SNCM », avait lancé le ministre des Transports fin août. L'inverse aurait à coup sûr conduit la compagnie à une explosion sociale aux conséquences politiques potentiellement désastreuses. D'autre part, la SNCM est censée passer commande dans les prochains mois de plusieurs nouveaux navires, que les chantiers STX de Saint-Nazaire (dont l'État est actionnaire) ont toutes les chances d'obtenir.

Corsica Ferries se dit déjà prête à porter l'affaire devant la justice. C'est déjà ce qu'elle a fait après l'attribution de la précédente DSP, en 2006 : elle contestait le montant, trop élevé selon elle, des subventions attribuées à la SNCM. La justice européenne lui a donné raison, enjoignant à la SNCM de rembourser 220 M€ à l'État français. Une décision que tente aujourd'hui de faire annuler… l'État lui-même.%%HORSTEXTE:2%%

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