Emmanuel Macron veut des mesures « dissuasives » pour empêcher les Français d’aller skier à l’étranger à Noël
A défaut de réussir à se coordonner avec ses voisins, Paris compte sévir pour empêcher les Français d’aller skier à l’étranger.
La France pourrait prendre « des mesures restrictives et dissuasives » pour empêcher les Français d’aller skier à l’étranger à Noël, notamment en Suisse, alors que les remontées mécaniques seront fermées dans l’Hexagone à cause de la pandémie de Covid-19.
« S’il y a des pays qui maintiennent des stations ouvertes, il y aura des contrôles pour dissuader les Français » et pour « ne pas créer une situation de déséquilibre avec des stations en France », a déclaré le chef de l’Etat après avoir reçu le Premier ministre belge Alexander de Croo mardi.
Pas de coordination
« Nous aurons des mesures restrictives et dissuasives » qui « seront affinées dans les prochains jours avec le gouvernement et en fonction de la clause de revoyure qu’on a prévue vers le 11 décembre », a-t-il précisé.
Ce durcissement de ton semble sonner le glas de la tentative de coordination de ces derniers jours : la veille encore, le gouvernement assurait « poursuivre ses échanges avec ses partenaires européens afin qu’une approche commune puisse être adoptée ».
Mardi, Emmanuel Macron a encore assuré vouloir, avec Berlin et Rome, « convaincre » ses « partenaires » de ne pas rouvrir leurs stations. De son côté, Alexender de Croo jugeait nécessaire « une solidarité entre pays »… tout en prévenant que Bruxelles contrôlera à ses frontières ses ressortissants de retour de vacances à l’étranger.
La Suisse au coeur des tensions
Las ! Si Berlin et Rome garderont leurs stations fermées, la Suisse ouvre les siennes, l’Espagne et l’Autriche pourraient faire de même, et même l’Andorre, dont Emmanuel Macron est « coprince », envisage de leur emboîter le pas. Une forme de « concurrence déloyale » qui suscite des inquiétudes.
« Ce sont plutôt des mesures qui nous rassurent », a réagi auprès de l’AFP Jean-Luc Boch, président de l’Association nationale des maires de stations de montagne (ANMSM). Le président de la République « a pris conscience qu’on ne pouvait pas fermer nos domaines skiables et laisser les autres accueillir nos skieurs, quitte à ce qu’ils ramènent le virus chez nous ! ».
20% de la saison en jeu
Le secteur de la montagne ne décolère pas depuis l’annonce que les remontées mécaniques resteront fermées en décembre, donc pour les vacances de Noël et l’avant-saison qui représentent 20% de l’activité, alors que le Premier ministre avait semblé ouvrir la porte à une réouverture, si les conditions sanitaires s’amélioraient.
« Si par malheur (…) l’épidémie repart (…) et que cette fois-ci c’est du mois de janvier au mois d’avril qu’il faut fermer les stations de sports d’hiver et les stations de montagne, on sera tous perdants et, là, c’est 80% du chiffre d’affaires de l’économie de la montagne qui sera perdu », a martelé le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, mardi soir sur LCI.
Les protestations continuent
Mais, selon le président de la Confédération pyrénéenne, Michel Poudade, « rien n’empêchait le gouvernement de mettre en oeuvre des mesures permettant d’avoir des stations ouvertes, d’autres fermées selon les régions et les problématiques sanitaires ».
L’annonce, lundi, d’une série d’aides – indemnisation des remontées mécaniques, chômage partiel avec « un reste à charge zéro » pour les saisonniers- n’a nullement calmé le secteur. Professionnels et élus se rassembleront pour protester contre la fermeture des remontées mécaniques mercredi matin à Bourg d’Oisans (Isère) et Bourg-Saint-Maurice (Savoie).
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