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Écolabels hôteliers : c’est l’auberge espagnole

Le constat : depuis le Grenelle Environnement, le développement durable (DD) s’est invité dans les entreprises. Le secteur de l’hôtellerie est face à un vaste chantier. Les faits : pour accompagner la politique DD des hébergeurs, il existe une ribambelle de démarches, validées par des labels ou des certifications. Comment choisir ? L’avenir : en marche. Avec son lot d’inconnues et quelques certitudes. À commencer par celle d’un monde en (r)

En cette fin de semaine dédiée au développement durable (DD), le message aura difficilement échappé aux plus récalcitrants : les écolabels indiquent au consommateur, tous secteurs confondus, quels sont les produits les plus respectueux de l’environnement. Institutionnelle, la campagne a choisi de mettre en valeur les labels officiels. En France, il en existe deux, la norme NF Environnement, qui ne s’applique pas aux hébergements touristiques, et l’Écolabel européen, porté par l’Union européenne (UE), qui prend en compte cette famille depuis 2003 seulement. Il est encore très peu répandu : une trentaine d’hôtels et quelques campings ont, à ce jour, obtenu auprès d’Afnor, organisme de certification officiel, le droit d’usage de la petite fleur symbolisant le label. Parmi eux, neuf établissements Best Western. « Nous nous sommes intéressés à l’écolabel dès 2005 ; c’est un référentiel très pragmatique », estime Charline Bergeron, coordinatrice DD au sein de la chaîne volontaire. Ses critères sont classiques – recours aux énergies renouvelables, gestion de l’eau et des détergents, tri des déchets, sensibilisation du consommateur, etc. – , relevant du bon sens. Une dizaine d’autres adhérents Best Western s’est attelée à la tâche. « La contrainte principale, c’est le temps », souligne la responsable. « Le rassemblement de la documentation est lourd », confirme Agnès Weil, directrice DD du Club Méditerranée. Opio en Provence a été le premier hôtel-club à obtenir le label, en 2008 : « Lors de la rénovation du village, on s’est penché sur la question de la gestion des déchets ; cela a représenté un gros effort et on a regardé de près les autres critères nécessaires à l’obtention d’un écolabel. On s’est rendu compte qu’au niveau des pratiques comme des équipements nous n’étions pas si mal, et on s’est lancé. Rien de sorcier, mais ne serait-ce que compter les ampoules a supposé une sacrée mobilisation », se souvient Agnès Weil. Patricia Troïa, responsable du pôle environnement d’Afnor, reconnaît que les procédures d’obtention de l’écolabel sont complexes : 37 critères obligatoires et 47 optionnels. « Il faut une motivation forte. Cela demande des investissements, mais il y a aussi des retours sur investissement avec des consommations en baisse. » Les critères ont été révisés – et durcis – le 19 mars dernier : 50 % d’énergie renouvelable contre 22 % aujourd’hui, débit des robinets inférieur à 9 litres/minute contre 12, 80 % d’ampoules basse consommation contre 50 %…

NOUVEAU RÉFÉRENTIEL « PLUS STRICT ET FLUIDE »

Le nouveau règlement sera publié à l’automne avec application immédiate pour les postulants, tandis que les labellisés auront un an pour se mettre à niveau. « Le nouveau référentiel est plus strict, c’est normal, il faut progresser sans cesse. Il est aussi plus fluide », considère Charline Bergeron. Et moins onéreux. « Une labellisation reviendra à 2 500 e maximum pour une TPE », détaille Patricia Proïa, alors que les règles actuelles intègrent une rétrocession de 0,15 % du chiffre d’affaires, en sus des coûts d’adhésion, d’audit et de cotisation annuelle. « Les règles sont appelées à être révisées tous les 5 ans pour s’adapter à la réglementation communautaire », explique encore Patricia Troïa. De quoi mettre la puce à l’oreille de ceux qui traitent encore le sujet par le mépris : aujourd’hui basée sur le volontariat, la démarche DD risque, demain, d’être rendue obligatoire par l’évolution des lois. La mise en vedette des vertus de l’écolabel a donc aussi une vocation pédagogique. Reste qu’il est loin d’être la seule solution pour les entreprises du secteur. La Clef Verte, programme de la Fondation pour l’Éducation à l’Environnement (FEE), est un label de bonne gestion environnementale créé en 1994 au Danemark et présent en France depuis 1998. Longtemps uniquement tourné vers les campings, il s’est ouvert aux hôtels en 2005. Les critères d’obtention, fixés au niveau international et adaptés à chaque pays (13 au total), sont sensiblement les mêmes que pour l’écolabel européen, mais les ratios sont plus souples, la démarche initiale plus simple et le coût plus modique. Le dossier de candidature, véritable outil d’autodiagnostic, se télécharge (gratuitement) en ligne ; le renvoyer suppose de s’acquitter d’une somme oscillant entre 90 et 550 e, selon le nombre de chambres ou d’emplacements pour un camping. Une visite d’experts fait office d’audit avant attribution – ou non – de la Clef par un jury : « Toutes les réponses sont motivées », explique Marie Leplay, coordinatrice de la FEE en France. La Clef Verte peut ainsi être décernée pour un an, avec un calendrier d’actions à mettre en oeuvre. « La démarche doit être dynamique. D’année en année, on pousse les lauréats à aller plus loin », ajoute-t-elle. Pour l’heure, la Clef Verte est mieux implantée dans l’Hexagone que l’écolabel européen (226 campings, 51 hôtels et 21 meublés labellisés). Le groupe Accor, engagé depuis 1998 dans une démarche DD à travers sa Charte Environnement de l’hôtelier, à vocation interne, a décidé, en 2003, de faire auditer les démarches environnementales de ses marques. Ibis et Accor Thalassa ont opté pour la certification internationale ISO 14001 : « Ibis s’était déjà engagée dans une certification ISO 9001. Le choix d’ISO 14001 nous a semblé cohérent, car les équipes étaient en terrain connu », explique Patricia Cortijo, directrice Environnement au sein de la direction Développement durable du groupe (242 hôtels certifiés à ce jour). Pour Novotel, le choix s’est porté sur Green Globe, une certification proche d’ISO 14001, mais développée spécifiquement pour le tourisme. « Certains hôtels d’Égypte étaient déjà affiliés et en étaient satisfaits. En outre, Green Globe a une notoriété internationale, notamment dans le monde anglo-saxon », analyse Patricia Cortijo (déjà 30 hôtels certifiés). Sofitel et Pullman, en phase de réflexion, s’orienteront également plutôt vers une certification qu’un écolabel, « car l’objectif premier est d’ancrer la démarche DD dans le fonctionnement et le management de chaque hôtel, et de le faire vérifier par une tierce partie ». Et d’insister : « Nous communiquons sur les actions faites, sachant que le management environnemental suppose de se mettre en situation de progrès permanent. » Club Med s’est lui aussi tourné vers Green Globe pour ses villages situés en zone Amériques ou en Asie (Ixtapa est déjà certifié, trois autres démarches sont en cours), « parce que Green Globe est plus connu à l’international », analyse Agnès Weil. « Mais nous sommes en phase de démarrage et nous ne communiquerons sur le sujet que lorsque nous aurons bien avancé. »

BIEN FAIRE, AVANT DE LE FAIRE SAVOIR

La plupart des grands groupes ont la même ligne de conduite : bien faire, avant de le faire savoir. Reconnu pour le « sérieux » de sa démarche globale, Green Globe n’a cependant pas toujours la même pudeur : l’organisme de certification, né dans le giron d’une ONG, mais devenu privé, accorde en effet son logo à toute entreprise qui s’engage à suivre son programme dès la toute première étape, simple autodiagnostic facturé 450 e. On n’est pas loin du greenwashing (utilisation de valeurs écologiques sans autre justification que marketing), nouvelle tentation très pratiquée outre-Atlantique, où beaucoup d’écolabels pèchent par manque de transparence. À l’inverse de ce courant, les plus engagés des acteurs de l’Hexagone, comme les Écogîtes de Gîtes de France ou les campings Huttopia, chantres de l’éco-construction, affichent des normes environnementales plus strictes que celles imposées par l’écolabel européen. Et si les premiers envisagent néanmoins d’y adhérer, les seconds préfèrent jouer solo, estimant que le manque de clarté des différents labels et le manque d’homogénéité entre les produits labellisés risquent, explique Céline Bossanne, directrice marketing, « d’embrouiller et de décevoir le consommateur ».

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