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Tunisie : les pros veulent croire à un nouvel élan

Provisoirement mis entre parenthèses sur le plan touristique, le pays espère bien rebondir, fort de son nouveau souffle démocratique. C’est aussi le souhait des tour-opérateurs.

L’événement est historique et la fierté des Tunisiens immense après cette révolution du jasmin qui leur laisse entrevoir, enfin, l’avènement de la démocratie. Les préoccupations sur l’activité touristique, paralysée depuis une semaine et encore au moins ralentie pour plusieurs autres, semblent donc déplacées. Sauf que l’enjeu pour les professionnels – et encore plus pour la Tunisie, dont l’activité touristique représente 7 % du PIB national – est, lui aussi, immense. S’il est trop tôt pour spéculer sur l’évolution politique, alors qu’un gouvernement d’unité nationale a été constitué en attendant l’élection présidentielle prévue en mai-juin, on peut déjà s’interroger sur le court et moyen terme. Première constatation, même si la Tunisie est la destination touristique préférée des Français à l’étranger en nombre de forfaits (601 193 vendus en 2010 par l’association de TO/Ceto), sa mise entre parenthèses n’est pas un volcan bis.

LES TO RELATIVISENT…

Les TO, avec une efficacité saluée par leur ministre de tutelle, Frédéric Lefebvre, ont rapatrié en 48 heures les 8 000 clients sur place. L’affrètement d’avions, la prise en charge de nuits d’hôtels et de post-acheminements, notamment pour la clientèle de province, et le remboursement des prestations non consommées auront bien sûr un coût, encore non chiffré. Mais il sera bien moindre que l’épisode nuageux d’avril, survenu en pleines vacances scolaires (alors que c’est la très basse saison en Tunisie), et qui avait concerné toutes les destinations. La suspension des ventes décidée – pour l’instant – jusqu’au 23 janvier, avec une souplesse commerciale de report sans frais pour les départs jusqu’au 31 janvier, va par ailleurs pénaliser les TO les plus engagés. Tous relativisent. « Nous avions 2 400 clients inscrits pour des départs entre le 17 et le 31 janvier », indique-t-on chez Marmara. « Ce n’est rien. 1 200 dossiers que nous pouvons traiter en 24 heures, avec des reports qui s’effectuent déjà en majorité vers le Maroc et l’Égypte, et pour lesquels nous faisons des gestes commerciaux afin que le différentiel de prix ne soit pas trop important. » Quid des vacances de février ? « Pour ces départs, à partir du 12 février, les voyagistes continuent d’évaluer la situation et vont arrêter leur décision au plus tard le vendredi 21 janvier », précisait le Ceto le 17 janvier. La Tunisie était l’une des destinations en forte progression jusqu’à la semaine dernière (+ 10 % chez Fram, prioritaire chez Look qui y consacre une brochure). Elle s’inscrivait à part entière dans le contexte de reprise générale du secteur. « Les réservations ont baissé de 30 à 40 % en quelques jours », reconnaît Raouf Benslimane, directeur de Thalasso n°1, même si le TO ne déplore que peu d’annulations et affiche encore une activité globale à + 22 %.

… ET MISENT SUR L’EMPATHIE

Le vrai problème est que la Tunisie est irremplaçable en termes de capacités et surtout de prix, note René-Marc Chikli, président du Ceto. « Il va falloir un peu de temps, mais l’activité repartira », soutient Raouf Benslimane, pour qui « la bonne nouvelle est que l’industrie touristique tunisienne, sans stratégie, engluée dans une vision de destination de masse et à bas prix à cause d’une administration léthargique et handicapée par un pouvoir dictatorial, pourra enfin travailler normalement ». Sans compter la corruption qui gangrenait le système et les relations commerciales. Le clan Ben Ali et celui de sa femme, les Trabelsi, étaient incontournables dans certains sites touristiques et dans des secteurs comme l’hôtellerie ou le transport, ont révélé les câbles diplomatiques américains publiés par Wikileaks. « À nous aussi, professionnels, de contribuer à cet assainissement », ajoute le DG de Thalasso n°1. Comment va réagir la clientèle ? « Je crois qu’il y aura une empathie et que les Français ne vont pas bouder le pays, au contraire ! », assure Sam Zribi, DG d’Amplitravel. Le TO 100 % Tunisie de Transat France compte bien rebondir sur les valeurs de courage, de fraternité qui ont porté cette révolution pour bâtir la future, et nécessaire, relance. « Pas question de faire des promotions, c’est un appel du coeur qu’il faut lancer. »

« La bonne nouvelle est que l’industrie touristique tunisienne, sans stratégie […], pourra enfin travailler normalement »

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