Maurice Freund, Fondateur de point AFRIQUE « Le tourisme peut être un rempart contre le terrorisme »
Le fondateur de Point Afrique programme une série de voyages au Tchad à partir du 23 décembre. Selon lui, ce pays est le dernier à résister à la montée de l'islamisme dans la région.
L'Écho touristique : Vous proposez des voyages au Tchad, dans une zone orange, « déconseillée sauf raison impérative » par le Quai d'Orsay. Quels sont les éléments qui vous permettent d'assurer la sécurité des voyageurs ?
Maurice Freund : Il n'y a jamais eu d'enlèvements au Tchad, mais ça ne veut rien dire. Ce qui est important, c'est qu'il y ait un gouvernement structuré et une armée très bien organisée. Elle a renforcé les frontières de manière très efficace ces dernières semaines. On a travaillé, ensemble, pour garantir la sécurité des voyages. Même les militaires français reconnaissent que le risque est presque nul.
Le Nord du Tchad est aussi la région des Toubous, qui sont profondément anti-djihadistes. Ils sont présents partout, même près des frontières en Libye et au Mali. Une infiltration des islamistes est quasiment impossible. Mais on reste en contact permanent. Si l'on apprend qu'il y a le moindre danger, aussi petit soit-il, nous arrêterons.
Pourquoi programmer des voyages dans ce pays ?
C'est d'abord une région magnifique ! Mais la raison d'être de Point Afrique, c'est d'apporter des retombées économiques aux plus déshérités. Au Tchad, on essaye que le maximum d'argent reste sur place. On organise ces voyages avec les associations, les guides et les communautés locales que l'on connaît. Le tourisme peut-être un rempart contre le terrorisme. Mais il faut qu'il soit très équitable. Si vous faites comme au Sénégal, avec des capitaux étrangers et des bénéfices qui reviennent aux étrangers, ce n'est pas la même chose.
Qu'en est-il des autres pays de la région, comme le Mali ?
On peut voyager au Tchad en toute sécurité, mais ce n'est pas le cas au Niger, en Algérie ou en Mauritanie. Au Mali, j'ai pour ami, le ministre de la Défense. Je lui ai demandé s'il serait possible de revoir bientôt des touristes, même uniquement au pays Dogon. Il m'a dit : « Non, c'est de pire en pire ».
Comment la situation va-t-elle évoluer ?
Dans la région, le Tchad est le dernier rempart contre l'islamisme. Si Point Afrique disparaît, cela va rendre davantage possible l'implantation de groupes d'Aqmi dans le Tibetsi. C'est très grave. Car le jour où ils s'installeront dans ces montagnes, on ne pourra plus jamais les déloger. Pour comprendre la situation, il faut remonter aux années 90. Déjà, je voyais beaucoup d'Imams venir enseigner le salafisme dans le Nord du Mali. Il aurait fallu intervenir à ce moment-là et être beaucoup plus présent sur le plan social. Aujourd'hui, c'est trop tard. Il y a une haine de l'occident liée à des questions de valeurs, mais surtout d'intérêts économiques, la religion ne sert que de support. On n'éliminera jamais le phénomène terroriste en utilisant uniquement la force.
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