Exotismes : « 2025 sera une année correcte »
Pour Exotismes, qui fait la grosse partie de son beurre l’hiver, la hausse des prix moyens signifie aussi la vente de services additionnels. Entretien avec Didier Sylvestre, le directeur général adjoint du voyagiste.
L’Echo touristique : Comment s’est passée la saison hivernale, si stratégique pour Exotismes ?
Didier Sylvestre : Si on tient compte de tous les éléments extérieurs, 2025 sera une année correcte. Il y a plusieurs phénomènes observés, comme la fin du Revenge Travel, qui a porté le secteur ces deux dernières années. Sur nos destinations majeures, les affaires sont restées bonnes. Même si nous avons eu, comme chaque année, des mauvaises surprises.
Quelles destinations ont moins bien marché ?
Didier Sylvestre : Nous avons connu trois épisodes, sur trois axes importants, qui ont pénalisé notre activité. Il y a d’abord eu les manifestations contre la vie chère, en Martinique, en septembre 2024. Conjointement à une grande opération de communication que nous avions mis en place pour les Antilles… Les touristes n’étaient pas concernés et aucun client n’a rencontré de difficultés, mais cela a impacté nos réservations. Heureusement, les Antilles ont bien redémarré depuis début 2025. A la fin de l’exercice, nous aurons donc réalisé un volume similaire à celui de l’année précédente.
Mais cela aurait pu être mieux ?
Didier Sylvestre : Comme pour deux destinations majeures de l’Océan Indien, la Réunion et l’Île Maurice. L’épidémie de Chikungunya, largement relayée à l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron dans la région, a ralenti les réservations vers La Réunion. L’Île Maurice, avec sa communication concernant l’exigence d’un test PCR, a été très maladroite. Et le moustique était dans la tête des agents de voyages, si je puis dire. Il y aussi les cyclones et les alertes climatiques, que le marché n’oublie pas. Ce dernier paramètre impacte notamment les réservations de dernière minute. Par ailleurs, l’Île Maurice refait désormais face à une concurrence totale, notamment avec d’autres destinations de l’Océan Indien ou d’Asie.
Les deux succès incontestables de cet hiver sont la République dominicaine et le Mexique.
A l’inverse, quels sont les succès de l’hiver ?
Didier Sylvestre : Justement, les Seychelles et les Maldives enregistrent de très belles performances. Mais les deux succès incontestables de cet hiver sont la République dominicaine et le Mexique. Nous avons aussi trouvé notre rythme de croisière à Zanzibar, la dernière destination que nous avons lancée (2023). Nous en sommes satisfaits. Et il y a bien sûr la Polynésie, qui fait toujours autant rêver. A la fin de l’exercice, Exotismes aura atteint les objectifs fixés.
L’actualité géopolitique très tendue ne risque-t-elle pas d’impacter votre activité ?
Didier Sylvestre : Evidemment, et comme toujours, le tourisme subit de plein fouet ce qu’il se passe dans le monde. Nous avons déjà surmonté un grand nombre de crise. Mais leur impact médiatique est indéniable. Concernant le Moyen-Orient, nous avons jusqu’ici été épargné. Dès qu’il tousse, on constate même une augmentation de recherches sur notre site, dans les heures et jours qui suivent, pour les Caraïbes et notamment les Antilles. Quand l’actualité est positive, c’est vrai aussi. Si un reportage flatteur sur la Polynésie est diffusée en télévision, nous observons un pic de visites sur notre site. Tout ceci est très lisible désormais grâce à nos outils.
L’inflation s’est-elle tassée ?
Didier Sylvestre : Dans quasiment toutes les destinations, nous constatons une baisse du nombre de clients, mais la hausse des paniers moyens se poursuit. Elle n’est pas due qu’à l’inflation, et c’est intéressant. L’exemple de la République dominicaine est le plus parlant. Après un gros creux des ventes avec l’arrêt des vols Air France et Corsair, la destination est repartie de plus belle. Elle affichera une croissance très marquée du chiffre d’affaires. Notamment grâce à notre production Premium, qui offre une vraie différence sur le marché. C’est la destination dans laquelle nos clients consomment le plus d’excursions. Et, bien sûr, l’agent de voyages est commissionné sur toutes ces prestations. Donc, les prix sont plus élevés, mais les contenus aussi. Ca n’est pas que de l’inflation mécanique, mais aussi des services additionnels.
Nous sommes sur une tendance de réservation record pour 2026.
Pourtant, la question du pouvoir d’achat semble inquiéter les Français.
Didier Sylvestre : Oui, mais nos voyages s’adressent à des CSP +, qui sont moins touchés par ces questions, ou à ceux qui veulent s’offrir un voyage de rêve à l’occasion d’un mariage par exemple, et qui ont sacralisé ce budget. D’ailleurs, nous sommes sur une tendance de réservation record pour 2026. Avec certains dossiers très intéressants à travailler, et très rémunérateurs pour les agents de voyages. Mais grâce au Poker de l’été, nous adressons aussi une clientèle plus opportuniste, à la recherche de bons tarifs en dernière minute.
C’est une opération qui fonctionne toujours ?
Didier Sylvestre : Le succès du Poker n’est plus à démontrer. C’est une opération qui nous permet de rester dans le jeu à un moment un peu plus creux pour nous. Les agents de voyages ont désormais pris le réflexe de proposer à leurs clients ces produits long-courrier, loin des chaleurs et du surtourisme de la Méditerranée, à des tarifs équivalents voire inférieurs à ceux pratiqués en moyen-courrier l’été. Encore une fois, nous avons lancé un grand dispositif de communication pour porter le Poker. Et, pour la première fois, nous avons réussi à embarquer l’ensemble de nos réseaux partenaires, avec un plan spécifique pour chacun d’entre eux.
Ce partenariat avec les agences de voyages demeure essentiel ?
Didier Sylvestre : Bien sûr. Et nous travaillons d’ailleurs au lancement d’une version optimisée de notre site B2B à la rentrée. Elle sera plus dans l’air du temps, et permettra de faire gagner du temps aux vendeurs, grâce à l’ajout de possibilités répondant à des besoins exprimés par les agents. Ca n’est pas une révolution. Notre outil a la réputation d’être efficace, fiable et simple d’accès, et c’est quelque chose que nous voulons garder. Un voyage Exotismes doit pouvoir être réservé en cinq clics. Mais nous pourrons allons plus loin dans la personnalisation avec ces nouvelles options.