[EXCLUSIF] Défaillance d’Univairmer : « Nous allons porter plainte »
10 et 12 millions, c’est le montant du sinistre Univairmer, estime Boris Reibenberg. Le président de la société Xplorassur, actionnaire du réseau, explique en à L’Echo touristique qu’une plainte en justice sera déposée contre Thibaut Aufort et Lucas Gebhardt.
L’Echo touristique : dans une interview publiée hier, Thibaut Aufort explique que « Les départs sont maintenus et gérés par Boris Reibenberg et ses équipes de Xplorassur ». Qu’en est-il ?
Boris Reibenberg : Ce n’est pas exact. Le garant financier d’Univairmer, Groupama, a confié à Tess, l’une de mes sociétés, la mission de faire partir tous les clients qui ont soldé leurs voyages auprès d’Univairmer. Les départs sont organisés en collaboration avec les TO, les réceptifs et les autres prestataires. Groupama les prend en charge financièrement, conformément à ses engagements contractuels.
L’objectif, c’est que tous les clients puissent partir en voyage, ce qui prouve d’ailleurs la garantie de prise en charge des consommateurs quand ils passent par une agence de voyages. Même quand l’agence dépose le bilan.
Concernant les clients qui n’avaient pas soldé leurs voyages, à ce jour, Groupama leur remboursera leurs acomptes.

Tous les clients qui ont soldé leurs voyages vont vraiment partir ?
Boris Reibenberg : Tous les clients qui ont soldé leurs voyages, quelle que soit la date de leur dernier versement, vont partir. A condition toutefois que les TO n’aient pas annulé leur voyage. Ils ont pu le faire dans certains cas, à juste titre, parce qu’ils s’exposent à des impayés et ont manqué de visibilité ces derniers jours. N’oublions pas que, comme garant, Groupama rembourse des clients lésés, pas les fournisseurs lésés.
Je pense d’ailleurs que Groupama n’a jamais fait face à un dossier de cette ampleur. Univairmer est un gros sinistre, de 10 à 12 millions d’euros. C’est une affaire qui tournait bien…
Cette défaillance est aussi un coup dur pour la profession…
Boris Reibenberg : Groupama m’a confié le dossier jeudi 13 février. J’ai procédé aux premiers remboursements auprès de TO aujourd’hui. Les clients seront vite remboursés. Aujourd’hui, mon but, c’est de laisser une société propre sur le plan opérationnel (vis-à-vis des clients, Ndlr). Univairmer compte 130 collaborateurs de très grande qualité. Nous ne pouvons pas les mépriser.
Comment arrivez-vous à une telle estimation de 10 à 12 millions d’euros, très importante (la faillite de Thomas Cook a représenté un sinistre d’environ 42 millions pour l’APST, à titre de comparaison, Ndlr) ?
Boris Reibenberg : Je suis extrêmement proche du dossier, en tant aussi qu’actionnaire d’Univairmer, à hauteur de 3%. Je fais partie des partenaires historiques. L’idée d’origine de Jean Dionnet (fondateur, Ndlr) était d’ailleurs intéressante : des fournisseurs entrent au capital et sont privilégiés dans les ventes. Tout le monde est content ! Mais le covid a balayé ce modèle économique. Le PGE qui a suivi a été un drame.
Avec 200 000 euros à rembourser chaque mois…
Boris Reibenberg : 220 000 euros. Même un enfant de huit ans comprend alors que les dépenses dépassent les recettes.
Univairmer est un gros sinistre, de 10 à 12 millions d’euros. C’est une affaire qui tournait bien…
Donc, Univaimer n’était plus viable, économiquement ?
Boris Reibenberg : L’entreprise n’était plus viable. C’est alors que deux zigotos ont repris l’affaire, Thibaut Aufort et Lucas Gebhardt, qui sont plus que de mauvais gestionnaires. Ce qui s’est passé est très simple, ils ont repris Univairmer en juillet 2024, et annoncé aux actionnaires qu’ils allaient réinjecter trois millions d’euros dans la société et renégocier le PGE avec les banques. De fait, ils ont injecté les trois millions d’euros promis, avant de les retirer le 7 ou le 8 juillet. Ils nous ont alors parlé de « convention de trésorerie », convention qui n’a jamais été démontrée. Et quand bien même…
Allez-vous porter plainte contre Thibaut Aufort et Lucas Gebhardt ?
Boris Reibenberg : C’est ce que nous allons faire, oui. Nous montons un dossier avec des avocats. Nous sommes très remontés contre Thibaut Aufort et Lucas Gebhardt. De toute ma carrière, je n’ai jamais ça.
Qui, précisément, va porter plainte ?
Boris Reibenberg : Nous, ce sont les TO actionnaires et moi-même en tant que personne, puisque je détiens des obligations convertibles dans Univairmer. Nous ne pouvons pas laisser des personnes impunies sur le marché. Le château de cartes à d’ailleurs commencé à s’effondrer. Ces deux hommes sont dans le déni et se renvoient la balle.
Thibaut Aufort évoque « des marques d’attention, venant de plusieurs groupements d’acheteurs du secteur », pour la reprise d’Univairmer ». Vous en faîte partie ?
Boris Reibenberg : Non, je ne reprends pas l’affaire. Il en a été question : nous aurions injecté 3,5 millions d’euros avec un réseau de distribution. Mais juridiquement, c’est impossible, je risquerais de perdre beaucoup d’argent. C’était un projet utopique.
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En attendant je salue l efficacité et l implication de Boris pour gérer les dossiers en partance. Merci
» Ce qui s’est passé est très simple, ils ont repris Univairmer en juillet 2024, et annoncé aux actionnaires qu’ils allaient réinjecter trois millions d’euros dans la société et renégocier le PGE avec les banques. De fait, ils ont injecté les trois millions d’euros promis, avant de les retirer le 7 ou le 8 juillet. Ils nous ont alors parlé de « convention de trésorerie », convention qui n’a jamais été démontrée. »
« Les belles promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent » comme aurait dit Chirac!
« C’est une affaire qui tournait bien »… » et 4 questions plus tard « l’entreprise n’était plus viable économiquement »
A un moment il faudrait éviter de dire tout et son contraire…en terme de clarté, nous serions tous gagnants !
Quant à l’enfant de huit ans, il pourrait quand même aussi peut-être se demander pourquoi d’autres arrivent à rembourser des sommes beaucoup plus importantes…et ça serait certainement plus compliqué à lui expliquer ! Et d’ailleurs, tant qu’à faire, il faudrait peut être aussi lui expliquer pourquoi Groupama continuait obstinément à les couvrir alors que, de votre aveu même dans un média concurrent, « ils n’en voulaient plus depuis longtemps »…
On est en présence d’un superbe panier de crabes ! Tout les acteurs de ce sinistre mélodrame commencent à tirer à vue et à mon humble avis ce n’est qu’un début.
« C’est une affaires qui tournait bien », dans le sens où il y avait un bon niveau de ventes. Merci les agences de voyages et leurs vendeurs !
« L’entreprise n’était plus viable », c’était en réponse à ma question. Car avec 220 000 euros à rembourser, par mois, la situation devient ingérable.
Mais oui, un sinistre mélodrame avec plus de perdants que de gagnants.