Univairmer : vers un redressement ou une liquidation ?
Univairmer est au bord du dépôt de bilan, un cauchemar pour les salariés et certains fournisseurs. Le réseau d’agences de voyages pourra-t-il se redresser ?
Univairmer pourrait déposer le bilan dans les prochaines heures, si ce n’est pas déjà fait, apprend-on de source sûre ce matin.
Univairmer, un sinistre évalué à plusieurs millions d’euros
« L’entreprise est en situation réelle de dépôt de bilan, nous précise une source proche du dossier. Le réseau est en incapacité de payer. Reste à savoir si l’entreprise passera ensuite en redressement judiciaire avec une période d’observation, ou si elle sera liquidée. » Le redressement permettrait la poursuite d’activité et le gel des dettes, en attendant idéalement de nouveaux investisseurs.
Univairmer, garanti par Groupama, pourrait représenter un sinistre de plusieurs millions d’euros.
« S’il y a des investisseurs, il faudra de toute évidence une recapitalisation, une renégociation des dettes, un nouveau management », nous glisse un observateur. Le réseau des 54 agences en propre représente un actif intéressant, même si certains points de vente manquent de rentabilité.
« Je ne vois pas quel fou furieux oserait mettre de l’argent dans l’entreprise, nous confie un tour-opérateur, actionnaire minoritaire. Au-delà de la question de l’argent, c’est un imbroglio juridique. »
Des voyagistes actionnaires (très) minoritaires
Plusieurs voyagistes ont effectivement investi dans le réseau de distribution, quand Jean Dionnet présidait à ses destinées : Atlas Voyages, Mondial Tourisme, Kuoni, Voyages Internationaux, Ollandini, Visiteurs, Premium, Présence et MisterFly. Mais la recapitalisation de 2024 a permis la dilution de leurs parts déjà minoritaires, selon nos informations.
En revanche, les agences de voyages devaient privilégier ces voyagistes partenaires, qui aujourd’hui s’organisent pour limiter leurs pertes financières. Les TO annulent les prochains départs et reprotègent leurs clients, autant que possible. Heureusement, la période ne correspond pas à la haute saison, même si des clients devaient partir à l’occasion des vacances d’hiver. Et parfois en groupes, correspondant à de gros dossiers.
Nombreux « départs », mauvais management
Entre le prêt garanti par l’Etat avec 200 000 euros à rembourser chaque mois, les dettes et un changement néfaste d’actionnaires « sans apport réel de fonds », Univairmer traverse une grande zone de turbulences.
Depuis la prise le contrôle par Tomorrow Travel en 2024, rien ne va plus au sein d’Univairmer. Au total, 17 cadres auraient quitté le navire, parfois à contre-coeur. Et ce, à tous les étages du siège social basé à Creil (60) : services généraux, comptabilité, direction financière, communication.
Dans la déconfiture du réseau, sont aussi pointés du doigt, l’opportunisme des repreneurs – Jean Dionnet n’aurait rien empoché lors de la cession – et les méthodes brutales des nouveaux dirigeants envers employés et fournisseurs. A commencer par les méthodes de Thibaut Aufort, le patron du groupe Tomorrow Travel.
Thibaut Aufort reste aux abonnés absents. Idem s’agissant de son ancien associé Lucas Gebhardt, CEO de Mobee Travel.
Une situation financière plombée
A ces problèmes aigus de management s’ajoute une situation financière très fragile, même si Jean Dionnet avait le sentiment d’avoir redressé la barre au niveau du compte d’exploitation.
William Porret, ex-directeur général administratif et financier, avait partagé les résultats financiers 2022. Les comptes demeuraient alors dans le rouge. La holding affichait un chiffre d’affaires de 16,213 millions d’euros pour un Ebitda de -925 130 euros.
Mais la situation s’était depuis redressée. Au 31 octobre 2023, sur six mois, le chiffre d’affaires atteignait 15 millions d’euros, pour un Ebitda positif de 210 000 euros. William Porret fixait comme objectifs un chiffre d’affaires de 29 millions d’euros et de dégager un Ebitda positif de 600 000 euros à l’échéance du 30 avril 2024.
Aujourd’hui, « il faut urgemment réinjecter de l’argent, regagner la confiance des fournisseurs et modifier le management », résume une source proche du dossier.