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États-Unis : les hausses des droits de douane plongent l’aérien dans l’incertitude

Livraisons de pièces détachées, modification des programmes de vol : les tensions commerciales mondiales liées aux hausses des droits de douane imposées par les États-Unis bouleversent l’équilibre du secteur aérien.

Les hausses des droits de douane imposées par les États-Unis bouleversent déjà l’équilibre du secteur aéronautique mondial. Dans un contexte tendu du côté d’Airbus et Boeing ces dernières années, les nouvelles mesures initiées par l’administration Trump visent notamment les avions et pièces détachées importés. Les surtaxes pourraient atteindre 20% après une période transitoire de 90 jours, contre 10% actuellement. Les conséquences se font déjà sentir sur les livraisons d’avions et par conséquence sur l’activité des compagnies aériennes.

Chez les constructeurs

Pour Airbus, principal concurrent de Boeing sur le marché américain, la règle est claire. « Les droits de douane doivent être subis par celui qui importe. Lorsque nous exportons depuis l’Europe, ils doivent être payés par nos clients », rappelle Guillaume Faury, PDG d’Airbus. Les compagnies aériennes américaines achetant des Airbus devront donc absorber ces surcoûts, impactant ainsi leur rentabilité.

Airbus, qui possède une usine d’assemblage à Mobile (Alabama), tente de réorganiser ses flux logistiques pour limiter l’exposition à ces taxes. Mais la complexité du secteur — chaque avion comportant environ 3 millions de pièces issues des deux côtés de l’Atlantique — rend l’adaptation difficile et coûteuse.

Avec ses ses lignes d’assemblage réparties entre Toulouse en France, Hambourg en Allemagne, Tianjin en Chine et Mobile aux Etats-Unis, Airbus a plus de flexibilité notamment pour la famille A320 qui représente l’essentiel de ses livraisons (88% en 2024). La majorité des pièces des Airbus assemblés à Mobile viennent d’Europe et pourraient subir les droits de douane. Mais le constructeur, avec un carnet de commandes complet jusqu’à la fin de la décennie, pourrait privilégier les compagnies non-américaines.

De l’autre côté, « Boeing est bien plus exposé », selon Leeham News and Analysis, média américain spécialisé dans l’analyse du secteur aéronautique. Les surtaxes douanières imposées par Trump exposent Boeing au risque de représailles de nombreux pays alors qu’Airbus n’y fait face qu’aux Etats-Unis. Plus de la moitié des livraisons de Boeing concernent des clients non-américains sur la période 2022-2025. Soit beaucoup plus que les livraisons d’Airbus à des compagnies basées aux Etats-Unis (17% en 2024), souligne Pascal Fabre, directeur général au sein du cabinet de conseil AlixPartners.

Chez les compagnies aériennes

Par conséquence, les compagnies aériennes se retrouvent en première ligne face à la hausse des coûts. Ed Bastian, patron de Delta Airlines, a déclaré qu’il n’entendait pas payer de droits de douane sur les Airbus cette année. De son côté, Ryanair, première compagnie européenne en nombre de passagers, menace de retarder la réception de 25 avions Boeing si les tarifs américains venaient à augmenter significativement. Ces retards pourraient s’étendre jusqu’à mars ou avril 2026, perturbant les programmes de vol.

À l’international, la Chine a réagi en interdisant à ses compagnies aériennes d’acheter de nouveaux Boeing. Elles doivent aussi suspendre tout achat d’équipements et de pièces détachées auprès d’entreprises américaines. Cette décision rend l’acquisition de nouveaux appareils « presque plus financièrement tenable » pour les compagnies chinoises, alors que le marché chinois représente un enjeu majeur pour Boeing. China Southern Airlines a ainsi annulé la vente de dix Boeing 787-8.

Pour les compagnies aériennes, l’augmentation des droits de douane peut donc remettre en cause les stratégies et leur compétitivité. A termes, certaines pourraient être contrainte de répercuter ces surcoûts sur les prix des billets. Au risque de freiner la demande.

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