Des piques mais pas de coeur chez AS Voyages
Coup sur coup, le premier réseau d'agences de voyages en France a vu son directeur général se faire débarquer et son co-président démissionner. Une lutte de pouvoir en interne qui pourrait avoir des conséquences sur l'avenir d'AS Voyages.
Rien ne va plus chez AS Voyages. Le départ de Philippe de Saint Victor, le 23 janvier, après 5 années à la direction générale du réseau a sonné comme un coup de tonnerre. Sa révocation par le Conseil d'Administration – à douze voix contre six – marque la fin d'une période pour le réseau, qui lui doit sa conduite du changement. Il a entraîné dans sa chute François-Xavier de Boüard, co-président du réseau depuis la fusion entre Afat et Selectour en 2009. « Philippe de Saint Victor est arrivé chez Selectour par mon intermédiaire et l'a quitté sur un certain désaveu, que je prends aussi pour moi », explique-t-il. L'ex co-président ne quitte pas pour autant « le navire » en restant administrateur. « J'ai été élu par les adhérents. Je me dois de rester vis-à-vis d'eux et de poursuivre les chantiers en cours », rappelle-t-il. Mais cela va-t-il être si simple ? AS Voyages Entreprise, présidé par Jean-Pierre Mas, a été rattrapé par l'inspection du travail pour le redressement d'une vingtaine de dossiers de formation en 2011, et écopé à la clé d'une amende de près de 25 000 euros. Au-delà de la somme, c'est la méthode qui a choqué en interne. « Ce genre de process est intolérable pour une telle entreprise. Certains documents n'ont jamais été remis ni aux administrateurs ni à Philippe de Saint Victor. Ce dernier a demandé des comptes et cela lui a coûté son poste », raconte un administrateur du réseau. Une seconde somme, cette fois bien plus conséquente, va également sortir des caisses du réseau. « Philippe de Saint Victor a demandé 700 000 E pour quitter AS Voyages et cela a été accepté. Les adhérents doivent se poser les bonnes questions sur la place et le rôle de chacun », explique un autre administrateur.
LA COOPÉRATIVE SANS CHEF D'ORCHESTRE
Pour François-Xavier de Boüard, une telle somme est « scandaleuse » car « ce sont les adhérents qui vont payer alors que cet argent aurait dû servir à financer d'autres projets ». Officiellement, Bernard Vairon, qui remplace désormais François-Xavier de Boüard à la présidence de la coopérative AS Voyages, doit « accompagner les dossiers initiés et annoncés au congrès le mois dernier », selon son prédécesseur. Mais la tâche s'annonce difficile dans un environnement si hostile, sans chef d'orchestre et dans un temps très limité. Philippe de Saint Victor ne sera pas remplacé d'ici l'Assemblée Générale du mois de juin, qui devrait également aboutir à un large renouvellement du conseil d'administration. En attendant, le déploiement de la nouvelle marque Selectour-Afat pourrait prendre du retard tout comme le développement du multicanal, second chantier prioritaire du réseau. Pour Helmut Stückelschweiger, PDG de Top of Travel, et nouvel entrant du Top 14 : « On verra bien comment les choses évoluent après les élections de juin. La scission du réseau est une éventualité que je me suis mise dans un coin de la tête. » À suivre…
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