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Carlos Da Silva, président de Go Voyages :« Nous pesons plus de deux milliards d’euros dans le vol sec »

Bruxelles a donné son feu vert au rapprochement entre Go Voyages, Opodo et eDreams. Pour Carlos Da Silva, président de la marque à la grenouille, c'est l'acte de naissance d'un géant européen du vol sec, qui commence à dessiner sa stratégie trilogique.

L'Écho touristique : Bruxelles a donné son aval au rapprochement entre Opodo, Go Voyages et eDreams, via une alliance entre les fonds d'investissements Axa et Permira. Sans restriction ?

Carlos Da Silva : Sans restriction. Nous ne supposions d'ailleurs pas autre chose qu'une décision positive de la part de la Commission européenne. Mais nous attendions impatiemment de l'obtenir, pour avancer. Maintenant, nous allons pouvoir travailler ensemble.

 

Le nouveau groupe pèse-t-il 3 milliards d'euros en 2010 ?

Un peu plus. Nous sommes un géant, voire le leader européen de la billetterie aérienne, en tant qu'agence en ligne. Les trois entités représentent des ventes cumulées de plus de 2 milliards d'euros de vols secs en 2010. Chacune réalise la majorité de son chiffre d'affaires dans l'aérien.

 

Quelles sont les sujets sur lesquels vous allez travailler en priorité ?

Je ne peux pas répondre. Nous avons toujours des restrictions extrêmement fortes en termes de communication. C'est la raison pour laquelle nous n'avons pas pris la parole à ce jour. La Commission européenne a donné son autorisation, mais nous attendons le "closing", soit la finalisation de l'opération prévue fin juin. Nous commençons tout juste à discuter avec Opodo et eDreams. Nous allons regarder comment organiser le groupe. Nous devons maintenant monter notre puzzle, sachant qu'il existe beaucoup de combinaisons possibles. Nous devrions pouvoir présenter notre stratégie commune cet automne.

 

Que vous inspirent les initiatives de Google, entre le rachat d'ITA Software et le lancement de son calendrier de vols ?

La première réaction, c'est la prudence. Le fait que Google donne des informations sur les vols facilite a priori la mise en relation directe de l'internaute avec les compagnies aériennes, et représente une perte potentielle de ventes. Mais les clients peuvent déjà quitter le site de Go Voyages pour passer en direct, sur celui d'une compagnie ! Notre pari pour l'avenir, c'est de toujours proposer une solution simple de réservation, du choix, de bons tarifs et du service. Pendant la crise du volcan, Air France n'a pas hésité à fermer ses bureaux à 19 h. Nous sommes restés ouverts jusqu'à plus de 22 h pour servir tous nos clients, parmi lesquels figuraient des passagers d'Air France.

 

Mais Google fait votre métier en affichant des calendriers de vols. Avec la brique ITA, il pourra ajouter la dimension transactionnelle…

Nous sommes confiants. Un client sur deux a déjà acheté chez nous. Aujourd'hui, selon Google justement, nous savons que le client visite en moyenne dix sites avant d'acheter. Cela nous laisse l'opportunité de décrocher la vente, directement ou via l'un de nos 1 400 affiliés. Il n'y a pas de raison que la situation change demain. Tous ces dangers potentiels, qui viennent de Google ou encore d'Apple, nous incitent à rester alertes et innovants.

 

Quel pourcentage du trafic vient de Google ?

Environ un tiers.

 

Quels sont les résultats de Go Voyages sur l'exercice clos le 31 mars ?

Nos résultats ne sont pas encore publiés. Mais nous avons déjà des informations assez précises. Notre chiffre d'affaires est en progression de 27 %, à 1,070 milliard d'euros, comparé à 841 millions d'euros en 2009/2010. Notre Ebitda (bénéfice d'exploitation avant intérêt, impôts et amortissements, ndrl), qui a atteint 24 millions d'euros l'an passé, suit à peu près le même rythme de croissance. Nous avons fait partir 2,6 millions de clients en 2010/2011, alors qu'ils étaient 2,1 millions un an plus tôt. Le panier moyen est en très légère hausse.

 

Les agences génèrent 100 millions d'euros (via le site BtoB et la revente TO). Est-ce un volume de ventes stabilisé ?

Oui. Nous parvenons à stabiliser le chiffre d'affaires qu'elles génèrent chez nous, en leur garantissant une technologie simple et de bons tarifs. Le fait que nous puissions émettre pour elles, même sur des tarifs publics, les intéresse. Pourtant, avec la commission zéro, la complexité croissante pour devenir Iata et Internet, les agences de voyages ont globalement perdu des parts de marché sur le vol sec loisir.

 

Quel est l'impact du printemps arabe sur l'activité cette année ?

Extrêmement fort. La Tunisie et le Maroc, qui étaient dans notre top 3 des destinations, sont en recul de 30 % au premier trimestre en nombre de clients, et de 45 % en chiffre d'affaires. Depuis avril, nous sommes à l'étale sur ces deux pays pour lesquels nous avons une importante clientèle ethnique. Heureusement, nous progressons sur d'autres axes. C'est notamment le cas, sur la période allant du 1er avril au 31 mai, de la Turquie (+ 65 %), de la Thaïlande (+ 33 %), du Royaume-Uni (+ 50 %), de la République tchèque (+ 100 %) et de l'Inde (+ 40 %). Nous anticipions des reports plus importants sur l'Espagne et la Grèce, qui sont en hausse de 7 % et 10 %.

 

Qu'avez-vous entrepris pour limiter la casse ?

Ce n'était pas facile, puisque nous sommes non pas producteurs, mais distributeurs sur les axes du Maghreb. Nous avons automatiquement récupéré les offres mises en place sur le marché. Cela a eu pour effet de soutenir un peu la demande. Mais de nombreux clients voulaient d'autres destinations, comme la Turquie, la Thaïlande, voire les États-Unis.

 

Qui détient le capital de Go Voyages ?

Axa Private Equity détient 58 % du capital depuis l'été dernier. Le Groupe Arnault est alors descendu à 10 %. Le management conserve 24 % des actions. Les 8 % restants appartiennent à l'arrangeur de la dette mezzanine (Five Arrows, de la banque Rothschild, ndrl).

 

Quel est votre taux de transformation ?

Notre look to book est de 1 % en moyenne, tous canaux de distribution confondus. Mais il varie considérablement. Certains affiliés sont à 0,1 %. D'autres atteignent 7 % ou 8 %. C'est notamment le cas sur les sites dédiés à des comités d'entreprise (qui ont leur moteur de vols secs, ndlr), où les salariés sont très motivés.

 

Quels sont vos développements sur le mobile ?

Notre application iPhone va évoluer pour devenir multilingue et multiplate-forme dans les prochains mois. Nous en sommes au début. Pour l'instant, nous enregistrons une vingtaine de ventes par jour sur les smartphones.

 

Quelles sont vos prévisions sur le nouvel exercice ?

Sur l'exercice 2011/2012, nous visons une croissance de 15 %, ce qui représente tout de même 160 millions d'euros de ventes additionnelles ! Nos investissements, technologiques et autres, nous imposent une taille très importante. Mais pour nous, le résultat d'exploitation prime toujours sur le volume.

 

« Nous devons maintenant monter notre puzzle, sachant qu'il existe beaucoup de combinaisons possibles »

 

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