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Aurélien Aufort (Marietton) : « Avec la crise économique, les destinations arabes regagnent de la compétitivité »

Reprise de l’activité, hausse des coûts et destinations en vogue : le directeur général de Voyamar et d’Héliades (Marietton) fait le point sur les tendances et les points de tension dans le secteur.

L’Echo touristique : L’activité semble très intense pour les tour-opérateurs en ce début de vacances d’été. Qu’en est-il chez Marietton ?

Aurélien Aufort : Le marché répond très largement présent, il y a une bonne diversité de destinations ouvertes. Les chiffres sont très positifs, y compris sur l’arrière-saison. Même s’il y a, potentiellement, un problème à chaque départ… Les grèves dans les aéroports ou au sein des compagnies aériennes et les difficultés qui en découlent compliquent le quotidien de nos équipes, qui sont mobilisées pour que nos clients passent de bonnes vacances. Donc il y a de l’activité, et c’est encourageant. Toutefois, cette activité coûte beaucoup en énergie, en ressources humaines et en dépenses. Mais c’est notre métier, et c’est ce qui nous permet de faire la différence.

Aurélien Aufort, DG de Voyamar © Linda Lainé

La hausse des coûts impacte-t-elle déjà Voyamar et Héliades ?

Aurélien Aufort : Pour la partie aérienne, nous sommes globalement protégés, puisque nous avons émis les billets il y a plusieurs mois. Seules les demandes de dernière minute sont exposées à une tarification aérienne très élevée. A destination, les réceptifs augmentent leurs prix, parce qu’ils voient leur pouvoir d’achat baisser drastiquement à cause des premiers effets de la crise économique. Pour l’instant, nous n’avons pas répercuté ces hausses sur le prix final.

La crise économique, c’est ce qui pourrait plomber la rentrée ?

Aurélien Aufort : Difficile de répondre à cette question. Nous travaillons sur deux scénarios : celui d’une rentrée très dynamique, semblable à ce qu’on connaît actuellement, et celui d’une rentrée moyenne, fragilisée par la crise économique et les craintes liées au pouvoir d’achat. Néanmoins, je suis optimiste. Si tout le monde ne pourra pas voyager, ceux qui pourront ne se priveront pas. L’effet « Revenge Travel » est loin d’être épuisé. Il n’y a qu’à voir les deux années que nous venons de traverser : malgré les contraintes et l’incertitude, dès qu’il y avait une fenêtre ouverte, le marché s’est précipité pour voyager. C’est à nous, tour-opérateurs, de savoir répondre aux attentes.

Chez Voyamar, la Tunisie est le carton incontestable de l’été.

En repensant les produits commercialisés, par exemple ?

Aurélien Aufort : Il faut surtout se mettre à la place du consommateur… et se montrer réaliste. La crise économique va s’installer et s’accentuer, c’est un fait. Les gens vont donc moins voyager, ou voyager différemment. Ils vont adapter leurs projets de voyage à leur budget. D’ailleurs, le succès de certaines destinations en 2022 n’est pas étranger à ce contexte, selon moi. Chez Voyamar, par exemple, la Tunisie est le carton incontestable de l’été. C’est une destination qui, pendant des décennies, a séduit le marché pour son rapport qualité/prix. Deux autres destinations, l’Egypte et la Jordanie, nous ont très agréablement surpris cette année. Mais, finalement, quand on se met à la place du consommateur, qui fait attention à son budget, ces succès sont très logiques. Le portefeuille est bon, chez Voyamar comme chez Héliades, qui est portée par l’attractivité de la Grèce et de ses destinations. 

Comment se profile le bilan 2022, versus 2019 ?

Aurélien Aufort : A la fin de l’exercice 2022, nous serons en retrait par rapport à 2019, c’est certain. Mais nous ne serons pas si loin de ces performances. Ce qui est positif. Parce qu’il faut replacer les choses dans leur contexte. Nous venons de traverser deux ans pendant lesquels les frontières étaient totalement fermées. Jusqu’au début du mois de mars 2022, le variant Omicron nous jouait encore des tours. Depuis, et malgré les autres actualités déstabilisantes, nous avons largement rattrapé notre retard. Donc, l’année 2019 sera moins bonne que l’année 2022, mais elle sera bonne, et encore plus en tenant compte du contexte global. Et puis, il y a d’autres bonnes nouvelles, comme le retour des clients en agences de voyages.

Tout ce que nous venons de traverser, et les difficultés qui s’annoncent pour les semaines à venir, remet l’agence de voyages physique au cœur des attentes de certains clients.

La distribution physique fonctionne bien ?

Aurélien Aufort : Tout ce que nous venons de traverser, et les difficultés qui s’annoncent pour les semaines à venir, remet selon moi l’agence de voyages physique au cœur des attentes de certains clients. Pendant la pandémie, les gens se sont rendus compte qu’il y avait un niveau d’information et de service différent entre une réservation en direct et via un intermédiaire. En ce moment, par exemple, les voyageurs qui ont directement réservé auprès de Transavia n’ont pas d’interlocuteur privilégié… L’acte d’achat dans une agence physique reprend du poil de la bête aussi parce qu’il est plus sécurisant pour un client qui souhaite maîtriser son budget. A titre d’exemple, en réservant son séjour en Grèce, pour cet été, en janvier dernier, on trouvait des billets d’avion à 150 euros. Aujourd’hui, il est impossible de trouver moins que 600 euros. Le marché devrait donc retrouver un peu ses vieux réflexes. Et le secteur en a grandement besoin.

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