Amslav Tourisme poursuit sa diversification forcée
Très fragilisé par les conséquences de la guerre en Ukraine, Amslav Tourisme s’est réinventé en 2024, nous explique Natacha Demoux, sa directrice générale.
L’un de vos défis pour 2024 était de reprendre contact avec la distribution. Le défi est relevé ?
Natacha Demoux : Pour Amslav Tourisme, 2024, c’était une année de reconquête. Nous avons rendu visite à nos clients les plus fidèles pour leur expliquer la transformation que nous avons opéré en tant que tour-opérateur. Pour rappel, nous sommes passés d’une activité concentrée à 80% sur la Russie et les croisières fluviales en 2019 à un voyagiste qui programme toute l’Europe en 2024. La marque s’était fait discrète pendant la crise sanitaire, et nous avions donc un gros travail de pédagogie à faire auprès de nos partenaires agents de voyages.
Et les agences ont bien répondu ?
Natacha Demoux : Les agences nous ont suivi. D’ailleurs, je reviens tout juste d’un éductour en Lituanie avec une douzaine d’entre eux. Mais elles nous ont surtout suivi sur les ventes. Nous les en remercions grandement, ce sont des partenaires indispensables.
Notre grande nouveauté de 2024, c’était l’Italie. Et ça a été un succès, notamment pour l’offre à la carte. D’ailleurs, l’activité à la carte représente désormais 80% de nos ventes. C’est un véritable pivot dans le modèle économique d’Amslav Tourisme… et presque un nouveau métier pour moi, par rapport à ma première expérience au sein du TO (2014-2019, Ndlr).
Quelles sont vos destinations les plus vendues, maintenant que la Russie ne fait plus partie de votre jeu ?
Natacha Demoux : Pour les individuels, c’est l’Autriche, qu’il s’agisse de week-ends à Vienne, de séjours dans le Tyrol ou de voyages en train. La Pologne arrive en deuxième position et je m’en réjouis. Je me suis beaucoup déplacée sur place, en 2024, pour relancer cette destination historique pour Amslav. Je pense que l’impact de la guerre entre l’Ukraine et la Russie diminue aussi dans l’esprit des Français. Enfin, la Croatie ferme le podium et, là aussi, c’est une très bonne nouvelle, puisque c’est une destination qu’on ne vendait pas avant 2024. Au global, nous faisons plus de 500 clients, en 2024, en FIT. Avec une équipe très resserrée dont je suis très fière.
Comment avez-vous pivoté ? On ne devient pas spécialiste du sur-mesure si facilement…
Natacha Demoux : C’est le résultat d’un énorme travail en équipe très réduite. J’ai embauché en janvier 2024 une spécialiste du sur-mesure et de l’Italie, Magali Mauger, qui est passée notamment par Donatello. Chez nous, seuls les spécialistes d’une destination ou d’une zone géographique vendent les produits concernés. Par exemple, je m’occupe de toutes les demandes liées aux Balkans. Alexandre Levy, notre commercial historique pour la région Sud, est spécialiste de l’Europe centrale et de la Laponie, où nous enregistrons de très beaux dossiers. Et nous nous appuyons également sur un réseau de fournisseurs locaux très dense en travaillant de plus en plus en direct, ce qui nous permet de maîtriser les produits qu’on commercialise à 100%.
Vous pourriez faire beaucoup plus avec de nouvelles recrues ?
Natacha Demoux : La restructuration d’Amslav et la formation de Magali à nos nouveaux process nous ont beaucoup occupé en 2024, en plus des réponses aux demandes des agences. Nous n’avons pas eu beaucoup de temps pour aller voir les agences spécialistes des groupes. Et c’est l’un de nos défis, pour 2025 : relancer ce service, sur lequel nous étions très forts auparavant. C’est beaucoup plus compliqué que le FIT, qui s’est relancé grâce aux agences fidèles, au bouche à oreille et aux réseaux sociaux. Mais nous sommes prêts, et notre production 2025 est prête, donc nous allons pouvoir retrouver toutes ses agences groupistes.
Quels sont les nouveautés de votre offre en 2025 ?
Natacha Demoux : D’abord, nous avons totalement repensé notre brochure. Elle s’étend désormais sur 160 pages, contre 90 l’année dernière. Parmi les nouveautés majeures, nous avons renforcé notre proposition de voyages en train. La demande des agences est énorme et ces produits fonctionnent très bien en Italie ou en Europe centrale. Nous avons recruté davantage de guides spécialistes. Nous relançons également la Mongolie et la Chine, deux destinations certes éloignées de l’Europe, mais historiques pour nous, à l’époque où nous programmions le Transsibérien. Et ce sont deux destinations que nous maîtrisons via nos expériences respectives. Nous relançons aussi une offre de tourisme fluvial.
Dans quelles destinations ?
Natacha Demoux : Nous programmons le Rhin, le Danube et le Douro, en partenariat avec Crucemundo. C’est important pour nous car les croisières fluviales font aussi partie de l’ADN d’Amslav. Nous espérons relancer ce segment, sur lequel nous avons été totalement oubliés. Et j’y crois avec ces produits, francophones à partir de 10 passagers français. Ce sont de beaux voyages, apaisants, sans stress. C’est notre partenariat principal pour 2025. Si nous arrivions à séduire entre 375 et 500 pax avec les croisières Rhin et Danube, je serais ravie.
