Ce que l’élection va (ou pas) changer
Activement soutenue par l'administration Obama, l'industrie touristique américaine connaît depuis trois ans un développement notable, dont l'économie du pays profite à plein. Une stratégie de croisssance et d'ouverture qui devrait être poursuivie par le président réélu.
Fin du suspense aux États-Unis. Mardi dernier, en votant pour une majorité de grands électeurs démocrates, les Américains ont reconduit Barack Obama à la tête de l'État pour quatre ans. Après des mois de campagne, avaient-ils en tête, au moment de faire leur choix, les intérêts de l'industrie touristique ? La US Travel Association, puissante organisation de représentation du secteur, aura quoi qu'il en soit tout fait pour que ce soit le cas. Jusqu'à organiser, pendant plus de 9 mois, l'une de ces méga-tournées en bus à travers le pays qu'affectionnent tant les Américains, baptisée « Vote Travel Campaign ».
Message principal assené par le lobby : le tourisme est un secteur clé de l'économie américaine, l'un des rares capables de créer des emplois non délocalisables et de soutenir la croissance face à la crise. Une idée qui a fait mouche auprès de l'administration Obama dès 2009. Le président s'est alors engagé dans un plan de développement du secteur qui passe en priorité par l'augmentation de la fréquentation internationale.
L'adoption du « Travel Promotion Act », en 2010, texte soutenu à la fois par Démocrates et Républicains, a marqué la première étape de cette stratégie. Cette loi vise à développer, pour la première fois, des opérations de promotion de la destination États-Unis à l'étranger, financées à parité par les touristes (via les 14 dollars de l'Esta) et par les professionnels du secteur. Le deuxième volet du plan d'action gouvernemental porte quant à lui sur l'augmentation du nombre de visas accordés aux visiteurs des pays émergents, en particulier le Brésil et la Chine, et la réduction de leurs délais d'attribution. C'est tout l'objet de la « Strategic travel and tourism initative », initiée par Barack Obama en janvier dernier, et qui produit déjà des effets spectaculaires.
Résultat : depuis début 2010, l'industrie touristique américaine connaît un sérieux bond en avant, que la faiblesse persistante du dollar a cependant largement contribué à soutenir. En moins de trois ans, le secteur a généré environ 290 000 nouveaux emplois, soit 7,2 % du total des créations de postes aux États-Unis au cours de la période. Il représente aujourd'hui 7,5 millions d'emplois directs. Rien qu'en 2012, il devrait participer également à hauteur de 12 % à la progression des exportations du pays. Et un nouveau record de fréquentation internationale est attendu cette année, au-delà de 65 millions de visiteurs.
OBJECTIF : 100 M DE VISITEURS INTERNATIONAUX EN 2021
Tout semble en outre indiquer que la dynamique se poursuivra dans les prochaines années. En 2013, le secteur devrait encore créer près de 100 000 emplois, d'après les chiffres d'US Travel, tandis qu'une hausse de la fréquentation étrangère de 4 % est attendue. L'objectif étant d'atteindre, en 2021, les 100 millions de visiteurs internationaux et les 250 milliards de dollars de recettes touristiques annuelles (contre 153 l'an dernier).
L'industrie touristique a-t-elle pour autant alimenté les débats de la campagne électorale ? « J'ai eu beau chercher dans les programmes des candidats, je n'ai rien trouvé concernant le secteur », répond Michel-Yves Labbé, président du Visit USA Committee en France. La veille de l'élection, il nous confiait cependant son souhait de ne pas voir Mitt Romney élu : « Les mormons, je les connais, j'ai déjà eu affaire à eux à l'époque de Bush père [dans les années 1990, Ndlr]. Ce sont des gens très rigides, sans capacité d'adaptation. Et moi, à l'inverse, je passe mon temps à expliquer aux Américains que nous sommes différents d'eux. » Voilà son voeu exaucé.
« Les États-Unis sont avant tout une valeur sûre, un pays stable, sécurisé et qui continuent de faire rêver les Français. »
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