Défaillance de XL Airways : « On a tous été surpris », explique un pilote

« Les actionnaires ne souhaitaient plus poursuivre », lâche d’emblée Philippe Nègre, le vice-président de la section SNPL d’XL Airways, quand on lui demande de revenir sur les raisons d’une telle défaillance. Une décision brutale, qui a « surpris tout le monde car ils venaient de valider le deposit nécessaire pour les avions de l’année prochaine. »

Les astres commençaient à s’aligner pour XL Airways. « La compagnie a fait une bonne saison estivale, et les ventes pour l’hiver prochain étaient très bonnes », d’après le syndicaliste. De plus, la direction s’était renforcée de deux hommes d’expérience. Christian Vernet, le directeur général délégué, qui avait renégocié tous les leasing des avions. Et Frédéric Revol (VP Sales & Marketing) dont le travail « commençait déjà à porter ses fruits. Nous avions déjà des lignes plus ou moins déjà ouverte pour l’année prochaine…  Et nous avions jusqu’à peu, beaucoup de trésorerie. C’était sans compter l’arrivée d’opérateurs tels que Primera Air, Wow Air, Norwegian. »

« Les signaux étaient mauvais »

Mais le capitaine d’A330 croit comprendre pourquoi les actionnaires familiaux  -dont la famille Moulin propriétaire des Galeries Lafayette- ont décidé de jeter l’éponge. « Ce ne sont pas des spécialistes de l’aérien. Ils ont déjà beaucoup investi dans l’entreprise. Je pense que l’impact des assises de l’aérien, plus que décevant, et le phénomène Greta Thunberg, ont fini par les décourager. Les signaux actuels étaient trop mauvais.»

Désormais, le pilote du SNPL le sait , il faut « retrouver un repreneur le plus vite possible. Par chance, XL Airways a une image correcte socialement. Il n’y a pas eu de grève depuis 10 ans. Malgré un gel des salaires depuis 2007 (pour les pilotes NDLR). Laurent Magnin, le PDG d’XL Airways, a toujours réussi à aplanir les angles pendant les périodes critiques. » En revanche, la compagnie possède des slots sur à l’aéroport Paris CDG. Des créneaux horaires qui n’ont pas du tout la même valeur que ceux d’Aigle Azur à Orly.

Déjà, des pistes de reprise

Lundi, les actionnaires (le groupe Dreamjet) ont fait une proposition au groupe Air France et au gouvernement, les équipes de Ben Smith (le directeur général d’Air France-KLM) doivent évaluer dans les quarante-huit heures s’il y a une capacité de sauvetage d’XL Airways. Pour Philippe Nègre, ce projet de reprise fait face à « un potentiel point de blocage très important. Au niveau juridique et social. Or, depuis qu’il est arrivé, Ben Smith a réussi à obtenir la paix sociale… »

Pour le syndicat, la solution viendra des institutions. « Nous attendons un geste fort de l’Etat. Le coût du travail en France est disproportionné par rapport à nos concurrents européens. Si l’Etat mettait dans la balance des réductions de charge, comme cela se fait dans la marine marchande, cela pourrait nous être bénéfique… », espère Philippe Nègre. Avant samedi midi, tout éventuel repreneur potentiel doit se faire connaître. « On sait qu’il y a des pistes », mais nous n’en saurons pas plus.