Une semaine verte à deux vitesses

Est-ce parce qu’elle se trouve noyée au milieu de pléthore de semaines consacrées à d’autres thèmes, ou bien parce que « semaine » et « développement durable » sonnent pour certains comme une contradiction que la Semaine du développement durable rencontre assez peu d’écho auprès d’une industrie pourtant de plus en plus attentive aux enjeux du tourisme responsable ? Du 1er au 7 avril a en effet lieu, pour la huitième année consécutive, cette initiative invitant les entreprises, associations, services publics, collectivités et établissements scolaires à promouvoir les principes du développement durable. L’an dernier, sur les 4 300 actions menées, 20 % émanaient d’entreprises privées. Quid, alors, du secteur touristique ? « En interne, nous sommes très focalisés sur cette thématique, explique Marc Leidelinger, président et fondateur de l’agence de voyages d’affaires Frequent Flyer Travel, nous n’attendons pas la Semaine du développement durable pour faire ce que l’on fait tous les jours. Nous devrions être certifiés Iso 14 001 d’ici la fin de l’année. C’est un vrai projet d’entreprise, pour lequel nous avons commencé par le commencement, en créant une charte du développement durable, le pilier de notre démarche. » Chez Transavia.com, qui vient de présenter le projet Solid’Air, issu du partenariat avec l’association Les Petits Débrouillards et dont le but est d’éduquer les jeunes au respect de l’environnement, l’argumentation est similaire. « La compagnie a volontairement lancé le projet à cette période, mais pour Transavia, la Semaine du développement durable c’est toute l’année », souligne-t-on au siège. Même attitude chez des tour-opérateurs très investis comme Transat France, Fram (qui a pourtant du grain à moudre ce printemps, avec son premier Village Nature, mais a préféré concentrer ses efforts sur le MAP) ou Voyageurs du Monde.

DES ACTIONS MÉDIATQUES

« Nous pensons que le travail et la sensibilisation dans ce domaine doivent être constants, et pas forcément liée à une semaine particulière », remarque Myriam Lallemand, DRH en charge du développement durable pour le groupe Voyageurs. Il n’empêche que la caisse de résonance créée par cette Semaine du développement durable peut avoir du bon. C’est ce que s’est dit le Syndicat national des agents de voyages (Snav) en choisissant d’envoyer, justement à partir du 30 mars, son Livret vert aux agences et en le faisant savoir aux médias. « Nous espérons que les agences seront d’autant plus réceptives et les encourageons à partager la réflexion avec leurs clients, explique Christian Orofino, président de la commission Tourisme Responsable au sein du syndicat. Le Livret vert est un outil pédagogique, bien dans l’esprit de cette semaine. Pour le reste, le tourisme a l’exposition qu’il mérite. Il reste encore tellement de choses à faire ! » C’est donc du côté des plus gros acteurs qu’il se passe quelque chose. Ainsi chez Pierre et Vacances, qui participe pour la sixième année consécutive avec des animations sur site et des ateliers en interne, « parce que c’est un temps fort pour réaffirmer des valeurs déjà ancrées au sein de l’entreprise ». De son côté, Nouvelles Frontières est passé au vert dès le 1er avril, en proposant un lien sur son site Internet. L’internaute est automatiquement redirigé vers une page intitulée « Mettez un peu de vert dans vos vacances », qui récapitule toutes les actions du groupe. Toujours très actif, Voyages.sncf.com (un des quatre exposants de l’industrie du tourisme présents au salon Planète Durable du 25 au 28 mars dernier) multiplie sur son site les animations entre le 1er et le 7 avril. Air France s’investit également, en diffusant à bord de ses avions un film sur le développement durable mais aussi, et c’est plus médiatique, en prévoyant un vol vert inédit pendant la semaine : un Paris-Miami qui utilisera toutes les procédures de limitation d’utilisation de carburant et donc d’impact sur l’environnement.