La Polynésie espère un rebond fin 2006
Après une année exceptionnelle chez les voyagistes, la destination souffre depuis janvier du retard pris pour délivrer les passeports biométriques réclamés par les Etats-Unis.
L’année 2005 fut un bon cru pour la Polynésie, qui a accueilli 81 000 touristes européens, en hausse de 2 % par rapport à 2004, dont 45 264 Français (+0,4 %). L’Europe a ainsi confirmé sa place de premier marché devant l’Amérique du Nord (73 900 visiteurs). Nous avons observé une baisse du tourisme affinitaire (amis, famille, soit 40 % des arrivées) au profit des ventes réalisées via les voyagistes, qui ont progressé de 15 %, se félicite Patrick Hoffnung, directeur France de Tahiti Tourisme. Autres motifs de satisfaction, le panier moyen des forfaits vendus a augmenté, pour atteindre 3 800 E par personne, et le marché français est de moins en moins sujet à un effet de saisonnalité.
Fort de ces résultats encourageants, Tahiti Tourisme engage deux campagnes de communication en 2006 : l’une axée sur l’image, au premier semestre, en partenariat avec Air Tahiti Nui et Air France, et une seconde, plus produits, en partenariat avec six TO, en deuxième partie d’année. La Polynésie sera également partenaire de l’édition 2006 de Paris Plage, Tahiti Tourisme assurant son animation. L’Office du tourisme polynésien renforcera par ailleurs sa présence sur les salons et poursuivra sa formation des vendeurs, avec, à ce jour, 182 agences certifiées Tiare Tahiti. Autant d’opérations qui font espérer à Patrick Hoffnung une progression de 3 à 4 % des arrivées cette année.
Une solution de repli très onéreuse
Cette prévision apparaît cependant quelque peu optimiste, l’activité étant perturbée, depuis le mois de janvier, par les conséquences du retard pris par la France dans la fabrication du passeport biométrique réclamé par les autorités américaines. Sans ce passeport (ou à défaut de passeport optique émis avant le 26 octobre 2005), il faut en effet neuf semaines pour obtenir du consulat américain à Paris le visa nécessaire pour le transit via les Etats-Unis. Nous allons ressentir au premier semestre les effets de cette situation, qui rend difficiles les ventes de dernière minute, reconnaît Patrick Hoffnung. Jean-Marc Hastings, directeur France d’Air Tahiti Nui, précise de son côté que la compagnie a déjà enregistré depuis janvier et pour les mois à venir une baisse des ventes de 15 % par rapport à 2005.
L’inquiétude est également forte chez les voyagistes, qui avaient tous réalisé une année 2005 exceptionnelle. Nous avons perdu notre avance pour revenir au même niveau qu’en 2004, regrette Patrick Bourgeix, chef de produits chez Kuoni. Pour contourner le problème, nous proposons aux clients un vol passant par Tokyo. Une solution de repli qui peut entraîner, selon la période, un surcoût variant de 200 à 1 500 E.
Même constat chez Austral Lagons, qui affiche encore des ventes en progression de 15 % en Polynésie, alors que toutes destinations confondues, les réservations sont en hausse de 50 %, confie le directeur général, Hélion de Villeneuve. Nous prenons actuellement un retard qui ne pourra être rattrapé, juge enfin Véronique Berthier, directrice de la production de Tourinter. Selon toute vraisemblance, les clients pénalisés par ce problème de passeport ont préféré différer leur voyage le temps de se voir délivrer le précieux sésame, quand ils n’ont pas purement et simplement choisi une autre destination.
Le gouvernement polynésien fait actuellement pression sur les autorités françaises pour régler au plus vite cette question, qui pénalise également la population locale. Une délégation a été reçue le 16 février par Philippe Douste-Blazy, ministre des Affaires étrangères. Les professionnels gardent donc l’espoir d’une solution rapide, au pire en mai prochain. En attendant, un grand distributeur prépare un coup sur la Polynésie qui sera dévoilé dans les prochaines semaines.
