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ÉDITO. L’UFC-Que Choisir contre les avoirs dans le voyage : un coup d’épée dans l’eau ?

Touchée, mais loin d’être coulée : l’ordonnance, qui a permis de préserver la trésorerie de nombreuses entreprises, n’a pas dit son dernier mot.

Les associations de consommateurs souhaitent torpiller l’ordonnance du 25 mars qui autorise une agence ou un TO à émettre un avoir, suite à l’annulation d’un forfait à cause du Covid-19. Un mauvais calcul, qui risquerait au contraire de retarder certains remboursements, comme l’explique Khalid El Wardi, secrétaire général de la Médiation du tourisme et du voyage. « Les dossiers des consommateurs en difficultés financières ne pourront pas être traités, puisqu’il faudra attendre la décision du Conseil d’Etat, ce qui peut prendre des mois », nous a-t-il expliqué. A l’origine, rappelons-le, une nouvelle Commission -réunissant associations de consommateurs, Entreprises du Voyage et Seto- devait justement vite statuer sur ces cas particuliers. Mais ça, c’était avant que l’UFC-Que Choisir ne claque la porte, sans préavis.

Selon nos informations, Bercy ne veut pas modifier l’ordonnance.

Aujourd’hui, cette association a-t-elle des chances de remporter la bataille ? Selon nos informations, la réponse est non, Bercy ne veut pas modifier l’ordonnance. Bruno Le Maire a conservé Bercy – le ministère de l’Économie des Finances et désormais de la relance -, ce qui est de bon augure pour la suite de l’histoire. Bercy et la DGCCRF prépareraient d’ailleurs une réponse motivée à la Commission européenne qui a mis en demeure 10 pays dont la France. Au coeur de l’argumentaire ? La création de la commission destinée à traiter les situations financières complexes de clients titulaires d’avoirs. Un dessein qui va dans le sens pro-consommateur de Bruxelles. Quoi qu’il en coûte.

En attendant l’issue de cette bataille, mieux vaut accélérer voire anticiper les reports.

Mais ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué. En attendant l’issue de cette bataille, le principe de précaution s’impose aux professionnels du voyage. Mieux vaut accélérer voire anticiper les reports. « Pour les voyages prévus dans les prochaines semaines sur des pays compliqués comme les Etats-Unis ou l’Inde, j’appelle mes clients et nous reportons », m’explique un TO. C’est aussi dans l’intérêt de l’organisateur comme du voyageur, qui l’a en général bien compris. Heureusement, dans cette année kafkaïenne, la majorité des clients se montrent aussi compréhensifs que solidaires, souligne Jean-François Rial (Voyageurs du Monde). En témoigne aussi la pétition initiée par ce dynamique réseau d’agences indépendantes du Cediv. Déjà, plus de 6000 personnes l’ont signée. Des professionnels du voyage bien sûr, mais aussi des voyageurs.

Plutôt que de s’en prendre à l’ordonnance, les associations de consommateurs seraient bien inspirées de se concentrer sur les compagnies aériennes qui ne remboursent pas les voyageurs. Des compagnies qui ne respectent pas ainsi le règlement (CE) 261/2004 alors même qu’elles ne bénéficient d’aucune garantie des fonds déposés (contrairement aux agences et TO) et que les vols secs sont exclus de l’ordonnance. L’une d’entre elles émet des avoirs valables trois ans. Si elle fait faillite d’ici là, les clients pourront faire des confettis de leurs avoirs. Sans compter que des compagnies ouvrent des vols à la vente et les annulent ensuite. Là, les voyageurs ont des raisons de se plaindre. Et ils ne s’en privent pas, auprès de vendeurs qui sont pris entre le marteau et l’enclume. D’ailleurs, la pression est tellement forte que des agences refusent de rouvrir leur portes. Des chefs d’agence d’un grand réseau ont démissionné. Des vendeurs sont en arrêt maladie. Il serait temps d’arrêter de tirer sur l’ambulance.

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