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ÉDITO. L’industrie du voyage en danger de mort

Help ! Les professionnels du secteur n’ont jamais autant demandé de l’aide, pour éviter des plans sociaux en cascade. A raison.

Comment survivre avec 20% maximum du chiffre d’affaires enregistré en 2020, versus 2019 ? C’est l’insoluble équation qui taraude la plupart des voyagistes (agences de voyages et TO). Cet été, par exemple, TUI France a enregistré environ 10% de son volume habituel en hôtels-clubs.

La traversée du désert, les acteurs du voyage la connaissent depuis mars 2020. Les mois de juin et de juillet ont créé de l’espoir, vite douché. C’est à cette époque que Jean-Baptiste Lemoyne a annoncé, sur Franceinfo, que le dispositif du chômage partiel serait prolongé jusqu’en décembre. Depuis, début septembre, le secrétaire d’Etat au Tourisme en a précisé les nouvelles modalités. Sur la fin de l’année 2020, le gouvernement prendra en charge non plus 100% de l’activité partielle, mais 85%. Donc, subsiste un reste à charge limité à 15% pour l’employeur. Jeudi 10 septembre, la ministre du Travail Elisabeth Borne évoquait sur BFM Business le maintien d’un « reste à charge limité à 15% pour l’employeur jusqu’au délai prévu pour négocier les accords d’activité partielle de longue durée, jusqu’à l’été prochain ». Donc, l’industrie du tourisme n’aurait plus de traitement particulier, alors qu’elle reste exsangue ? Incompréhensible.

Faut-il rappeler que, plus que de très nombreuses autres activités, le voyage est toujours quasiment à l’arrêt ? Et ce, pour une foultitude de raisons. La réouverture des frontières demeure cacophonique, sans cohésion européenne, avec des changements de formalités d’entrée décidées du jour au lendemain. Les restrictions de voyage se durcissent pour les Français, dans de nombreux pays et territoires. Même les Dom-Tom sont en souffrance, avec notamment la Guadeloupe en « alerte maximale ». Pour un déplacement loisir ou d’affaires, les tests PCR sont très difficiles à effectuer dans les délais impartis, ce qui entraîne une vague de nouvelles annulations. Car les laboratoires sont débordés, et les voyageurs ne sont pas du tout prioritaires. Les agences de voyages restent, en très grande majorité, fermées. Pendant ce temps, des charges courent toujours, comme les loyers et autres frais incompressibles. Les réclamations des voyageurs aussi, ce qui contraint à une coûteuse « permanence service client ».

Le gouvernement accompagne les voyagistes jusqu’au mois de septembre, avec une prise en charge à 100% de l’activité partielle – une mesure qui vient d’être prolongée jusqu’au 31 octobre. Tous les clignotants sont suffisamment au rouge pour qu’il poursuive un tel accompagnement. Sinon, l’effort de guerre entrepris depuis six mois pour maintenir les entreprises et les emplois, aura été (presque) vain. C’est ce qui est d’ailleurs acquis pour les acteurs de la restauration, rappelle un tweet de Jean-Baptiste Lemoyne.


Comme le disent les Entreprises du Voyage, 30 000 emplois et 3000 entreprises du tour-operating et de la distribution sont en danger. « Tant que la liberté de circulation n’est pas rétablie dans le monde, le secteur des voyagistes demande le maintien de la prise en charge à 100% du chômage partiel, la suppression des critères d’accès au fonds de solidarité, des aides au paiement des loyers », indique le syndicat. Car depuis la Seconde Guerre mondiale, jamais le secteur n’a été à ce point dans la panade. Nous n’oublions pas, en particulier, des métiers particulièrement sinistrés, comme les guides conférenciers et les spécialistes des voyages scolaires.

Si l’on veut « reconstruire » le secteur, il faudra aussi étudier l’accès à des tests Covid pour les clients qui disposent d’une réservation de séjour ou de transport. « Nous demandons qu’il soit mis en place une priorité et une organisation spécifique qui permettrait aux clients des agences déjà fortement pénalisées d’obtenir des résultats aux test en urgence », propose Adriana Minchella, présidente du Cediv. Une coordination accrue s’impose aussi, pour « relancer ce secteur vital pour l’économie européenne », comme le plaide Jean-Baptiste Lemoyne.

30 000 emplois et 3000 entreprises du tour-operating et de la distribution sont en danger.

Lundi prochain, Alain Griset, ministre délégué chargé des PME, organise à Bercy un « petit déjeuner » sur « les enjeux majeurs du secteur de l’hôtellerie-restauration ». Son service presse nous confirme qu’un événement comparable aura lieu pour le secteur du voyage. Espérons que de nouvelles mesures de soutien pourront naître à l’issue de ces deux rendez-vous organisés au ministère de l’Economie, des Finances et de la Relance. Il y a urgence. Les solutions viendront en grande partie du Quai d’Orsay -avec Jean-Baptiste Lemoyne à la manœuvre- et de Bercy… qui tient les cordons de la bourse.

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