ÉDITO. Réouverture des frontières : une cacophonie qui dépasse les bornes
Quelles destinations restent ouvertes ? Et jusqu’à quand ? Professionnels du voyage et voyageurs restent dans le plus grand flou artistique.
En ce mois de septembre, les professionnels du secteur ont le blues. Restrictions de voyage, tests Covid-19, voire demandes de quarantaine : les pays ont tendance à se refermer. En témoignent l’actualité des derniers jours. En Nouvelle-Calédonie, les restrictions aux frontières sont prolongées jusqu’en mars 2021. Le Canada refuse les voyageurs étrangers jusqu’au 30 septembre. Comme toujours depuis le printemps, les annonces tombent au dernier moment, avec application quasi immédiate. D’ailleurs, le Quai d’Orsay et le site européen Re-open en perdent le nord. S’agissant de la volonté de coordination au sein de l’Union européenne (UE), elle prend l’eau de partout. Plusieurs pays comme la France n’imposent aucune restriction aux voyageurs en provenance des autres pays de l’UE. En revanche, le Danemark ne veut plus de voyageurs français. La Hongrie referme ses frontières.
Selon la carte établie par l’UE, en plus de ces deux pays, l’Allemagne, la République tchèque, la Suisse, la Slovaquie, l’Italie, la Roumanie, les Pays-Bas, la Belgique, la Grèce, Chypre imposent des restrictions, à géométrie très variable, selon les nationalités. A y perdre son latin ! Cet imbroglio, avec des changements de consignes annoncés parfois sans préavis, « entraîne de la confusion pour les citoyens », de l’aveu même de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. « Nous proposons plus de clarté et de prévisibilité, avec un code couleur et des mesures communes », a-t-elle prôné. Un code couleur harmonisé « vert, orange, rouge », qui n’est pas encore en place. Y’a du boulot…
Notre priorité: que les Européens puissent voyager librement dans l’UE tout en endiguant le #COVID19. Avec les restrictions, il est dur de savoir où voyager et comment. Aujourd’hui, nous proposons + de clarté et de prévisibilité, avec un code couleur et des mesures communes. pic.twitter.com/wC23MNgVIM
— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) September 4, 2020
Sur les destinations long-courriers, c’est aussi cacophonique et confus. Il suffit pour s’en convaincre de prendre l’exemple de l’île Maurice. La réouverture complète des frontières sera envisagée, en fonction de l’évolution de la pandémie Covid-19, indique l’Office de Tourisme de la destination dans un communiqué. Sans date, ni objectif en termes de calendrier, impossible pour les voyagistes et les compagnies de bâtir un programme solide.
« S’agissant de l’Australie, les informations officielles ne sont pas très précises, voire parfois contradictoires entre celles de l’État fédéral et des différents Etats, explique un voyagiste. Dans tous les cas, toutes les sources concordent pour annoncer un délai de réouverture très lointain, plutôt autour de la fin du 1er semestre 2021 au plus tôt. C’est la raison pour laquelle nos réceptifs en Australie ont suspendu leurs départs jusqu’à fin juin 2021. S’agissant de la Nouvelle-Zélande, nos partenaires à destination nous parlent même d’une réouverture autour de septembre 2021. » Les espoirs de lente reprise du tourisme international, qui se multipliaient en juillet, s’effritent.
En attendant, il reste aux compagnies aériennes, aux agences, aux hébergeurs et aux TO la France (les sports d’hiver notamment), les territoires ultra-marins et quelques pays européens. Pas suffisant pour nourrir toutes les bouches du secteur. « Il faut tenir et comme toujours l’envie de vivre de beaux moments triomphera, le tourisme repartira (assez) vite », nous assure à raison le patron d’un grand voyagiste français. Mais pour nombre de pros, ce ne sera pas avant la fin de l’année 2021. Vous l’entendez, cette petite musique… de blues ?
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