Covid-19 : l’Union Européenne tente de mettre de l’ordre dans les restrictions de voyages
Bruxelles planche sur une meilleure coordination des restrictions de voyage entre les Etats membres, dont les différentes initiatives en la matière ont abouti à une véritable cacophonie.
Près de deux mois après la réouverture des frontières la confusion la plus totale règne sur les restrictions de voyage. Face à cette situation chaotique, qui pèse fortement sur la reprise du tourisme, l’UE semble décidée à vouloir mieux coordonner les restrictions de circulation. Une mission que l’on sait complexe, comme en avaient déjà attesté les négociations tendues pour dresser la liste des 15 pays dont les voyageurs pouvant entrer dans l’UE.
Selon des sources diplomatiques interrogées à l’issue d’une réunion des ambassadeurs à Bruxelles, les États membres tentent notamment d’avoir des données comparables et de renforcer la communication entre eux. « Personne n’a contesté la nécessité d’agir pour une meilleure coordination, pour ne pas reproduire la situation de mars. Mais c’est un travail complexe », a indiqué une source diplomatique. La question du seuil de cas de contamination pour 100000 habitants – à partir duquel une zone peut être classée à risque – est particulièrement épineuse, selon cette source.
« Une trop grande confusion entre les 27 »
La Commission européenne doit soumettre dans les deux prochains jours une proposition pour tenter également de coordonner ces restrictions. « Il s’agit d’avoir les mêmes critères pour définir les zones, puis d’avoir les mêmes définitions de zones pour tous les Européens: si une région ou un pays est en rouge, il le sera pour toute l’Europe », a expliqué à l’AFP le commissaire à la Justice Didier Reynders. « On se rend compte que la situation devient trop chaotique et la cerise sur le gâteau a été la décision hongroise » de fermer les frontières, estime Didier Reynders. Cette annonce de Budapest, qui prévoit des exceptions pour les citoyens de République tchèque, Slovaquie et Pologne, a conduit la Commission à envoyer un courrier au gouvernement hongrois pour lui demander des explications et le mettre en garde contre toute discrimination.
Le président du Parlement européen David Sassoli a aussi déploré une trop grande « confusion » entre les 27 et appelé à une coordination par la Commission Européenne. « Les citoyens et les entreprises (…) attendent une réponse commune, des règles claires sur la manière d’agir et de la transparence sur la définition des zones à risque », a-t-il indiqué dans un communiqué.
Des situations sanitaires très disparates
Au niveau européen, le nombre de cas de Covid-19 a augmenté ces cinq dernières semaines et s’établit à 46 infections pour 100000 habitants par semaine, selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC). Lors d’un débat au Parlement européen, la directrice de l’ECDC, Andrea Ammon, a souligné la disparité des situations épidémiologiques des pays de l’UE, qui vont de 2 à 176 cas pour 100000 habitants. Mais la fréquence des tests est aussi très diverse : elle varie selon les États de 173 à 6000 pour 100000 habitants par semaine. Une harmonisation des procédures et de la fréquence des tests est essentielle pour obtenir des données plus complètes et plus comparables sur les niveaux d’infection en Europe, a relevé le Dr Ammon.