Coronavirus : le tourisme est possible, « il ne faut pas bâcher l’Asie »
Les réservations de voyages décrochent en Asie. Pourtant, il reste possible de voyager normalement dans de nombreuses destinations du continent, selon des spécialistes.
Le coronavirus n’en finit plus de perturber l’économie mondiale et particulièrement celle du tourisme. Selon les derniers chiffres de Forward Keys (voir ci-dessous), qui analysent l’évolution des réservation de la France vers l’Asie (Chine exclue) par rapport à l’année dernière, la situation est inquiétante. Le 12 février dernier, le nombre de billets achetés depuis le début de l’année vers le continent asiatique avait déjà chuté de 68,5% (par rapport à 2019). Les données concernant le carnet de commande vers l’Asie du Sud-Est, pour les départs entre le 1er mars et le 31 mai, indiquent une baisse de 14,6%.
Mais pour les professionnels du voyage, cette baisse est disproportionnée, voire incompréhensible. Lors du Before de la Pata, qui a eu lieu mercredi dernier, ils sont revenus sur le décalage entre la réalité du phénomène et l’importance qu’on lui donne. « Malheureusement, à ce moment de la crise, c’est impossible d’avoir un discours audible », regrette Guillaume Linton, le PDG d’Asia.
Qui écouter ?
Beaucoup estiment que dans cette « situation inédite », il faudrait un interlocuteur unique. « D’habitude c’est le Quai d’Orsay, mais là, il y eu un message perturbant du Ministère de l’Education nationale concernant un voyage scolaire annulé en Italie ou encore du Ministère de la Santé pour Singapour », précise Guillaume Linton.
L’exemple de Singapour est d’ailleurs édifiant. « C’est le 7 février que Singapour a été mis en orange par le Quai d’Orsay. Or il a fallu attendre le 24 février pour attendre que les gens en France accordent enfin leur violon et considère la destination comme véritable foyer… » Pour beaucoup de spécialistes de l’Asie, « les agents de voyages manquent d’informations, il faut leur donner des arguments pour leurs clients ». « C’est au Seto de lui donner des conseils précis », estime un patron de tour-opérateur.
Le transit à Singapour fonctionne normalement
Selon les professionnels, il ne faut pas travailler sur des notions de destinations ou de pays mais plutôt sur les sites qui peuvent être visités. « En Thaïlande (13 cas actuellement, Ndlr), au Vietnam (0 cas), le Covid-19 n’est pas un sujet. Il n’y a aucun risque également à partir en Indonésie (0 cas) qui se porte très bien, en Malaisie (5 cas) ou encore aux Philippines (1 cas). A Singapour, le transit n’est pas problématique. Il ne faut pas faire d’amalgame avec la destination ! » insistent en cœur réceptifs, compagnies et tour-opérateurs.
Pourtant, le Cambodge, le Vietnam et la Thaïlande chutent de -61% en moyenne, avec de faibles écarts entre les trois pays, selon les Entreprises du Voyage. Un vrai plongeon, « alors que le Quai d’Orsay ne déconseille pas ces trois pays », a lui aussi souligné Jean-Pierre Mas, le président des EdV, lors d’une conférence de presse.
Similaire à une grippe saisonnière
En dehors de la zone de Wuhan (2%), le taux de létalité est proche de 0,7% ce qui est similaire à une grippe saisonnière, souligne Guillaume Linton. « Les masques, qui font peur à tout le monde, il faut savoir que ce n’est pas du tout nouveau en Asie. Les habitants en portent souvent à cause de la poussière », explique un réceptif du Laos.
« A part la Chine et la Corée du Sud, tout fonctionne correctement », résume Jean-Claude Balanos, le Vice-Président Leisure Sales d’Accor Hotels. « Il ne faut donc pas bâcher l’Asie », résume parfaitement Guillaume Linton, pour qui c’est une opportunité de voyager durant cette période trouble car les plus beaux sites sont vides, et les prix extrêmement attractifs. C’est également une chance pour les agences de voyage de montrer leur savoir-faire et leur importance lorsqu’il s’agit d’aider les clients confronter aux problèmes du coronavirus. « Nous passons nos journées à rerouter nos clients », confie un agent.
Selon notre sondage en ligne auprès des pros du voyage, 61,5% des votants déplorent une « forte baisse » des réservations sur les pays d’Asie. Le pourcentage était de 50% en date du 7 février.
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