Complexe de supériorité
« C’est bien connu, les Français ne voyagent pas comme les Allemands, les Anglais ou les Belges ; le succès de TUI outre-Rhin ou de Neckermann par-delà les Ardennes n’est pas adaptable à la France, entend-on régulièrement dans la bouche de quelques TO chauvins. Plus curieux, plus indépendants, nos compatriotes préféreraient des voyages hors des sentiers battus. C’est sans doute vrai, mais pour seulement une petite frange du marché, celle
C’est bien connu, les Français ne voyagent pas comme les Allemands, les Anglais ou les Belges ; le succès de TUI outre-Rhin ou de Neckermann par-delà les Ardennes n’est pas adaptable à la France, entend-on régulièrement dans la bouche de quelques TO chauvins. Plus curieux, plus indépendants, nos compatriotes préféreraient des voyages hors des sentiers battus. C’est sans doute vrai, mais pour seulement une petite frange du marché, celle des aventuriers qui réservent auprès de spécialistes pointus ou se font construire des voyages à la carte.
Faut-il dans ces conditions cultiver en permanence ce sentiment de supériorité et en conclure que ce qui plaît aux touristes du nord de l’Europe est définitivement has been chez nous ? Ce serait sans doute aller un peu vite en besogne et, surtout, risquer d’abandonner aux agences en ligne le coeur du marché. Souvenez-vous ! Il y a une dizaine d’années, nombre de voyagistes estimaient que la République dominicaine n’était pas faite pour les Français. Pas assez culturelle, pas assez francophone, on a tout dit ! Le résultat est édifiant : ils étaient 400 000 à bronzer sur ses plages l’an dernier ! En octobre 2003, dans une enquête de L’Echo touristique, alors que Nouvelles Frontières (fort de l’expérience de sa maison mère TUI en Allemagne) vantait les vertus du tout inclus, quelques grands TO mettaient en doute le succès potentiel de cette formule en France. Cet été, le all inclusive a pourtant envahi toutes les brochures. Alors quel crédit donner à ceux qui estiment aujourd’hui que la Bulgarie, qui fait une entrée fracassante dans les catalogues (chez Neckermann en particulier) ne trouvera jamais sa place sur l’échiquier touristique ?
Ce n’est pas un hasard si les voyagistes qui affichent les meilleurs résultats ces dernières années, d’Etapes Nouvelles à Marsans en passant par Plein Vent, sont aussi ceux qui ont su étudier la demande à l’étranger, sans se gargariser sur la soi-disant exception française ; ceux qui savent que les Français ne sont finalement pas si différents. Encore faut-il les écouter !
