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Christophe Aubert (Les Deux Alpes) : « En montagne, sans tourisme durable, il n’y a pas d’avenir »

Le maire des Deux Alpes, élu en 2020, veut profiter d’un contexte global favorable pour transformer l’activité touristique de la station. Et la rendre plus durable.

L’Echo touristique : Les vacances d’hiver battent leur plein, et les tendances semblent positives. Comment s aux Deux Alpes ?

Christophe Aubert : Nous vivons une belle saison. Il y a la neige, le soleil, et une belle fréquentation : les planètes semblent bien alignées. Il y avait ce besoin de revenir à la montagne, de profiter de la nature et des grands espaces. On constate cet engouement depuis l’été 2020, et il est désormais bien ancré. L’hiver 2021/2022 se passe très bien, et nous sommes ravis du retour des skieurs. Mais ils ne viennent pas seuls : ils sont accompagnés par ceux qui aiment le grand air, la balade, l’espace. Après deux ans de frustration, les gens ont besoin d’un retour aux sources, et la montagne en profite largement.

Pour la station, c’est le premier hiver avec un nouvel exploitant, SATA Group.

Christophe Aubert : La Compagnie des Alpes, la CDA, opérait la station depuis plus de dix ans, c’est vrai. Et il a été difficile de trouver un exploitant répondant à tous les critères de notre cahier des charges. Ça a été un long processus, très transparent, et c’est finalement la société d’économie mixte SATA Group qui a été retenue. Créée en 1959 pour accompagner le développement touristique de l’Alpe d’Huez, elle office désormais sur trois stations : l’Alpe d’Huez, les 2 Alpes, et La Grave. Et c’est un avantage pour nous. C’est un exploitant qui partage notre vision très territoriale du développement durable, parce que c’est le mot adapté, de nos communes. Nous pensons tous que nous devons aller vers un modèle plus durable. Parce que notre attractivité, c’est notre nature, notre environnement. Nous sommes contraints à faire du tourisme durable, sans quoi il n’y a pas d’avenir.

Le tourisme doit rester aussi prépondérant dans le futur en montagne ?

Christophe Aubert : Le tourisme est le moteur économique de nos territoires. Mais tout est lié. Pour pouvoir accueillir des touristes, toute l’année, dans de bonnes conditions, il faut que nous pensions avant tout au bien-être des habitants de la station. S’ils ne s’y sentent pas bien, ils ne resteront pas, et les hôtels, restaurants, commerces et autres ne seront pas ouverts toute l’année. Nous avons donc décidé de prendre des décisions en tenant compte des différents impacts qu’elles auront sur l’ensemble de l’écosystème de la montagne : les habitants, les professionnels du tourisme, l’environnement, les touristes… Par exemple, aux Deux Alpes, nous avons renforcé les moyens de notre observatoire, que nous n’hésitons pas à utiliser pour mener différentes études. Nous travaillons aussi en partenariat avec l’IRSTEA, le pôle scientifique dédié à la montagne de l’Université de Grenoble. En s’appuyant sur ce genre de travaux, et sur notre nouvelle gouvernance, nous pouvons adopter une approche avec beaucoup plus de lisibilité.

Sur le terrain, concrètement, qu’est-ce que ça donne ?

Christophe Aubert : A l’échelle de la commune, par exemple, nous avons renouvelé la flotte de la demi-douzaine de navettes gratuites qui sillonnent les 2 Alpes toute la journée, pour la constituer de véhicules électriques. C’est un investissement conséquent, et nous sommes peut-être la première station à le faire. Nous avons procédé de la même façon pour les véhicules municipaux, ou ceux de l’office de tourisme. C’est un exemple parmi tant d’autres. Nous agissons sur de nombreux aspects. Par exemple, en 2023, nous allons inaugurer une nouvelle remontée mécanique, qu’on surnomme « le TGV des montagnes ». Il s’agit d’un investissement majeur pour une station. Sans rentrer dans les détails techniques, c’est un modèle de télécabines beaucoup plus vertueux que les anciens modèles. Il est moins gourmand en énergie, plus silencieux, nécessite moins de pylônes… Il est beaucoup moins impactant. Au pied de ce nouvel équipement, nous installerons une sorte d’énorme consigne pour que les skieurs puissent déposer leur matériel à la fin de leur journée, et le retrouver, sec, le lendemain. Cela permettra de réduire l’utilisation du véhicule individuel en station, et de favoriser la piétonisation des Deux Alpes.

Pourquoi la station s’engage-t-elle autant ?

Christophe Aubert : Comme je l’ai dit précédemment, sans tourisme durable, il n’y a pas d’avenir pour nos territoires. Nous nous sommes fixés des objectifs ambitieux : nous voulons atteindre la neutralité carbone en 2040, soit dix ans avant l’échéance prévue par les Accords de Paris. Nous avons aussi entamé les démarches pour que la station soit labellisée « Flocon Vert ». Nos travaux menés avec l’Université de Grenoble nous montre qu’il y aura encore de la neige, aux 2 Alpes, dans 80 ans. Mais si nous voulons pouvoir continuer à profiter de cet environnement, nous devons faire des choix dès maintenant. Notre vision est claire, et nous avons la chance que le contexte global nous soit favorable : tous les acteurs de l’écosystème de la montagne s’y retrouvent. Nous en profitons donc pour faire ce vrai bond en avant pour la transformation durable de la commune.   

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