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Antilles : les hôteliers en quête d’un salut

La mission du médiateur, Alain Bodon, qui vient de rendre son rapport, a permis d’examiner au cas par cas la situation financière des hôtels antillais. Mais au-delà des difficultés conjoncturelles, le problème reste structurel.

En six mois, il aura fait dix fois l’aller-retour en Guadeloupe et Martinique, et visité 103 hôtels. Nommé en février dernier, Alain Bodon a remis le 29 novembre dernier à la ministre de l’Outre-mer, Marie-Luce Penchard, son rapport sur sa mission de médiation auprès des hôteliers antillais. Diagnostique : « une situation d’ensemble préoccupante » mais « des situations particulières contrastées ». Le rapport note ainsi que certains hôtels « n’ont pas bougé parfois depuis plusieurs dizaines d’années » et doivent se contenter, faute d’une commercialisation mieux travaillée, de taux de remplissage sur l’année « de seulement 30 ou 40 % ». À l’inverse, d’autres « réussissent à dégager des résultats positifs grâce à une bonne gestion et à un dynamisme commercial s’appuyant en particulier sur la recherche de clientèles par Internet ».

DOIT-ON RÉDUIRE L’HÔTELLERIE DE LOISIRS ?

Au terme de sa mission, Alain Bodon dit avoir identifié des solutions aux problèmes de 50 hôtels en Martinique et 25 en Guadeloupe. La question des cotisations fiscales et sociales, que nombre d’établissements en difficulté se disent incapables de payer depuis les grèves de 2009, et pour lesquelles ils réclament un moratoire, cristallise les doléances. Mais au-delà, c’est la rentabilité de l’activité hôtelière dans son ensemble qui est en débat. « Il y a en gros trois catégories d’établissements, synthétise Bruno Lecesne, DG du groupe Karibea Hotels. Les hôtels qui accueillent la clientèle d’affaires n’ont pas de souci : ils ont des clients toute l’année. Les résidences de tourisme s’en sortent à peu près aussi, car elles sont légères en masse salariale. Mais pour les hôtels purement loisirs, qui disposent de restaurants, c’est très dur, car ils ne tournent bien que quatre mois et demi par an tout en devant employer leurs salariés toute l’année. » Pour certains acteurs du secteur, la solution est donc dans la réduction drastique de l’hôtellerie de loisirs. « Elle ne fera jamais le poids face à l’offre des destinations concurrentes de la Caraïbe, justifie Yves Brossard, gérant du groupe Primea Hotels. Il faut privilégier les résidences de tourisme ; elles nous permettront de capter la clientèle senior en quête de longs-séjours, qui est croissante et n’est pas demandeuse de service. »

Mais ce discours est loin de faire l’unanimité. Nicolas Vion, président du groupement hôtelier guadeloupéen, s’y montre même radicalement opposé. « Nous avons la responsabilité morale et sociale de créer de l’emploi pour la population locale, martèle-t-il. D’autre part, c’est en fournissant du service que nous ferons face à la concurrence, donc en ayant du personnel. Ne faire que de la résidence, c’est transformer les Antilles en destination Bidochon. » Preuve si l’en fallait que l’éternelle question du positionnement de l’offre hôtelière antillaise n’est, décidément, toujours pas tranchée…

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