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Allibert se pose en puriste de l’aventure

Gérard Guerrier, DG du TO isérois, dénonce l'industrialisation du secteur, la course aux coûts réduits et l'attitude de clients toujours plus consuméristes. Mais Allibert échappe-t-il vraiment à la règle ?

«Notre métier disparaîtra-t-il victime de son succès ? » Posée en sous-titre d'une conférence sur les enjeux du tourisme d'aventure donnée le 11 janvier par Gérard Guerrier, directeur général d'Allibert Trekking, la question claque comme un cri d'alarme. « Des acteurs nouveaux issus de la finance, de la grande distribution, du tour-opérating de masse sont arrivés dans notre métier et lui appliquent leurs méthodes industrielles. Ils copient les produits des autres, enlèvent des prestations et compriment les coûts à tous les échelons », accuse-t-il, pointant notamment Géophyle, le fonds d'investissement du groupe Décathlon, qui contrôle Club Aventure et Atalante. Cette concurrence serait selon lui d'autant plus « déstructurante » qu'à démocratiser l'aventure en jouant principalement sur l'argument prix, elle attire de plus en plus de « consommateurs sûrs de leurs bons droits, qui en veulent pour leur argent, rejettent l'échange, se plaignent, etc. »

 

FÉDÉRER AUTOUR DE LA PRODUCTION

 

Face à ces dérives, Allibert revendique au contraire une vision réputée plus pure du tourisme responsable, tout en développant une stratégie du « banc de poissons » qui consiste à fédérer autour de lui des producteurs partageant la même philosophie. La montée au capital de Visages Trekking, de même que la création en 2010, de l'association Sentiers Croisés, qui regroupe huit marques indépendantes, en sont des illustrations.

Mais ce discours d'Allibert a le don d'agacer une bonne partie du métier. « Ils font la même chose que les autres depuis dix ans », tacle Éric Le Boulch, l'un des fondateurs, en 2010, de l'association Alpimondo. Cet ancien d'Atalante a voulu revenir aux fondamentaux, à commencer par la présence d'un guide accompagnateur français durant tout le voyage. « Pour réduire les coûts, les TO sous-traitent 95 % de leurs programmes à des prestataires locaux, qui font parfois n'importe quoi au détriment de la qualité et de la sécurité, martèle-t-il. Et puis ils ont perdu toute originalité, les produits sont identiques. » Rejetant l'approche industrielle, Alpimondo fait voyager à peine quelques centaines de clients par an, à des prix 10 à 15 % plus chers que les TO. De quoi provoquer l'énervement d'Yves Godeau, président d'ATT-ATR. « Faire passer Allibert pour du tourisme de masse, ça n'a aucun sens, s'emporte-t-il. C'est gentil de parler de tourisme responsable, mais si on fait trois clients et demi, ça ne sert pas à grand-chose. » Sur ce sujet, il renvoie d'ailleurs aussi Gérard Guerrier dans les cordes : « Je ne connais aucun groupe industriel qui ait réussi dans l'aventure. Voyageurs du Monde, ce n'est pas un gros TO qui a choisi d'investir dans l'aventure, c'est un TO qui a choisi l'aventure pour se développer, ce qui était un bon choix. » Et de rappeler qu'Allibert, tout puriste qu'il soit, n'est autre que la marque n°2 du secteur en chiffre d'affaires…

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