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Ce que Donald Trump fait craindre pour le tourisme

Contrôles plus sévères aux frontières, défiance vis-à-vis des ressortissants français… Si Donald Trump est fidèle à ses propos de campagne, le tourisme américain pourrait pâtir d'une élection encore impensable il y a quelques jours.

Y aura-t-il un effet Trump pour l'image touristique des Etats-Unis, a contrario du formidable élan de sympathie qu'avait suscité en 2008 l'élection de Barack Obama ?

Contrôle renforcé des Français

"Le résultat de la présidentielle américaine peut avoir des conséquences de grande ampleur pour le tourisme mondial", a prévenu dans son rapport 2016 le World Travel Market (WTM) qui se tenait à Londres du 7 au 9 novembre, au moment même de l'élection américaine.

Si le 45eme président des Etats-Unis, lui-même propriétaire d'une quinzaine d'hôtels aux Etats-Unis et de la célèbre Trump Tower à New York, n'a présenté aucun programme détaillé pour le secteur, il a en revanche tenu un certain nombre de propos qui laissent augurer d'un durcissement des formalités.

Dans une interview accordée à la chaîne américaine NBC le 24 juillet dernier, le candidat républicain avait fait le buzz en prévenant que s’il était élu président, les citoyens venus de France pourraient subir "un contrôle extrême" à la frontière afin de protéger les Etats-Unis. Depuis les attentats du 13 novembre, France rime avec terrorisme pour Donald Trump qui estime l'Hexagone "infecté", tout comme l'Allemagne.

"Nous devons être intelligents et nous devons être vigilants et nous devons être forts, (…) Nous devons avoir des normes strictes. Si une personne ne peut prouver qu’elle ne constitue pas une menace, elle n’a pas à venir dans ce pays."

Depuis le 1er avril dernier, les formalités d'entrée aux Etats-Unis ont déjà été durcies à la demande du Congrès. Seules les personnes titulaires d’un passeport électronique ou biométrique peuvent bénéficier du programme d’exemption de visa. Les personnes titulaires d’autres passeports doivent solliciter un visa auprès des autorités diplomatiques et consulaires américaines compétentes.

Une catastrophe en termes d'image selon M.-Y Labbé

Malgré cette défiance sécuritaire accrue et la hausse du dollar par rapport à l'euro, les Français ont largement plébiscité la destination ces dernières années. En 2015, les Etats-Unis ont battu un nouveau record, avec plus de 1,7 million de touristes français, en hausse de 5,6% par rapport à 2014 et 77, 5 millions de touristes internationaux (+3,3%). En rendant la destination plus accessible, l'offensive des compagnies low cost telles Norwegian, XL Airways ou encore Wow Air notamment sur la desserte de New York, ont soutenu le dynamisme du marché hexagonal. Cela suffira t-il à entretenir l'attrait ?

Pour Michel-Yves Labbé, ancien président du Visit Usa Committee (l'équivalent de l'OT des USA en France NDLR) cette élection est catastrophique et ne peut inspirer que du "désespoir". "Je n'aurais pas pu imaginer une telle chose possible. En même temps, j'ai eu le nez creux en ne me représentant pas à la tête du Visit Usa Committee. Lors de mon discours d'adieu, j'avais déclaré, de façon prémonitoire, que pour avoir présidé l'institution quatre ans sous la présidence de Bush, je ne me voyais pas le faire quatre ans sous celle de Trump. On y est aujourd'hui et c'est effarant, dangereux et assurément pas bon du tout pour notre métier".

Il est évident que l'image de la destination toute entière va en pâtir, estime l'ancien président du Visit USA Committee. "C'est dommage pour des Etats qui n'ont pas soutenu la candidature de Trump, comme la Californie. L'Iowa ou les grandes plaines, qui ont massivement voté pour la candidature républicaine, personne n'y va".

Un bilan Obama mitigé

Comment Trump peut-il influer sur la politique touristique du pays ? " Il est évident qu'il va imposer sa vision du reste du monde dans laquelle nous Français, Européens sommes des sous-hommes, des peuples pas développés. Il n'en a rien à faire de nous, parce que pour lui, sans culture ni humanisme, la fin justifie toujours les moyens. C'est un recul énorme sachant qu'Obama avait eu de bonnes intentions au départ pour le tourisme, mais n'a jamais pu finalement mettre en application comme il l'aurait souhaité le Travel Promotion Act, ayant toujours eu le Congrès contre lui". Le bilan touristique de sa mandature n'a donc rien de saillant.

Voté en février 2010, le "Travel Promotion Act", complété en 2012 par le "Travel Promotion Act", a réinstauré une compétence fédérale en matière de tourisme et créé un partenariat public-privé pour la promotion de la destination "Etats-Unis". Ce partenariat est porté par "Brand USA", supervisée par les" ministères" fédéraux (Commerce, Affaires étrangères et Sécurité intérieure). L’association travaille en étroite collaboration avec l’organisation patronale nationale (U.S.Travel Association) regroupant toutes les composantes de l’industrie touristique. L'objectif réaffirmé récemment est d'attirer 100 millions de touristes aux Etats-Unis d'ici 2021.

Le "rêve américain" auquel l'élection de Donald Trump porte un sacré coup sera-t-il suffisant pour continuer à séduire ? "Il faudra malgré tout continuer d'aller aux Etats-Unis", insiste Michel-Yves Labbé, "car cela reste un magnifique voyage". "Et les Américains sont des gens sympathiques, même parmi ceux qui ont voté Donald Trump".

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