Sécurité : le Maroc relativise la baisse du tourisme
Alors que les ventes sont en nette baisse sur le marché français depuis fin septembre, le ministre du tourisme marocain nuance, dans une interview au Huffington Post Maghreb, l’effet global de la menace terroriste sur la fréquentation touristique du pays.
L’appel à la vigilance renforcée du Quai d’Orsay, fin septembre, a provoqué ces dernières semaines un net recul des réservations vers le Maroc sur le marché français et l’irritation des autorités marocaines, qui ont officiellement demandé à la France de revoir ses consignes aux voyageurs.
A l’échelle globale du tourisme marocain, les conséquences de la menace terroriste liée à Daech restent toutefois limitées, a relativisé le ministre du Tourisme du Royaume, Lahcen Haddad, dans une interview publiée hier par l’édition marocaine du Huffington Post. "Les annulations ne sont pas massives et concernent essentiellement le marché français", a-t-il clairement indiqué.
"Pour les autres marchés européens, nous n’avons fort heureusement pas relevé de baisse inquiétante", ajoute-t-il, précisant que le recul des réservations "a surtout frappé la niche du tourisme d’aventures et les agences spécialisées dans ce créneau et, à moindre degré, le tourisme d’affaires".
Les touristes français représentent 18% des arrivées internationales
Reprenant les informations communiquées en France par plusieurs tour-opérateurs, qui "avancent une baisse de 15% sur la destination Maroc", le ministre rappelle également que les TO français ne font voyager que 12% des visiteurs hexagonaux dans le pays, le reste se rendant donc au Royaume chérifien de manière autonome en "achat direct individuel".
Les touristes français représentent environ 18% des 10 millions de visiteurs internationaux qui se sont rendus au Maroc en 2013. Si l’on retire de ces chiffres les 4,7 millions de Marocains résidents à l’étranger qui se rendent dans leur pays d’origine chaque année (et sont comptabilisés dans les statistiques de fréquentation internationale), les touristes français forment environ 33% des visiteurs étrangers.
Parmi eux, 12% viennent donc par le biais d’un tour-opérateur, soit environ 3,9% du volume total de touristes étrangers dans le Royaume. Une baisse moyenne de 15% du nombre de clients chez les TO français ne représenterait donc qu’environ 0,6% de baisse du volume global de touristes étrangers vers le Maroc.
Mais Lahcen Haddad ne chiffre pas la baisse estimée du nombre de touristes français qui voyagent au Maroc en direct, sans passer par un TO. A supposer qu'elle soit également d'environ 15% (et sans prendre en compte d'éventuelles variations sur les autres marchés émetteurs), l’impact pour la destination serait alors beaucoup plus important, avec un recul global de la fréquentation étrangère de 5% tant que le marché français ne se relève pas.