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Recrutement : Korner, à contre-courant de l’hôtellerie traditionnelle

Adepte de la gestion décentralisée, le groupe Korner se positionne en rupture de l’hôtellerie traditionnelle. En misant sur une organisation plus horizontale et une approche valorisante du travail, il parvient à recruter plus facilement.

Présent à Paris avec déjà neuf établissements, Korner s’apprête à en acquérir un dixième. Parallèlement, le groupe explore des opportunités dans plusieurs grandes villes françaises comme Marseille, Lyon et Toulouse. Son ADN repose sur la revitalisation de petits hôtels indépendants situés en centre-ville, des établissements « entre 20 et 35 chambres souvent ignorés par les investisseurs traditionnels », explique Cécile Rosset, cofondatrice du groupe.

Avec Benoît Piel et Maxime Letessier, Cécile Rosset est à l’origine du groupe Korner. © Korner

Avec une centaine de collaborateurs, Korner s’attache à « créer un environnement de travail où chacun peut évoluer selon ses compétences et aspirations », indique-t-elle. Une approche qui tranche avec l’organisation traditionnelle du secteur, jugée trop verticale.

« La petite hôtellerie n’a pas su prendre le virage de la modernité »

« Pourquoi l’hôtellerie peine-t-elle à recruter aujourd’hui ? Parce que les postes proposés ne sont pas attractifs » observe Cécile Rosset. Elle dénonce notamment le manque d’autonomie accordé aux employés : « En 2025, un réceptionniste cantonné aux check-in et check-out, devant encore imprimer et classer des réservations, relève d’un autre âge ». Elle se souvient aussi d’une réceptionniste incapable de remplacer un bouquet de fleurs fané sans l’aval de sa direction, « cela illustre le retard pris par la petite hôtellerie qui n’a pas su prendre le virage de la modernité ».

Gouvernance horizontale et modèle décentralisé

C’est précisément sur ce point que Korner fait la différence. Contrairement aux structures classiques, le groupe a mis en place une gouvernance horizontale et un modèle décentralisé. « Nous avons repensé les métiers hôteliers pour offrir davantage d’autonomie et de reconnaissance aux employés » souligne Cécile Rosset.

Ce système repose sur une organisation basée sur des rôles plutôt que sur des postes fixes. Chaque hôte de jour peut ainsi postuler à des missions spécifiques, telles que recruteur, acheteur, instagrameur… pour l’ensemble du groupe. Ces rôles sont attribués pour une période de quatre à six mois et validés par une élection interne. Ce fonctionnement permet à tous les hôtes de jour, classés agents de maîtrise, de percevoir un salaire brut de 2 650 euros pour des contrats de 36 ou 42 heures, avec des primes selon les missions exercées.

« L’hôte Korner considère son espace comme sa maison »

« Plutôt que d’avoir un siège central où les décisions sont prises et des opérationnels chargés de les exécuter, nous avons éclaté les responsabilités en une trentaine de rôles, couvrant ainsi les fonctions traditionnellement assurées dans une structure centralisée » résume Cécile Rosset, qui ajoute : « l’hôte Korner considère son espace comme sa maison et en assume la responsabilité. N’ayant pas à gérer de tâches administratives liées au client, il peut ainsi offrir des échanges plus qualitatifs et chaleureux avec ce dernier ».

Les conditions de travail sont également repensées pour les autres métiers de l’hôtellerie. Les femmes et valets de chambre bénéficient de contrats de 35 heures. S’ils le souhaitent, ils peuvent intervenir dans un hôtel le matin et dans un autre l’après-midi. Pour ces déplacements entre établissements, une prime de pénibilité est prévue, rendant le poste plus attractif. « Aucun hôtel ne devrait rencontrer de difficultés de recrutement pour le housekeeping s’il offre des conditions de travail normales » affirme Cécile Rosset.

Les techniciens, des profils plus difficiles à recruter

Par contre le recrutement reste un défi pour les techniciens – au nombre de deux pour neuf hôtels actuellement – chargés de l’entretien et de la maintenance des établissements. Là-encore, Korner a donc mis en place un système flexible leur permettant d’intervenir sur plusieurs hôtels. « Nous devons faire preuve d’agilité pour attirer ces profils techniques en leur proposant des missions variées et adaptées à leurs attentes » précise encore la responsable.

La technologie en appui

Pour encadrer cette organisation horizontale, le groupe s’appuie sur une plateforme technologique, le Korner Management System (KMS). L’intelligence artificielle y occupe une place centrale avec « Jarvis », un assistant digital qui guide les employés en leur fournissant des informations pratiques sur les procédures internes.

Face aux tensions sur le marché de l’emploi, Korner mise donc sur une stratégie de recrutement différenciante. En proposant des plannings flexibles (semaines de trois à quatre jours), des rémunérations attractives et des perspectives d’évolution basées sur la prise de rôles, l’entreprise dit « attirer et retenir les talents ».

Avec « un taux d’occupation de 96 % en 2024 », Korner a généré un chiffre d’affaires de 11 millions d’euros et prévoit d’atteindre 13 millions d’euros en 2025. Pour soutenir cette croissance, le groupe prépare « une levée de fonds de 100 à 120 millions d’euros ». « Nous croyons en un modèle où les équipes sont pleinement engagées et valorisées. C’est ainsi que nous façonnons l’hôtellerie de demain » conclut Cécile Rosset.

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