Recrutement dans l’hôtellerie : crise et solutions
L’Echo touristique a mené une série d’interviews sur la crise du recrutement dans le secteur hôtelier, qui perdure depuis plusieurs années. Après les turbulences post-Covid, les acteurs du secteur déploient des stratégies innovantes pour attirer et fidéliser leurs équipes.
Aujourd’hui, malgré une reprise progressive, les tensions demeurent. Elles portent notamment sur des postes en réception, personnel d’étage (housekeeping) et restauration. Le turnover y est particulièrement élevé. En parallèle, le nombre de jeunes formés aux métiers de l’hôtellerie a chuté, exacerbant les difficultés de recrutement.
Jonathan Jeulin, directeur de l’hôtel indépendant Paris d’Issy (Issy-les-Moulineaux), illustre bien les problèmes de recrutement. « Cela fait deux ans que je cherche un réceptionniste de nuit », explique-t-il. Faute de mieux, l’établissement fait appel à des intérimaires ou à des auto-entrepreneurs, une solution plus coûteuse et moins stable.
Intuition et adaptabilité
Dans un contexte où certains candidats ne se présentent même plus aux entretiens, les directeurs d’hôtels doivent faire preuve d’adaptabilité. Karine Périn, à la tête de l’hôtel Akena Serris Val d’Europe, mise sur l’intuition et la polyvalence entre les postes. Elle n’hésite pas non plus à donner leur chance à des profils atypiques.
Face aux difficultés d’embauche, les hôteliers diversifient aussi leurs canaux de recrutement. Ils utilisent les réseaux sociaux, les plateformes en ligne et les forums. Souhaitant mettre tous les atouts de son côté, Appart’City a mis en place une prime de bienvenue pour chaque employé validant sa période d’essai. Résultat, près de 150 collaborateurs recrutés en un an.
Chez Belambra, la double saisonnalité se transforme en opportunité. Le groupe propose des CDI à ceux qui travaillent en hiver comme en été. Cela assure une stabilité aux collaborateurs tout en répondant aux besoins fluctuants des établissements.
Organisation du travail repensée
Face aux tensions sur le marché de l’emploi, certaines chaînes hôtelières repensent totalement leur organisation managériale. Chez Korner, la hiérarchie traditionnelle a été abandonnée au profit d’une structure horizontale. Les employés, au lieu d’être cantonnés à un poste rigide, peuvent postuler à des rôles variés : recruteur, instagrameur, acheteur…
Le bien-être au travail est également un critère clé. Le Four Seasons Megève met à disposition de ses collaborateurs des logements dédiés ainsi que des navettes gratuites pour faciliter leurs déplacements.
Au-delà des initiatives locales, le secteur tout entier cherche à renforcer son attractivité, notamment lors de la Semaine des métiers du tourisme. Avec des salaires (re)valorisés, des parcours de formation en interne et des écoles hôtelières intégrées comme celle créée par Best Western, l’industrie tente de construire un ascenseur social.
Dans un secteur crucial pour l’économie, reste à savoir si toutes les initiatives déployées seront suffisantes pour combler les milliers de postes vacants chaque année.
Tous les articles de L’Echo touristique sur les problématiques du recrutement dans l’hôtellerie :
- Le secteur de l’hôtellerie plus que jamais confronté au défi du recrutement
- Navettes gratuites, hébergement… : comment un hôtelier bichonne ses employés
- Hôtellerie : « Sans prévenir, de nombreux candidats ne se présentent pas aux entretiens »
- Comment Appart’City a surmonté la crise du recrutement
- Recrutement : Korner, à contre-courant de l’hôtellerie traditionnelle
- « Cela fait deux ans que je cherche un réceptionniste de nuit »
- Belambra face au défi du recrutement saisonnier
- « L’hôtellerie doit redevenir un ascenseur social » – O. Cohn (Best Western)