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Le secteur de l’hôtellerie plus que jamais confronté au défi du recrutement

Secteur majeur de l’économie nationale, l’hôtellerie-restauration demeure toujours engluée dans des difficultés de recrutement.

Pour se rendre compte de l’ampleur du problème, il suffit se s’arrêter sur quelques chiffres. Au troisième trimestre l’an dernier, près de 63 000 emplois étaient vacants dans les entreprises de l’hébergement-restauration (21 708 dans les structures de plus de 10 salariés), indique le ministère de l’Économie et des Finances, précisant dans le même temps que 59% des projets d’emploi étaient considérés comme des recrutements difficiles à effectuer.

Le mal est-il profond ? Depuis la crise Covid, il manquerait chaque année 200 000 postes, essentiellement des saisonniers, dans les hôtels et restaurants en France. C’est l’estimation de l’Umih, provenant d’un savant calcul entre « les départs avec notamment le renouvellement des générations, le besoin de saisonniers, le turnover naturel ».

« Il y a autant d’établissements qui ouvrent, et autant qui ferment » résume Lorenzo Dri, son directeur Emploi Formation, qui pointe surtout « la diminution du nombre de jeunes formés aux métiers de l’hôtellerie-restauration ». Selon lui, la filière créée « en moyenne 10 000 emplois nets par an ». Comme un paradoxe.

En dix ans, dix fois moins de jeunes en formation

Si le secteur est dynamique, il est extrêmement tendu à l’entrée sur le marché du travail. « Le nombre de jeunes en formation est passé de 110 000 il y a 10-15 ans à seulement 12 000 aujourd’hui », ajoute le responsable de l’Umih. 

Cette baisse drastique serait liée l’attractivité du métier mais aussi à un problème démographique. « Les études le disent, le pic de la baisse de la démographie, c’est 2027 » souligne Lorenzo Dri. Conséquence, poursuit le dirigeant, « on a de moins en moins de jeunes qui entrent en formation, et dans le même temps, de plus en plus de secteurs qui cherchent à pourvoir leurs besoins en emploi ».

En résumé, les besoins en personnel augmentent, mais l’offre de jeunes formés ne suit pas, ce qui créée naturellement une tension sur le marché de l’emploi. La filière hôtellerie-restauration doit en outre faire face à la concurrence d’autres secteurs en manque de personnel.

Travailler sur l’attractivité du secteur

La main d’œuvre devenant rare, les entreprises doivent être plus proactives et s’adapter aux besoins des employés pour les retenir. Et ce, quelle que soit la fonction : réceptionniste, femmes de chambre, barman ou commis de cuisine.

Le secteur doit toujours travailler sur son attractivité et l’intégration des nouveaux collaborateurs. « C’est ce que nous faisons avec France Travail (ex-Pôle Emploi). Depuis quatre ans, nous avons renforcé nos liens avec eux », glisse Lorenzo Dri. Les services de l’établissement public intègrent désormais des interlocuteurs régionaux dédiés à l’hôtellerie-restauration. « Dès qu’on a des besoins, on leur envoie la liste propre à chaque territoire » précise le responsable à l’Umih.

Pour répondre aux défis du recrutement, l’Umih et la Fondation INFA (Institut National de Formation et d’Application) ont le mois dernier renouvelé leur convention de partenariat à l’échelle nationale. Cet accord renforce une collaboration initiée dans plusieurs départements et régions.

« Un gros porteur d’emplois » dans des PME/TPE

Sur le plan national ou local, les initiatives ne s’arrêtent pas là. Sous l’impulsion du gouvernement se tiendra du 17 au 21 mars prochain la troisième édition de la Semaine des métiers du tourisme. Une opportunité supplémentaire, notamment pour les jeunes et demandeurs d’emploi de découvrir la « grande diversité des professions et formations » du secteur selon le gouvernement. « L’hôtellerie-restauration, c’est un gros porteur d’emplois mais qui est composé en grande majorité de toutes petites entreprises. Il faut sans cesse s’adapter » explique Lorenzo Dri qui s’efforce « d’animer le maximum de réunions dans les territoires ».

Marqué par une forte proportion de CDD de courte durée, le secteur offre néanmoins des avantages, comme la possibilité de monter en compétences. Et donc, à force de travail, d’évoluer vers des postes de direction. 

Quant à ceux qui évoquent une rémunération faible, le dirigeant estime que c’est un faux débat. « Quand vous regardez la moyenne des rémunérations en France, je n’ai pas l’impression qu’on paye moins cher un bac-3 qu’un bac+5 qui a fait un concours dans l’administration » dit-il.

 


France Travail : les chiffres clés de l’hébergement

  • 106 320 offres d’emploi (sur le deuxième trimestre 2024).
  • 382 620 embauches (sur le deuxième trimestre 2024).
  • 25 472 établissements en France.
  • 266 806 salariés (en 2023).
  • 6,1% en CDI ; 71% en CDD de moins d’un mois ; 17% en CDD entre un et six mois ; 5,3% en CDD de plus de six mois.

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