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« Cela fait deux ans que je cherche un réceptionniste de nuit »

Le recrutement dans l’hôtellerie, notamment pour les établissements indépendants, est un véritable défi. Jonathan Jeulin, directeur de l’hôtel 3* Paris d’Issy, nous parle des difficultés rencontrées pour notamment embaucher un réceptionniste de nuit.

Depuis deux ans, Jonathan Jeulin peine à trouver un « night » pour son établissement de 53 chambres situé à Issy-les-Moulineaux, à deux pas de Paris, près de la porte de Versailles.

L’hôtel fonctionne avec une équipe de neuf personnes : deux réceptionnistes de jour, cinq femmes de ménage, une personne en charge des petits-déjeuners, ainsi qu’un technicien externalisé. Les contrats sont en 35 ou 39 heures. Mais reste toujours un poste clé à pourvoir, celui de réceptionniste de nuit, afin de compléter l’équipe.

Les profils ne répondent pas aux exigences du poste 

Malgré des annonces publiées sur Indeed et un nombre important de candidatures reçues, les profils ne répondent pas aux exigences du poste. « Beaucoup de contacts, mais émanant de gens qui n’ont pas d’expérience », déplore le directeur. Conscient qu’il faut aussi savoir donner sa chance à de jeunes recrues, Jonathan Jeulin insiste néanmoins sur « l’immense responsabilité » d’un réceptionniste de nuit. « Plusieurs fois par semaine, pendant une dizaine d’heures, il doit assurer la sécurité et la gestion d’un établissement pouvant accueillir jusqu’à 110 clients, ce n’est pas rien » déclare-t-il.

Des compétences linguistiques qui font défaut

Un autre problème rencontré lors du processus de recrutement est le manque d’engagement de certains candidats. « Il y a beaucoup de profils intéressants, mais lorsqu’on leur propose un entretien ou un essai, ils ne prennent même pas la peine de prévenir s’ils ne viennent pas. Peut-être ont-ils trouvé ailleurs, mais dans ce cas, qu’ils nous le signalent. C’est un manque de respect », regrette-t-il.

Souvent dans l’hôtellerie, un niveau minimum d’anglais est indispensable. « Nous avons une clientèle internationale. Pour un client qui paie 200 euros la nuit, il est impensable que le réceptionniste ne puisse pas le comprendre ». Un test simple suffit parfois à révéler des lacunes : « J’ai demandé à un candidat « How would you get back ? ». Il n’a pas compris, et donc je n’ai pas pu l’embaucher », illustre Jonathan Jeulin.

Des sociétés d’intérim, mais ce n’est pas l’idéal

Faute de candidat idéal, l’hôtel a recours aux services d’intérim, notamment via l’agence One Staff, ce qui représente un coût additionnel. En effet, ces solutions impliquent des frais de mise en relation et nécessitent parfois de former chaque nouvel intérimaire à l’utilisation de logiciels internes. Jonathan Jeulin a également tenté de faire appel à des auto-entrepreneurs, mais ces derniers offrent une stabilité moindre. « Du jour au lendemain, certains décident de ne plus venir. C’est pourquoi dorénavant je cherche spécifiquement un CDI », explique-t-il.

Les difficultés de recrutement dans l’hôtellerie s’inscrivent dans un contexte plus large. D’autres secteurs, comme la restauration et la logistique, font face aux mêmes problématiques. La pandémie a accéléré la reconversion de nombreux travailleurs vers des métiers offrant plus de flexibilité et de meilleures conditions de travail. Les entreprises doivent désormais redoubler d’efforts pour attirer et fidéliser les talents, notamment en améliorant la qualité de vie au travail et en proposant des évolutions de carrière plus claires.

L’e-réputation, enjeu aussi crucial que les étoiles

Pour faire face aux difficultés de recrutement, de plus en plus d’hôtels misent sur leur marque employeur. Ils privilégient la communication sur les réseaux sociaux, partagent des témoignages de leurs salariés et mettent en avant les avantages offerts. Certains établissements choisissent également de former leurs employés en interne pour compenser le manque d’expérience des candidats.

Dans cette démarche, Jonathan Jeulin souligne l’importance des avis en ligne : « Mieux vaut être un excellent hôtel 3 étoiles qu’un mauvais hôtel 4 étoiles. Les avis et notes sur Booking sont essentiels, car ils proviennent de clients ayant réellement réservé et séjourné dans l’hôtel, contrairement à ceux de Tripadvisor ». Pour lui, « en fin de compte, l’e-réputation est aussi importante que les étoiles. » Cette réputation, précise-t-il, joue un rôle crucial non seulement pour attirer les clients, mais aussi pour séduire le personnel qui souhaite rejoindre l’établissement.

Cet engagement pour une marque employeur forte trouve écho dans le parcours de Jonathan Jeulin. Il illustre bien cette réalité du secteur, ayant lui-même débuté comme réceptionniste de nuit pour financer ses études. Grâce à un Master Grandes Écoles, il a pu gravir les échelons et gagner en visibilité auprès des recruteurs. Il met également en lumière la difficulté du métier de femme de chambre, qu’il considère comme « le poste le plus difficile en hôtellerie. Les pourboires qu’elles reçoivent sont bien mérités ».

1 commentaire
  1. Custaeu dit

    pres de 2 millions de RSA , 2.5 million de chomeurs et pas fichu de trouver un candidat , le probleme est ailleurs

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