Pourquoi les prix des forfaits vont augmenter en 2016
La concentration de la demande sur les destinations de l'Europe du sud crée des tensions sur les capacités et une concurrence exacerbée qui vont forcément renchérir les prix. Une bonne nouvelle pour des destinations en perte de vitesse comme la Tunisie ?
Selon le Baromètre annuel du Seto présenté le 15 décembre, les ventes de forfaits vers l'Europe du Sud ont augmenté de 10 points au cours de l'exercice 2014-2015. "Les clients continuent de migrer vers l'Espagne, la Grèce, l'Italie", a constaté René-Marc Chikli, président du Syndicat des entreprises du tour-operating.
Des hôteliers plus gourmands
"On assiste depuis plusieurs saisons à une complète restructuration des ventes et donc de l'offre des tour-opérateurs pour prendre en compte la désaffection pour les pays du Maghreb. Mais cette concentration complique la donne", commente René-Marc Chikli qui s'inquiète de la concurrence entre TO sur le marché français mais aussi entre marchés européens.
"Il va falloir prendre en compte en 2016 l'arrivée des clientèles britanniques et russes qui se détournent à leur tour de la Tunisie, de la Turquie, de l'Egypte pour se reporter vers les Baléares, les Canaries, la Grèce. Il n'y aura pas de chambres pour tout le monde et les hôteliers vont logiquement en profiter et être plus gourmands".
Les délais de réservations tardifs en France jouent aussi contre les TO hexagonaux. "Les clients britanniques se positionnent beaucoup plus tôt", remarque Pascal de Izaguirre, président de TUI France (Marmara/Nouvelles Frontières). Du coup, les voyagistes outre-Manche sont déjà très engagés et les hôteliers "préfèrent contracter avec eux car ils ont ainsi une meilleure visibilité".
Le prix de la sécurité
Bref, pour trouver de la capacité l'été prochain, il faudra être offensif et y mettre le prix, d'autant que les destinations en profitent aussi pour relever taxes et/ou TVA, à l'instar des Baléares ou de la Grèce. Les tarifs vont donc augmenter sauf à ce que les TO rabotent, encore un peu plus, leurs marges.
La clientèle française suivra-t-elle? "Les Français seront prêts à payer plus cher, comme en 2015, pour sortir de la Tunisie", remarque René-Marc Chikli. "Il y a une prime à la sécurité", confirme Pascal de Izaguirre, sachant qu'au final cela devrait aussi bénéficier à la France, destination refuge, déjà en 2015.
"Mais il y a aura aussi des clients qui reviendront en Tunisie à Pâques et en août prochain parce qu'à 500€ la semaine, la destination restera imbattable", assure Laurent Abitbol, directeur général de Voyamar.
Miser sur la créativité
Les voyagistes anticipent néanmoins déjà que cette situation compliquée aura un impact sur leur marge. "Il faut sortir de ces destinations où nous sommes tous en concurrence les uns avec les autres. Je tire le signal d'alarme", commente Raouf Benslimane, président de Thalasso N°1/Ôvoyages, leader sur les Canaries.
"J'ai fait une bonne année 2015 mais j'ai été obligé de jouer sur mes marges. J'invite le marché à être créatif car la concentration amène une pression très forte sur nos marges à tous. Il faut trouver de nouveau axes. Et le dire, les prix vont augmenter en 2016. A nous maintenant d'être créatifs, de proposer de nouvelles destinations. On ne peut pas tous programmer les Canaries !"
