L’édito de Dominique Gobert : Air France et KLM, du rififi aussi
Dans la série « Rififi chez… », voici maintenant le vaste sujet Air France versus KLM. Longue série d’escarmouches entre la compagnie batave et le transporteur gaulois…
Cette fois, il semble bien qu’Air France reprenne la main. Ben Smith, Oncle Ben pour les intimes, est redoutable. Et quand il décide, quoi qu’il en coûte, il ne lâche rien. A preuve, mais aidé par nos instances gouvernementales, il vient de pousser son homologue patron de KLM, Pieter Elbers, vers une sortie pas franchement glorieuse.
Pieter Elbers n’assumera pas un troisième mandat à la tête de la compagnie néerlandaise.
Sous couvert de « concertation » avec le principal intéressé, Oncle Ben aura bel et bien eu la peau de celui qu’il détestait cordialement. Il faut dire quand même que ce dernier aura défendu bec et ongles une certaine indépendance de KLM vis-à-vis d’Air France.
Peut-être aussi que le fait que KLM, après la « réunification » avec Air France, avait réussi en moins de temps qu’il faut le dire, à retrouver non seulement l’équilibre, mais également à gagner de l’argent, aurait vexé Ben Smith.

Il faut dire aussi que l’Etat batave n’a jamais abandonné sa compagnie nationale. D’ailleurs, sa dernière tentative n’était pas dénuée de toute innocence. N’est ce pas en 2019, juste avant la pandémie, que l’Etat néerlandais, grâce à une opération boursière est parvenue à monter à 14% du capital Air France/KLM, à égalité avec les Français ?
Si je puis me permettre, la pandémie a bien arrangé Ben Smith et l’Etat français, lequel, à coups de plusieurs milliards d’euros, s’est retrouvé en position « de force » dans le capital : 28,6% des parts contre seulement 9,3% pour la Batavie.
Rififi entre Etats ? Certes. Rififi entre deux hommes aux profils diamétralement opposés ? La réponse est oui aux deux questions.
En fait, l’Etat néerlandais n’a jamais accepté la « prise en main » par Air France de sa compagnie. Néanmoins, lors de cette opération, n’oublions pas qu’Air France devait, à terme, prendre le contrôle total de KLM et en faire une véritable filiale… Les choses ne se sont pas tout à fait passées ainsi, Air France n’ayant pas eu à l’époque les moyens financiers d’absorber son homologue néerlandaise.
Pourtant, dès son arrivée, Oncle Ben avait bien dans l’idée de réaliser cette opération de fusion. Et bien évidemment, Pieter Elbers n’était pas du tout enclin à se faire absorber. Bien au contraire, pour lui, l’indépendance de KLM était une priorité absolue. D’ailleurs, n’avait-il pas marqué son opposition envers Ben Smith, refusant à ce dernier l’entrée au conseil d’administration de KLM ?
Désormais, Ben Smith a les mains libres, dans la mesure où le successeur de Pieter Elbers sera « choisi » selon des critères bien définis et surtout sans velléité d’indépendance. De quoi encore entrevoir quelque passes d’armes entre les deux Etats « proprios » du transporteur !
Ne serait-ce que pour le renouvellement de la flotte, Ben ayant commandé quelque 100 A320, alors que KLM a toujours été fidèle aux aéroplanes de Boeing !
Sans oublier les différences syndicales entre les pilotes de KLM et ceux d’Air France, toujours prompts à vouloir diriger la compagnie.
Pour le moment, les Gaulois mènent la partie… Est-elle vraiment finie ?
Pas sûr, il faut toujours se méfier de l’eau qui dort….
excellent !