Le Kenya divise les TO

African Safari Club, Longs Courriers et Vision du Globe (spécialiste des groupes et des CE)  plaident la cause du Kenya dans une lettre ouverte adressée à René-Marc Chikli, président de l’association de tour-opérateurs/Ceto. L’association vient de reconduire jusqu’au 5 février sa recommandation de suspendre les départs vers le Kenya. Si les deux TO ne sont pas membres du Ceto, cette décision n’est pas sans conséquences pour eux, en raison de sa répercussion médiatique, expliquent les auteurs de la lettre, Eric Landry (African Safari Club), Irvin Rozental (Groupe Vision) et Roland Boissy (Longs Courriers). « Parmi les membres du CETO, à peine quatre ou cinq sont de réels producteurs de safaris au Kenya et seulement deux ou trois représentent un volume d’affaires pouvant être pris en considération (…). Nous pouvons prétendre à une connaissance certaine de la destination et représentons tout de même une part essentielle, voire la plus grosse partie du marché français vers ce pays. (…) peut-être aurions nous pu être consultés » regrettent les auteurs. « Force est de constater que ces émeutes tragiques se sont essentiellement déroulées dans l’Ouest du Kenya, dans une région totalement hors des circuits touristiques (…). Quand aux banlieues bidonvilles de Nairobi, voire même de Mombasa, la violence y est quotidienne depuis fort longtemps. La violence, la misère et la mort y sont hélas banalisées depuis des années (…) peu de médias en ont parlé durant ces dernières années. Aujourd’hui [cette violence] risque fort d’être confondue avec d’autres combats, pouvant conduire à une analyse peu objective de la situation. (…) Nous pouvons témoigner que tous nos clients présents au Kenya durant ces deux dernières semaines, n’ont subi aucune perturbation pendant leur séjour et qu’aucun safari n’a du changer son itinéraire » ajoutent-ils.

Enfin, les trois TO s’en remettent aux décisions prises dans les autres pays européens :  « Le Foreign office britannique [a levé]  ses restrictions quant aux voyages à destination du Kenya. L’Allemagne, l’Autriche et la Suisse devraient rapidement suivre. (…) Nous souhaiterions donc vivement (…) une relecture des positions du Ceto » concluent-ils, en précisant que le risque zéro n’existe NULLe part et en citant la Corse en exemple.

D’autres voyagistes spécialistes du Kenya et non membres du Ceto comme Vie Sauvage partagent cette position. Le Ceto  n’est pas représentatif de tous les TO, remarque Christian Abily, directeur général. Nous considérons en tant que professionnels que l’on peut continuer à  voyager au Kenya mais le battage médiatique est tel que de plus en plus de nos clients veulent annuler ou reporter. Jusqu’à présent, nous appliquions des frais de dossier. Les consignes du Ceto de report ou d’annulation sans frais, largement relayées, jettent le trouble. Je précise que s’il doit y avoir solidarité, les compagnies aériennes devraient aussi se sentir concernées. En effet, elles continuent, y compris en cas de report, comme Air France-KLM,  à nous compter des frais de dossier. Je ne comprends pas pourquoi il n’y a que les TO qui devraient supporter tous les frais alors que le consommateur en est complètement éxonéré. Christian Abily s’émeut également du comportement des assureurs. Europe Assistance ne nous couvre plus pour les rapatriements. La décision a été prise sans que nous en soyons avisés, c’est automatique en cas d’émeute. Par ailleurs, impossible de savoir si je suis toujours couvert par ma RCP. Si ce n’était plus le cas, cela veut dire que mon assureur m’empêche de travailler… .

(Photo : éductour au Kenya de Longs Courriers du 9 au 16 décembre derniers)