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La Jordanie craint pour sa reprise

La Jordanie avait retrouvé quelques couleurs en 2005. Une reprise fragile, que le triple attentat suicide perpétré à Amman risque de remettre en cause.

La Jordanie est encore sous le choc. Le 10 novembre, le triple attentat suicide contre les hôtels Radisson SAS, Grand Hyatt et Days Inn à Amman a fait 56 morts et une centaine de blessés. C’est la première fois qu’une attaque terroriste d’une telle ampleur frappe le royaume. La Jordanie figurait depuis longtemps sur la liste des cibles potentielles d’Al-Qaïda. Pourtant, le pays avait échappé au pire et demeurait jusquà présent un havre de stabilité, dans une région de conflits.

C’est donc un mauvais coup pour le royaume hachémite, défenseur d’un islam tolérant, mais dont le tourisme pâtit injustement, et ce depuis des années, d’un contexte géopolitique tendu. Prise en sandwich entre Israël et l’Irak, la Jordanie subit par ailleurs, au moins sur le marché français, un amalgame injuste : nos compatriotes la confondent très souvent avec la Cisjordanie, ignorant ses trésors touristiques, de la cité de Pétra au désert du Wadi Rum, de la mer Morte à la mer Rouge, des sites romains aux châteaux croisés. Le premier handicap de la destination a toujours été son nom, reconnaît Ashraf Bu El-Ghaït, PDG de Djos’ Air, leader avec 3 000 clients en Jordanie en 2004. Un problème inconnu ailleurs, puisqu’en anglais, on parle de West Bank ou d’East Bank pour désigner les territoires occupés de Cisjordanie.

De nombreuses nouveautés

Malgré cette contre-publicité permanente, le petit royaume avait retrouvé des couleurs sur le marché français depuis un an. En 2004, il avait accueilli 15 024 touristes en provenance de l’Hexagone, soit un léger 4,4 % de mieux qu’en 2003. Depuis le début de l’année, la croissance était au rendez-vous (+50 % selon l’Office de tourisme) et les quelques TO comme Djos’Air, Kuoni, Asia ou STI Voyages, restés fidèles au pays malgré sa fréquentation en dents de scie et le trou d’air de 2003, au moment de la guerre en Irak, s’attendaient même à battre des records.

Ainsi STI tablait sur 1 500 clients individuels au 31 décembre, soit près du double de 2004. Le spécialiste de l’Egypte et du Moyen-Orient avait même adapté sa production en conséquence, avec de nombreuses nouveautés cet hiver et notamment un très beau circuit autour des réserves naturelles. Les réservations étaient en forte hausse jusqu’à la semaine dernière, confirme Dominique Millet, chef de produits. Même tendance chez Kuoni qui, au 6 novembre, totalisait 950 clients depuis le 1er janvier, et enregistrait des réservations en progression de 150 % par rapport à l’an dernier. Nous étions sur une moyenne de 40 à 50 réservations par semaine, témoigne Floréal Gavalda, directeur de la production. Djos’Air notait de son côté un ralentissement depuis les attentats de Sharm el-Sheikh en juillet mais continuait de soutenir la destination avec notamment un vol charter (avec Air Link) Paris-Aqaba. Revenue en grâce, la Jordanie était par ailleurs une nouveauté chez de nombreux TO cet automne (Voyamar, Plein Vent, Starter…).

Reports sans frais de dates ou de destination

Il est encore trop tôt pour mesurer l’impact des attentats. Suivant les consignes de l’Association des tour-opérateurs (Ceto), les départs sont maintenus. Seules les conditions d’annulation ont été assouplies pour les départs jusqu’au 14 novembre, autorisant des reports de dates ou de destination sans frais. Une partie des clients en a profité, mais sans mouvement de panique. Aucun de nos 43 clients inscrits pour le 19 novembre ne s’est manifesté, remarque Floréal Gavalda. Nous avons même effectué deux réservations le 12 novembre pour le mois de février, indique Dominique Millet. Autant dire que le plan de formation que prévoit la Jordanie pour les agences en 2006 tombera à pic…

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