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Crise dans le secteur aérien : la tension monte à ADP

Pertes record, plan de départ et salaires revus à la baisse : le climat social au sein du groupe ADP est tendu alors que syndicats et direction négocient les conditions d’un plan social qui s’imposera aux salariés refusant une baisse de salaire.

« C’est du jamais vu », s’insurge Laurent Garssine, secrétaire général de l’Unsa chez ADP. Depuis l’annonce en janvier d’un « plan d’adaptation des contrats de travail » qui prévoit baisses de salaires et dénonciation d’accords passés, la direction a ouvert des négociations pour discuter d’un éventuel plan de sauvegarde de l’emploi (PSE). Un plan qui sera mis en œuvre pour tout salarié refusant la modification de son contrat de travail.

L’une des clauses de ce nouveau contrat prévoit également des mobilités contraintes pour « adapter » l’entreprise à la nouvelle donne post-covid dans le secteur aérien. Une clause qui a provoqué le départ provisoire de l’Unsa de la table des négociations. « Les mesures salariales que vous imposez aux salariés sont suffisamment pénalisantes pour leur pouvoir d’achat sans qu’il soit nécessaire d’imposer en plus des mobilités géographiques entre les plateformes aéroportuaires », explique l’Unsa dans un communiqué.

Une croissance ininterrompue… jusqu’en 2020

Pour le groupe ADP, il s’agit de « s’adapter pour passer d’un modèle d’accompagnement de croissance à un modèle de gestion d’une situation dans laquelle les activités et les investissements seront réduits ». « Depuis 1946, il n’y avait eu que de la croissance, avec une entreprise entièrement tournée vers le développement, y compris dans le dialogue social. Jusqu’à présent, on n’avait jamais eu un dialogue social qui avait porté sur des restructurations d’ADP SA », avance Edward Arkwright, directeur général du groupe, pour expliquer la tension ambiante.

Signe d’un certain mal-être, les candidats au départ dans le cadre d’une rupture conventionnelle collective (RCC) proposée en décembre se sont avérés beaucoup plus nombreux que prévu. L’objectif avait été fixé à 1 150 départs, soit 11% des effectifs d’ADP, mais près de 1 500 personnes se sont portées volontaires. « Beaucoup de personnes vont être déçues parce qu’elles ne partiront pas » avec la RCC, explique Rachid Eddaidj, « donc il y a un risque qu’elles s’inscrivent dans le PSE ». Il évalue le nombre de candidats au départ avec un PSE à plusieurs centaines, « et ça, la direction ne s’y attendait pas », ce qui expliquerait sa réticence « à y mettre les moyens ».

60% de passagers en moins en 2020

La CFE-CGC évalue les baisses de salaire de 15 à 20% dans certains cas, bien au-delà des 4 à 8% avancés par la direction. « Il y a un climat de dépit », décrit Rachid Eddaidj, d’autant que près de 200 salariés ne travaillent plus du tout depuis bientôt un an. Mercredi, ADP, ravagé comme l’ensemble du secteur aérien par la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19, a communiqué ses résultats pour l’année 2020 avec une perte record de 1,17 milliard d’euros.

Le groupe qui gère une vingtaine d’autres équipements aéroportuaires dans le monde a perdu 60% de ses passagers l’année dernière par rapport à 2019. Pour 2021, il estime que le trafic passagers n’atteindra qu’entre 35% et 45% du niveau de 2019. Il faudra attendre entre 2023 et 2027 pour retrouver les niveaux d’avant 2020, estime le groupe.

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