Alexandre Demaille (RapideVisa) : « Notre activité dépend de nombreux facteurs extérieurs qu’on ne maîtrise pas »
Plus le monde est compliqué, plus RapideVisa travaille ! C’est, en substance, ce que nous explique Alexandre Demaille, co-fondateur de l’agence spécialisée dans l’obtention de visas.
L’Echo touristique : 2025 approche avec, comme chaque année, des évolutions en matière de formalités. Quelles sont les grandes modifications à venir ?
Alexandre Demaille : La mise en place d’un e-visa appelé ETA par le Royaume-Uni à compter du 1er avril 2025 (pour les touristes français, NDLR) montre bien la tendance qu’on observe dans de nombreuses destinations, à savoir le déploiement de ces visas électroniques. De nombreux pays qui exemptaient jusqu’ici les touristes de visa les mettent désormais en place. L’Union européenne prévoit aussi de franchir le pas en 2025 pour les voyageurs extra-communautaires, et des pays envisagent d’appliquer des mesures de réciprocité (Brésil, Japon, Corée du Sud). Tout ceci n’est pas définitif, mais c’est à surveiller.
Cette veille, c’est l’un des engagements de RapideVisa ?
Alexandre Demaille : Nous sommes en veille continue, de façon proactive et surtout humaine. C’est l’une des raisons pour lesquels des clients B2C comme B2B nous sollicitent. L’autre, c’est la fiabilité de nos services. Nous ne communiquons jamais sur la base de rumeurs ou d’imprécisions car nous savons à quel point cela peut bouleverser les préparatifs d’un voyage. Nous ne communiquons donc que lorsque les informations sont fiables ou officielles.
Comment vous assurez-vous de cette fiabilité ?
Alexandre Demaille : Depuis notre création, en 2013, nous entretenons des liens très forts avec les consulats et ambassades à Paris, mais aussi les ministères des affaires étrangères dans les pays. Certains de nos agents sont là depuis plus de dix ans (RapideVisa emploie 20 personnes, NDLR) et la confiance est désormais nouée. Nous échangeons aussi avec le Seto, les EDV, des réceptifs à destination… Nous recoupons toutes ces informations et lorsque nous sommes sûrs, nous informons nos partenaires et nos clients.
Votre activité porte principalement sur des visas « loisirs » ?
Alexandre Demaille : Nous traitons toutes sortes de demandes. C’est d’ailleurs ce qui nous oblige à avoir ces excellentes relations avec nos interlocuteurs. Nous les sollicitons parfois sur des cas très spécifiques, loin de l’univers du loisir pur. RapideVisa, c’est environ 50 000 visas délivrés par an. Il y a des tonnes de motifs de voyage différents, des typologies de clientèles, des demandes particulières… Notre travail n’est pas le même quand on s’occupe d’un couple qui veut faire le tour du monde et qu’on doit décrocher un visa, en urgence, pour un voyageur d’affaires. C’est stimulant et ça montre que notre quotidien, qui pourrait paraître rébarbatif, est varié.
L’activité n’est pas trop risquée au regard du contexte géopolitique tendu à l’échelle mondiale ?
Alexandre Demaille : Notre activité dépend de nombreux facteurs extérieurs qu’on ne maîtrise pas. Mais c’est ce qui fait que RapideVisa existe ! Les clients font appel à nous parce que l’environnement des formalités est complexe. C’était le constat qu’on faisait au moment de la création de l’agence, et il est toujours valable. Et ça vaut pour nous. En 2019, la Russie et la Chine étaient les destinations qui nous faisaient le plus travailler. Mais il n’y a plus de voyages vers la Russie, et la Chine a mis en place une exemption de visa qui simplifie les démarches des voyageurs. Evidemment, notre activité a été impacté. C’est donc un métier stressant, avec un périmètre qui peut s’agrandir ou se rétrécir rapidement en fonction de ces éléments extérieurs. C’est sûrement ce qui en fait aussi son intérêt.
Quelles sont les destinations qui vous occupent le plus désormais ?
Alexandre Demaille : L’Inde et la Tanzanie. En termes de volumes, ce sont les deux destinations les plus demandées par nos clients. Cela traduit de la technique nécessaire pour réaliser ces formalités sans erreurs, mais aussi de tendances sur le marché des destinations. La Tanzanie est d’ailleurs un exemple intéressant parce que le visa peut toujours être obtenu à l’aéroport à l’arrivée. Mais cela sous-entend une attente supplémentaire, du stress… bref, tout le contraire que ce que veut un voyagiste pour ses clients. La plupart d’entre eux optent donc pour la version électronique.
A terme, est-ce que la mise en place de toutes ces formalités électroniques menacent votre modèle économique ?
Alexandre Demaille : Lorsque nous avons créé RapideVisa, notre objectif était de simplifier les formalités des agents de voyages et de leurs clients en leur garantissant aucune erreur. Nous pensons que ce positionnement est toujours pertinent. Le besoin d’assistance des voyageurs est bien réel. Nous sommes là pour leur faire gagner du temps et leur assurer qu’il n’y aura aucune erreur dans la réalisation de toutes ces formalités.
Comment RapideVisa va faire pour poursuivre sa croissance ? Est-ce que des acquisitions pourraient être envisagées ?
Alexandre Demaille : Nous ne sommes pas fermés à cette hypothèse, et nous avons déjà eu des opportunités d’acquisition, mais ça n’a pas abouti. Notre levier de croissance principal, c’est plutôt la croissance interne. Et principalement via la fidélisation de notre clientèle et le bouche-à-oreille, qui nous permet d’en acquérir de nouveau. La plupart de nos clients professionnels nous contactent directement pour nous tester. Et ils sont tous convaincus !