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Tourisme et handicap : Nathalie Delattre pousse à la labellisation, trop peu adoptée

Selon la ministre déléguée au Tourisme Nathalie Delattre, les acteurs du secteur doivent se montrer plus inclusifs et entrer dans une démarche de labellisation Tourisme et Handicap. Une incitation à poursuivre les efforts, qui s’inscrit dans les propos de sa prédécesseur Olivia Grégoire.

20 ans après la loi Handicap du 11 février 2005, le compte n’y est pas. Si les Jeux paralympiques 2024 ont donné une belle impulsion, le secteur du tourisme doit toujours améliorer ses conditions d’accueil des personnes en situation de handicap.  

Un « mont Blanc à gravir »

« On a un mont Blanc à gravir », avait déclaré Olivia Grégoire le 3 septembre 2024, alors qu’elle était ministre déléguée démissionnaire au Tourisme.

Sa successeuse Nathalie Delattre reprend le flambeau. C’est au sein de l’hôtel Pullman Paris Centre Bercy (Accor) qu’elle a ainsi convié la presse le 11 février 2025. Un établissement labellisé Tourisme & Handicap, qui a su s’adapter, de concert avec ses équipes. Quatre formes de handicap sont ainsi adressées (auditif, mental, moteur, visuel), alors que nombre d’hôtels se concentrent uniquement sur le handicap visible, principalement les personnes en chaise roulante.

La ministre avec des cadres d’Accor et des para-athlètes : Ryadh Sallem, joueur de rugby fauteuil et Hakim Arezki (collaborateur Accor et médaillé d’or aux Jeux paralympiques Paris 2024 de CeciFoot). © LL

Où en est le groupe Accor ? « Les Jeux olympiques et paralympiques ont été un accélérateur. Actuellement, 400 établissements sont labellisés ou en cours de labellisation, contre 20 auparavant », précise Jacques Morin, directeur général adjoint d’Accor. Sur un total de 1700 hôtels en France, Accor dénombre 135 établissements labellisés. Et il compte redoubler d’efforts.

Moins de 10% des hôtels « vraiment accessibles », selon Annette Masson

En termes d’équipements et de formation, le groupe hôtelier Accor garde une longueur d’avance par rapport à nombre de ses concurrents.

« Dès qu’on part de chez soi, on doit avoir un parcours sécurisé. J’appelle tous les acteurs du secteur à s’engager dans la démarche de labellisation », a insisté Nathalie Delattre. Fixant, par la même occasion, un cap : 4500 établissements français labellisés en 2025, contre 3700 aujourd’hui. « Nous avons avons 600 dossiers en cours. »

Au-delà du label géré par Atout France, moins de 10% des hôtels en France sont « vraiment accessibles », précise à L’Echo touristique Annette Masson, présidente de l’association Tourisme et Handicaps. « C’est le constat que nous faisons en allant visiter les hôtels, même si leurs gérants affirment qu’ils ont le quota légal pour les chambres. Or ces chambres ne sont pas aménagées correctement, ni le budget ou le petit déjeuner », précise-t-elle.

12 millions de Français

Pourtant, la réglementation ne date pas d’hier. Les hôteliers se font tirer les oreilles depuis 1975 et sa loi avec quota de chambres PMR (pour les personnes à mobilité réduite, Ndlr), ajoute Annette Masson : 1 pour 29, 2 pour 50, 3 pour 190, puis une chambre supplémentaire par tranche de 50.

La France ne mérite donc pas de médaille d’or ni d’argent sur le thème de l’accessibilité dans le tourisme. Les opérateurs du tourisme manquent de temps, de conviction, d’argent.

« Si tu ne défends pas ton confort, tu ne risques pas d’améliorer ton retour sur investissement », s’énerve aussi Annette Masson. Sachant qu’un « marché adressable » existe. En France, près de 12 millions de Français sont porteurs de handicap selon Bercy. 

Une enveloppe coupée

L’Etat avait fléché « 350 millions d’euros » « pour accompagner les établissements recevant du public », indiquait à l’automne dernier Olivia Grégoire. Or les opérateurs (hôtels, restaurants, commerces….) ont très peu consommé ce fonds d’accessibilité, qui permettait la prise en charge jusqu’à 50% des frais engagés pour la mise en accessibilité. « Ce qui n’est pas utilisé est coupé. Les 50 millions d’euros annuels que j’avais obtenus vont être coupés, c’est dommage », indique l’ancienne ministre à L’Echo touristique dans un Podcast à venir. 

« Il ne faut pas se focaliser uniquement sur cette enveloppe, il en existe d’autres », a souligné hier Nathalie Delattre. La nouvelle ministre encourage également à chercher des fonds privés. Ou encore des partenaires et autres start-up expertes en data ou en accessibilité. « Il faut sortir de l’idée que tout doit se faire sur fonds publics. C’est de notre responsabilité, à un moment où l’on sait que l’argent public devient rare. Un groupe comme Accor montre qu’il est possible d’investir et d’aider le handicap par l’achat de licences Oorion par exemple. » Via son application mobile, la start-up Oorion permet de cartographier la chambre d’hôtel pour localiser équipements et objets .

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