Prague échappe aux tour-opérateurs

Prague a le vent en poupe. La capitale tchèque accueille deux grandes réunions de professionnels du tourisme ces prochaines semaines. Le Printemps de l’Autocar, congrès annuel du Syndicat national des entreprises de tourisme (Snet), se déroulera à Prague et à Pilsen, du 28 au 31 mars. Et l’assemblée générale de la section Nord-Picardie du Syndicat national des agences de voyages (Snav) se tiendra aussi dans la ville, du 3 au 6 avril.

Pourtant, le nombre de Français en République tchèque (et à Prague, qui demeure la principale destination du pays) connaît un fléchissement continu depuis quatre ans. Ils seraient passés de 256 000 en 2004 à 236 000 en 2008, après avoir bondi de 32 % en 2004. Les Français voyagent de plus en plus par leurs propres moyens, notamment en utilisant les compagnies à bas coûts, pour des courts séjours dans la capitale. Il est donc possible que beaucoup d’entre eux n’apparaissent plus dans les statistiques, notamment celles fournies par les hôtels, explique Lenka Petrzilkova, directrice de l’OT tchèque à Paris.

Low cost plutôt que charters

Si les Français continuent à visiter Prague, c’est donc de moins en moins par l’intermédiaire des TO. Les compagnies low cost ont remplacé peu à peu les charters. Entre Orly et Prague, le transporteur slovaque SkyEurope assure jusqu’à 16 vols par semaine, et le tchèque Smartwings propose un ou deux vols quotidiens. Les clients individuels n’hésitent plus à construire eux-mêmes leurs voyages sur Internet. Et lorsqu’ils s’adressent à une agence, cette dernière se passe de plus en plus souvent de l’aide d’un voyagiste.

Même les groupes tendent désormais à se débrouiller seuls, réservant par eux-mêmes avion et hôtel. La demande pour des voyages en groupes s’est tassée. Il y a deux ans, nous disposions de deux vols charters pour les ponts. Aujourd’hui, nous avons un allotement d’une cinquantaine de sièges pour chaque pont de mai, et il nous reste encore des disponibilités !, remarque Jean-Dominique, responsable commercial groupes chez Amslav. Alliance du Monde, autre spécialiste, a d’ailleurs recentré sa production sur les individuels regroupés (GIR), au détriment des groupes constitués.

Le fléchissement du nombre de Français, lié peut-être à une lassitude après la folle envolée du début des années 2000, ne traduit cependant pas la tendance générale. La République tchèque a accueilli 6,7 millions de visiteurs en 2007 (+3,8 %), dont 60 % à Prague. Nos compatriotes ne représentent que la dixième clientèle du pays, loin derrière les cinq premiers (Allemagne, Angleterre, Italie, Etats-Unis, Russie). Et de nouvelles clientèles émergent, comme celle d’Amérique latine. Ainsi, Prague a accueilli en février le congrès d’Omvesa, l’association des tour-opérateurs d’Amérique latine, soit 600 professionnels.

Pour répondre à cette demande, la ville développe ses infrastructures hôtelières. Un hôtel de conférences (559 ch.) ouvrira en mars sous l’enseigne Clarion (4b). Et l’hôtellerie haut de gamme prend ses marques. Mandarin Oriental a ouvert en 2007, Hilton a inauguré un 5b en février, un boutique-hôtel Buddha Bar (38 ch.) verra le jour bientôt, Rocco Forte s’implantera dans la ville en 2008 et Méridien en 2009. Prague compte aujourd’hui 28 hôtels 5b. De quoi accueillir la clientèle haut de gamme adepte des courts séjours, toujours plus nombreuse.