Overdose

Il n’y a pas que les groupes allemands qui font l’actualité à Top Resa. Air France pourrait bien leur faire un peu d’ombre. La compagnie ne savait déjà plus comment faire pour éviter une collusion entre la multitude d’informations qu’elle a à offrir en pâture à la presse : programme d’hiver, lancement de nouveaux services en classe affaires. Pour l’occasion, elle fait même venir 60 journalistes étrangers à Deauville, et son PDG Jean-Cyril Spinetta est attendu en Normandie. Et voilà qu’elle doit gérer un troisième événement : une fusion avec KLM. N’en jetez plus, l’avion est plein !

A l’agonie il y a dix ans, le transporteur vole désormais tout droit vers le titre convoité de première compagnie mondiale. On ne dira jamais assez merci à Silvio Berlusconi, le chef du gouvernement italien. En venant à la rescousse d’Alitalia, avec la délicate intention de transformer les heureuses fiançailles en ménage à trois, il a du même coup retardé l’annonce du rapprochement franco-néerlandais, et permis aux responsables de la communication d’Air France – qui ne savaient plus où donner de la tête – de souffler quelques jours. Une véritable commedia dell’arte.

Quant au fond de l’affaire, les avis sont partagés. Les uns préfèrent voir Air France croquer ses voisins plutôt que de se faire avaler, arguant qu’il est bon pour les agences françaises de pouvoir s’appuyer sur une compagnie nationale forte, qui génère plus de la moitié de leur activité. Les autres s’inquiètent de la constitution d’un groupe qui pourrait à l’avenir dicter sa loi tant il devient incontournable. La fusion entre Air France et KLM, si elle se concrétise, fera toutefois à coup sûr des heureux : les consultants en transport aérien, qui voient enfin se réaliser la prophétie annoncée depuis des années, la consolidation du ciel européen. Car, dans le sillage d’Air France, il est quasi certain que d’autres grandes manoeuvres se préparent, initiées par Lufthansa ou British Airways. Le ciel ne peut plus attendre.