L’édito de Dominique Gobert : quel avenir pour nos compagnies aériennes ?
Quel avenir en effet pour le pavillon aérien français… et accessoirement pour les autres ? Air France lève-t-elle suffisamment de fonds ? Et les autres viennent, tels les nécessiteux à la porte de l’église, quémander aussi quelques subsides…
L’année 2020 aura été catastrophique pour le transport aérien. Ne nous leurrons pas, 2021 ne sera guère meilleure. Air France, il ne faut pas l’oublier, vit à crédit depuis des décennies, sous le joug insupportable des syndicats… Même Christian Blanc, dans les années 93-97, après avoir réussi à abonder la compagnie de 20 milliards (de francs), n’avait pas réussi à faire adopter son plan de restructuration et de modernisation. Lionel Jospin à l’époque, soucieux de surtout ne pas faire de vagues, ne l’avait pas soutenu. Blanc avait démissionné… et Air France a continué, vaille que vaille, au gré du bon vouloir du SNPL.
Ben j’ai l’impression que crise de Covid ou pas, en dépit de l’arrivée d’Uncle Ben à sa tête, et de l’argent injecté par l’Etat, il ne se passera pas grand-chose…
Le chiffre d’affaires d’Air France a plongé de 59% en 2020 et est encore endettée de 11 milliards d’euros, sans parler de 7 milliards de pertes, toujours pour 2020.
Et pourtant, Air France, en contrepartie de ces fonds supplémentaires, va devoir céder des créneaux à Orly, au risque énorme, de laisser s’installer une concurrence peu scrupuleuse, genre Ryanair ou des émules de Norwegian par exemple. Et puis, va bien falloir aussi, enfin, faire de gros efforts de compétitivité, sans nécessairement procéder à une casse sociale. Mais là aussi, va bien falloir que les syndicats comprennent que la vie n’est pas un long fleuve tranquille.
Corsair ? Air Caraïbes ? Air Austral ? Ben, comme les autres, ils viennent aussi à la soupe et on ne peut pas leur en vouloir. Sur le plan de la compétitivité, Air Caraïbes, suivie de Corsair, ont un net avantage, mais il y a encore des efforts à faire. Pour Air Austral, va falloir y songer sérieusement.
Cependant, et c’est là où le bât blesse, toutes compagnies ont quasiment le même terrain de jeu. On a d’ailleurs vu ce que ça a donné par le passé. Et si c’est injecter de la monnaie, pour prendre les mêmes et recommencer, je ne vois vraiment pas l’intérêt, sans oublier que les voyous style Norwegian ou leurs acolytes resteront toujours en embuscade. Pauvre XL Airways et notre Laurent Magnin, qui auront été les premiers à succomber. Dommage, en tenant un tout petit peu plus, le Covid pouvait le sauver. Parfois, le destin est bien capricieux…
Dernier arrivé, Aircalin, qui crie aussi au secours. Normal, y’a pas de raisons et puis leur demande d’aide reste assez raisonnable : quelques petits millions… En comparaison avec les 424 milliards d’euros que coûte cette crise aux contribuables, ce n’est qu’une petite goutte d’eau. Sauf que, même avec de tels petits sous (un petit sou pour un gros câlin…), ce ne sont pas les vols entre la France et la Nouvelle-Calédonie ou les vols vers l’Australie qui vont faire le gras de la compagnie.
L’Etat, c’est clair, ne pourra pas tout faire et des choix inéluctables devront être envisagés. Mais pour ça, il faudra du courage.
Du courage, j’en souhaite beaucoup à la famille et aux proches de mon copain Olivier Besnard, lequel, en vieux routier (oui, je sais, pour de l’aérien, mais ça l’aurait fait rigoler), avait décroché la direction générale d’Air Caraïbes. Tu étais discret, Olivier, tu es parti tout aussi discrètement, dans ton sommeil, histoire d’aller voir les étoiles de plus près…
Tu nous manques, vieux brigand !
C’est mettre un pansement sur une jambe de bois, sauf que c’est nous qui achetons les pansements…