L’édito de Dominique Gobert : Air France reprendrait-elle la chasse ?
Pas de raison de ne pas manifester une certaine satisfaction : Air France vient d’annoncer (surprise ?) des bénéfices en 2022. Réjouissons nous… avec modération cependant !
Les chiffres ont parlé : longtemps décriée par ses frasques financières, son manque de rentabilité, alors que la menace du Covid paraît s’éloigner notre belle compagnie française et son « associée » KLM a publié ses comptes 2022. Bénéfice net de 728 millions d’euros !
Comparés aux pertes colossales de 2020 et 2021, ces chiffres sont étonnants. A croire qu’Air France, tel le phénix (des hôtes de ces bois, merci monsieur La Fontaine) va enfin renaître de ses cendres.
Ce qui laisserait également supposer que, finalement, le virus issu du pangolin marié à une chauve-souris aurait été super bénéfique pour Air France. D’autant que le chiffre d’affaires publié affiche plus de 26 milliards d’euros, quasi identique à celui de 2019, avec quand même moins de passagers transportés.
Joie et euphorie… qu’il convient quand même de légèrement modérer. La dette « nette » d’Air France, même si, petit à petit, elle se réduit, reste très conséquente, à plus de 6 milliards d’euros…
Etant naturellement pas trop compreneur (pour ne pas dire intelligent), pourquoi, dans ce cas, la Commission européenne vient d’autoriser la France à accorder une aide à la compagnie française à hauteur de 1,4 milliard d’euros ? « Afin, précise Bruxelles, « de compenser les pertes subies durant les premiers mois du Covid ».
Cette aide sera-t-elle remboursable ? Si j’en crois le communiqué, cette aide sera versée en plusieurs tranches, sous une forme pas encore très définie. Subvention ? Soutien en capital ? Soutien en liquidités ?
Mais bon, on ne va pas chipoter pour quelques sous, issus, une fois de plus du contribuable Je remarque au passage, je suis taquin ce matin, que nous n’avons plus d’argent pour payer les retraites…. Bon, pardon !
Ce qui me fait cependant sourire, c’est aussi cette « envie » manifestée par Uncle Ben, brillant président du groupe, chez nos confrères de La Tribune, de songer à une « consolidation » vers les Dom-Tom.
Chassez le naturel, il revient au galop.
Consolider, ça veut dire quoi ? Acheter une des compagnies (ou plusieurs) françaises dont le cœur d’activité est situé sur ces dessertes ? Ou du moins des participations majeures ?
Sur Air Austral ou même Corsair, pourquoi pas ? Encore que pour Corsair, le risque social me paraît pour le moins délicat.
En tout cas, une chose me semble claire : je ne vois pas une seule seconde Marc Rochet et son actionnaire, le bon Dubreuil, céder à la douce voix mélodieuse du patron d’Air France.
Bien au contraire, si Air France « investissait » dans l’une ou l’autre des compagnies françaises, on pourrait évoquer une sorte de distorsion de concurrence.
Et le problème serait loin d’être réglé…
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Suite à cet édito, Air France nous apporte une précision, concernant la somme de 1,4 milliard d’euros : « il ne s’agit pas d’une nouvelle injection d’argent et cette dette devra bien être remboursée ». Par ailleurs, le groupe prévoit toujours de « sortir du régime d’aides de recapitalisation de l’Etat français accordées en avril 2021 et des restrictions associées, en les remboursant et en les refinançant ».
