L’édito de Dominique Gobert : Air France recapitalisée ? On va y croire…
2,261 milliards d’euros ! Air France vient de récupérer ce pactole. Est-ce enfin la fin de la galère pour la compagnie ? Ou, encore, un puit sans fonds ?
« C’est un succès », annonce, triomphant, Uncle Ben, le chef d’Air France, lequel devait arriver tel Alexandre le Grand (pourquoi pas ?) et en deux temps trois mouvements, à redresser Air France.
On a vu… et il ne faut pas tout mettre sur le Covid.
Or donc, Ben Smith, droit dans ses bottes, repart de plus belle : « Le succès de notre augmentation de capital est une démonstration forte de la confiance de nos actionnaires existants et des nouveaux investisseurs dans les perspectives d’Air France-KLM. »
Vous me direz, à environ 1,17 euros l’action, les perspectives sont enthousiasmantes…
Sur le fond, effectivement, cette recapitalisation était quasi vitale : Air France et KLM ont suivi, CMA-CGM participe à environ 9% tandis que China et Delta réduisent leur participation à 4,7% et 2,9%.
D’accord, l’entrée de CMA, devrait permettre à Air France d’augmenter ses revenus en développant son activité fret. Je signale que la plupart des transporteurs aériens ont déjà pris des positions depuis longtemps sur cette activité extrêmement rentable, particulièrement en période de crise.
Cependant et faut quand même être un peu réaliste, malgré cette augmentation de capital, l’action du groupe Air France-KLM a perdu près de 11%.
Et n’oublions pas que cette « rentrée de monnaie » sera principalement affectée au remboursement (partiel) des aides que l’Etat a accordées à Air France-KLM, de même qu’à la réduction de la dette du groupe…
Ce n’est pas tout. Selon la banque Stifel, citée par nos confrère Les Echos, les fonds propres de la compagnie devraient rester négatifs de 3,2 milliards d’euros. Selon cette banque, il est urgent pour les petits actionnaires « de vendre leurs actions ».
Pas d’inquiétude pour le groupe Air France-KLM, lequel indique dans son communiqué indique : « Cette opération marque une étape importante dans l’exécution du programme d’émission d’actions et de quasi-fonds propres d’un montant maximal de 4 milliards d’euros destiné à renforcer le bilan, (…) Dans le contexte d’une amélioration attendue des performances de la société, et [avec] la cible d’une marge opérationnelle de 7% à 8% d’ici 2024, la société est confiante qu’aucune autre mesure dilutive ne sera nécessaire. »
Dilutive ?
Comme disait je ne sais plus quel homme politique, je crois que c’est Chirac, « les promesses n’engagent que ceux qui y croient ».
Et tant qu’il ne s’agit pas de « dilution » du groupe, on va y croire…
