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La petite mort d’une profession

Quand j’ai commencé dans ce métier j’étais toute fraîche, pleine d’espoirs, de projets pour la belle vie qui m’attendait, la brindille à la bouche, légère et… naïve, oui!

Parce qu’agent de voyages, c’est un métier plaisant (si si!), mais il y a de sacrés contraintes quand même! Bon, on ne va pas ici réécrire un livre qui a déjà été écrit. Mais on le sait, si ce métier reste plaisant, il n’en est pas moins difficile.

Et donc, tout à fait logiquement il n’en est pas moins difficile de trouver des gens compétents pour l’exercer. Et depuis quelques temps, c’est même devenu un casse-tête pour les agences de recruter.

Il y a quelques mois de cela, dans un « canard concurrent » à l’Echo touristique, je lisais un article dont le titre évocateur était « je me demande parfois où sont les bons agents de voyages ». Force est de constater que la petite agence Leclerc à côté de la mienne a cherché des mois avant de trouver, un peu par dépit, une candidature qui a défaut d’être valable vraiment sur le moment venait au moins « dépanner ». Puis, une agence Look non loin de là, que je connais aussi, cherche un agent de comptoir confirmé depuis décembre dernier. Fin mai, elle n’avait toujours pas réussi à combler ce poste. Plus proche de moi encore, un plateau d’affaires dit n’avoir pas réussi à embaucher.

Alors c’est vrai ça! Où sont-ils passés les bons agents de voyages?

A cet article, personne n’a réagi. Aussi,  ne pouvant pas rester silencieuse et laisser penser que les agents de voyages n’étaient peut-être pas assez volontaires, j’avais écrit un petit blabla pour expliquer que, les agents de voyages, disponibles de suite, avec de l’expérience, de solides compétences et payés le Smic (ou presque), bah ça va commencer à se faire rare!

Tout comme les clients, les recruteurs veulent du 5* Luxe, mais ne sont pas prêts à payer plus d’un 2*.

Et pour cause, je connais au moins quatre personnes hyper qualifiées pour répondre à cette agence Look qui cherche à recruter depuis des mois. Mais l’une d’elle est devenue assistante de direction, l’autre saisonnière en station, la troisième a rejoint une banque. Quant à la dernière, elle préfère rester au chômage que d’envisager à nouveau ce métier.

La profession se réveille. Doucement mais sûrement. Les agents de voyages compétents ont de l’expérience et les recruteurs incohérents doivent comprendre que le Smic (peu ou prou), c’est un budget qui ne permet de recruter qu’à la sortie des BTS.

Alors il y a tout un panel de gens qui disparaît, et dont la profession se prive. De 20 à 30 ans on accepte d’être débutant, mais vers 30 ans, la vie devient plus compliquée, plus engageante et le statut de débutant ultra compétent finit par lasser.

Ces agents avec une dizaine d’années d’ancienneté, écœurés de gagner des clopinettes, partiront avec leur bagage d’expérience vers d’autres domaines. Laissant de bon gré place à un débutant certes moins expérimenté, mais du coup plus justement rémunéré.

Eh oui, on est en train de tuer le métier! (AAAA l’ataaaaqueuh!). Les employeurs ne comprenant pas que leurs agissements sont néfastes à la profession, les futurs ex-agents de voyages qui laissent mourir l’étendue de leurs compétences pour s’offrir une vie meilleure… ailleurs.

 

Julie Tribout, ancien agent de voyages, auteur de « Il faut que je vide ma valise

 

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