La dernière minute n’a pas sauvé l’été

Juillet sous l'eau, août dans l'éclaircie. Pour les opérateurs français du tourisme, le premier bilan de l'activité outgoing sur la haute saison estivale n'est pas loin de ressembler à la météo des vacances en France. Les premières semaines de la période sont jugées « catastrophiques » par René-Marc Chikli, président du Ceto, qui annonce pour juillet une baisse d'activité pour les TO membres de l'association de 7,7 % en chiffre d'affaires et de 11 % en nombre de clients de voyages à forfaits par rapport à l'année précédente. Mi-août, les chiffres du baromètre Snav-Atout France portant sur l'activité des agences étaient plus sévères encore, avec une chute de près de 12 % des départs en juillet.

De l'avis général, août s'annonce meilleur mais ne permettra pas de combler le retard accumulé. « On devrait être à l'équilibre par rapport à août 2011, mais pas au-delà », pressent René-Marc Chikli. Certains anticipent cependant un revirement de situation plus marqué. « Après un mois de juillet à – 10 %, nous tournons autour de + 8 % sur août, annonce par exemple Serge Laurens, directeur de la communication de Fram. Au global, nous allons finir ces deux mois sur une baisse de 2 ou 3 %. »

Mauvaise nouvelle supplémentaire, presque tous les axes, y compris la France (voir ci-contre), sont dans le rouge. Sur le long-courrier, seule l'Asie semble avoir vraiment résisté. Mais c'est le moyen-courrier, qui, une fois de plus, encaisse les chocs les plus violents. Après avoir servi en 2011 de solutions de remplacement à la Tunisie et l'Égypte, les destinations méditerranéennes sont en chute libre, avec des baisses à deux chiffres constatées en juillet en Espagne, Grèce ou Turquie. La Tunisie poursuit sa reconquête (entre + 20 et + 30 % en juillet) mais demeure encore loin des niveaux de l'avant révolution.

LE NON MARCHAND, STAR DE L'ÉTÉ

« Le grand gagnant de cet été, c'est le non-marchand, lâche René-Marc Chikli. Les gens n'ont plus d'argent et s'attendent à un accroissement de la pression fiscale. » Mais ce qui est vrai pour les ventes de voyages à forfait ne l'est pas forcément pour les vols secs. C'est en tout cas le constat que dresse Frédéric Pilloud, directeur marketing France du groupe Odigéo. « Juillet et août ont été étonnamment bons pour nous, explique-t-il. Mais tout s'est joué une fois de plus en dernière minute, avec des clients comparant plus que jamais les prix, et surtout ce sont les ventes de billets d'avion qui ont tiré la croissance, alors que les celles des séjours ont reculé, signe que les consommateurs dépackagent de plus en plus. »

Les TO se sont-ils donc retrouvés, comme en 2011, avec trop de stocks, forcés de casser les prix au risque de plomber à nouveau leurs équilibres financiers ? Au printemps dernier, ils avaient promis d'agir cette année avec davantage de prudence. « C'est ce que nous avons fait, assure-t-on chez Thomas Cook. On avait moins de capacités à risques et on les a ajustées de manière plus serrée en fonction de l'évolution de la demande. Avec moins de volumes à déstocker, on a évité de trop grosses promotions. » Résultat : ils disent avoir protégé, voire amélioré leur panier moyen.

René-Marc Chikli confie pourtant son scepticisme. « Je ne suis pas dans le secret des finances des TO, mais je constate qu'hormis sur quelques dates de pic en août, ils ont vendu presque tout en promo et plus que jamais en dernière minute. » À quelques semaines de la clôture des exercices dans bon nombre d'entreprises du secteur touristique, le constat n'a, une fois de plus, rien de rassurant.

Selon un bilan provisoire publié mi-août par Protourisme, le nombre de nuitées est en baisse de – 5 % par rapport à l'été 2011.

%%HORSTEXTE:1%%