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Jet Airways suspend tous ses vols et attend un prêt

Jet Airways, la deuxième compagnie aérienne d’Inde en parts de marché, a suspendu mercredi tous ses vols, faute de fonds.

« Jet Airways a été informée par la Banque d’État de l’Inde (SBI), au nom du consortium de prêteurs indiens, qu’elle n’était pas en mesure de valider sa demande de financement. Étant donné qu’aucun financement d’urgence de la part des prêteurs ou de toute autre source n’est disponible, la compagnie aérienne ne sera pas en mesure de payer le carburant ou tout autre service essentiel au maintien de ses opérations. En conséquence et avec effet immédiat, Jet Airways est obligée d’annuler tous ses vols internationaux et domestiques. Le dernier vol sera opéré aujourd’hui », soit ce mercredi.

Après avoir échoué à obtenir de ses créanciers le déblocage d’un financement provisoire nécessaire à ses dépenses de fonctionnement, Jet Airways suspend donc tous ses vols. La flotte de la compagnie qui comptait encore près de 120 avions en janvier, était réduite mercredi à seulement cinq appareils en raison du non-paiement d’échéances de crédit-bail.

Est-ce la fin définitive de la compagnie emblématique pour avoir été l’une des premières compagnies aériennes privées du géant d’Asie du Sud ? Dans son communiqué, elle indique qu’elle « attend à présent la finalisation du processus de candidature par la SBI et le consortium de prêteurs indiens. Dans leur proposition, les prêteurs ont déclaré : « Les déclarations d’intérêt ont été reçues et les documents de soumission ont été envoyés aux destinataires éligibles aujourd’hui. Les documents de candidature ont notamment sollicité des plans pour une relance rapide de la compagnie. Le processus de candidature s’achèvera le 10 mai 2019 … Nous travaillons activement pour faire en sorte que ce processus conduise à une solution viable pour la compagnie aérienne. »

Le fondateur a-t-il tué sa compagnie ?

La compagnie indienne avait pris son envol peu après la libéralisation de l’économie indienne au début des années 1990. Le début des ennuis financiers de Jet Airways remonte à l’acquisition coûteuse en 2006 de la compagnie Air Sahara pour 500 millions de dollars. Le fondateur de Jet, Naresh Goyal, aurait ignoré les réserves de ses partenaires d’affaires qui estimaient qu’il payait cet investissement trop cher. Les marchés ont également réagi de manière mitigée. La low cost, rebaptisée « JetLite », a continué à perdre beaucoup d’argent. En 2015, Jet a inscrit à zéro la valeur de cet actif dans ses comptes. « Cette acquisition est toujours une pierre au cou de la société », explique Devesh Agarwal, rédacteur en chef du site Bangalore Aviation.

Les experts estiment que l’équipe dirigeante n’a pas pris le trio IndiGo, SpiceJet et GoAir au sérieux lorsqu’ils se sont lancés sur le marché autour de 2005 et 2006, offrant des prix réduits et de nouvelles routes aériennes. Les analystes blâment particulièrement le style de management du fondateur Naresh Goyal. Ils estiment que la concentration de toutes les opérations de Jet dans les mains d’une seule équipe, avec lui à sa tête, était une erreur. Selon eux, l’entreprise aurait dû avoir une direction pour son service classique, et une autre pour sa branche low cost.

Comme nous vous l’expliquions il y a peu, le marché indien est particulièrement fragile. Toutes les compagnies aériennes indiennes sont particulièrement vulnérables aux fluctuations des prix du pétrole, que le pays de 1,3 milliard d’habitants importe massivement. Lorsque la roupie est faible, ce qui a été régulièrement le cas au cours de l’année écoulée, l’achat de pétrole en devient plus coûteux, d’autant que les cours de l’or noir ont monté l’an passé, affectant tous les transporteurs indiens. IndiGo et SpiceJet ont fait état de pertes importantes mais les analystes jugent que leurs comptes sont assez solides pour compenser ces pertes trimestrielles. Les finances de Jet, en revanche, étaient plombées de dettes…

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