J-8 pour l’ordonnance : les agences doivent (vite) annuler les voyages irréalisables à cause du Covid-19
C’est le conseil de Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage, qui s’inquiète aussi du passage de 100% à 85% de la prise en charge par l’Etat du chômage partiel.
L’Echo touristique : L’ordonnance n° 2020-315 du 25 mars 2020 couvre les annulations de contrat qui interviennent entre le 1er mars et le 15 septembre 2020. La date du 15 septembre approche. Quels sont vos derniers conseils aux agences ?
Jean-Pierre Mas : Les agences doivent rapidement annuler les voyages irréalisables du fait du Covid-19. C’est du bon sens. Prenons l’exemple d’un voyage prévu le 20 octobre 2020 à l’Île Maurice. Nous sommes presque sûrs qu’il ne pourra pas être maintenu puisque les frontières restent fermées. Donc, il faut l’annuler en appliquant l’ordonnance, et de garder ainsi les acomptes (grâce à l’avoir, NDLR). Si l’agence de voyages l’annulait le 16 septembre, elle devrait immédiatement rembourser. Bien entendu, il ne s’agit pas de tout annuler. Les voyages aux Baléares et vers toutes les autres destinations ouvertes doivent être maintenus.
Vous évoquez l’Île Maurice, que les EdV ont demandé au gouvernement de la « libérer ». Les professionnels n’ont pas tous compris vos motivations, à l’égard d’une seule destination. C’était pour soutenir les TO français très dépendants de ce pays ?
Jean-Pierre Mas : Plusieurs raisons. L’île Maurice est une destination majeure sur la saison automne-hiver. Elle fait partie du top 4, avec la République Dominicaine, les États-Unis et le Canada. Les États-Unis font face à un vrai problème sanitaire. L’Île Maurice est, au contraire, « Covid free », il n’y a pratiquement plus de cas. D’où notre volonté de faire pression en vue d’une réouverture des frontières, avec des mesures de sécurité appropriées. C’est dans l’intérêt des voyagistes français et des hôteliers mauriciens.
Le passage à 85% de la prise en charge du chômage par l’Etat serait une erreur (…). Notre priorité, c’est de faire revenir le gouvernement sur sa décision.
L’ordonnance du 15 mars de la France a été attaquée par l’UFC-Que Choisir et la Commission européenne. La durée de l’avoir pourrait-elle passer de 18 à 12 mois ?
Jean-Pierre Mas : Nous avons deux risques potentiels. L’UFC-Que Choisir a effectué un recours sur le fonds après avoir été déboutée. Deuxième point, il y a toujours l’injonction par l’Europe. La France a répondu, en justifiant le bien-fondé de l’ordonnance. Mais, nous sommes un peu regardés. Nous sommes le pays européen qui a appliqué le plus longtemps le principe de l’ordonnance, dont la durée de vie est la plus longue. Nous sommes vigilants, et nous avons le soutien du gouvernement.
L’actualité, c’est aussi la poursuite du chômage partiel dans le tourisme, mais avec une réduction de la prise en charge par l’Etat à 85%…
Jean-Pierre Mas : Nous étions le seul secteur à avoir 100% de prise en charge, dans la limite de 4,5 fois le Smic. Le passage à 85% serait une erreur qui accroîtrait les difficultés des entreprises, avec d’importantes conséquences sur l’emploi. Contrairement à ce qu’il croit, le gouvernement ne fera pas d’économie puisque les licenciements peuvent lui coûter cher. Notre priorité, c’est de faire revenir le gouvernement sur sa décision.
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