Retrouvez l'actualité du Tourisme pour les professionnels du secteur tourisme avec l'Echo Touristique : agences de voyages, GDS, prestataires spécialisés, voyagistes

EasyJet accusée de greenwashing par le jury de déontologie publicitaire

Pour la deuxième fois, le jury de déontologie publicitaire a reconnu comme fondée une plainte contre une publicité d’Easyjet.

A la fin de l’année dernière, une publicité d’EasyJet annonçait l’ambition de la compagnie orange d’utiliser d’ici 2050 des « avions dont les vols permettront zéro émission de CO2 ». Très vite, les 15 et 22 décembre 2021, le Jury de déontologie publicitaire basé en France a été saisi de deux plaintes émanant de particuliers pour qu’il se prononce sur la conformité aux règles déontologiques en vigueur de la publicité d’EasyJet qui promeut son offre de flotte aérienne.

La publicité en cause montre un homme en costume et une femme en tenue de pilote d’avion, se tenant debout sur un tarmac d’aéroport. Le texte accompagnant cette image est le suivant : « Notre ambition : des vols zéro émission de CO2, d’ici 2050 », « Pour atteindre cet objectif, nous collaborons avec Airbus et Wright Electric au développement d’avions dont les vols permettront zéro émission de CO2. Nous nous engageons à vous accueillir à bord de ces avions zéro émission dès que ces technologies innovantes nous le permettront ».

Selon l’un des plaignants, un certain nombre de données scientifiques viennent contredire les promesses faites dans la publicité et il s’interroge sur l’existence de vols zéro émission d’ici 2050. Selon lui, la création de tels avions reste hautement improbable, pour des raisons de physique de base et de ressources énergétiques et le CO2 émis par les avions ne représente que la moitié environ de la contribution de l’aviation au réchauffement planétaire (cf. référentiel ISAE-SUPAERO Aviation et climat – septembre 2021).

La compensation laisse perplexe 

La publicité d’EasyJet mise en cause. Crédit : EasyJet

« Au-delà de cette réalité physique, la compensation est fortement décriée par de nombreux scientifiques. En attendant et même après 2050, le souhait sous-jacent d’une publicité étant d’augmenter la vente de billets, les avions dégageant énormément de CO2 continueront de voler aux couleurs d’EasyJet même s’ils promettent qu’une partie de leurs avions seront plus propres », indique le Jury de déontologie publicitaire.

Quelques jours après la publication de cette publicité, dans le média Le Monde, une tribune de scientifiques et universitaires des campus de Grenoble et Toulouse avait été publiée. Intitulée « Le zéro carbone et l’infinie voracité du transport aérien », celle-ci expliquait : « Pour limiter le réchauffement à +2ºC, il faut une neutralité carbone à l’horizon 2080, soit une réduction des émissions de moitié tous les vingt ans (voir les scénarios du GIEC, SSP1-1.9 et SSP1-2.6, figure SPM.4). Or ce genre de publicité conforte le lecteur dans l’idée qu’il est possible d’attendre 2050 que la technologie et les entreprises vertueuses nous tirent d’affaire. Ce greenwashing sape votre travail d’information sur les enjeux de l’action climatique! »

Dans son avis, le Jury de déontologie publicitaire ne conteste pas le principe d’un message publicitaire exprimant une ambition forte ou lointaine (ou les deux à la fois). « Mais il rappelle que, dans ces cas, la déontologie publicitaire comporte des exigences destinées notamment à protéger les consommateurs et à garantir l’équité de la concurrence. A ce titre, plus la promesse est ambitieuse d’une part, plus éloigné ou incertain est son terme de réalisation d’autre part, alors plus la publicité qui s’en prévaut doit – sauf à induire en erreur le consommateur – reposer sur des « éléments solides, objectifs et vérifiables au moment de la publicité ».

A lire aussi :

1 commentaire
  1. François Piot dit

    voilà qui devrait décourager les transporteurs de faire le moindre effort pour limiter leur impact CO2. Parce que s’il suffisait d’éduquer les consommateurs pour qu’ils changent leur comportement, cela se saurait ! Je me demande bien ce qu’Air France, qui communique sur la neutralité de ses vols intérieurs par la replantation d’arbres, pense de cette condamnation. Un pour tous, tous pour un ?

Laisser votre commentaire (qui sera publié après moderation)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Dans la même rubrique